Journal C'est à dire 207 - Février 2015

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É C O N O M I E

Morteau

“Nous voulons revenir à ce qui a fait le succès d’Émile Péquignet” L’entreprise Péquignet n’est pas sortie de la procédure de redressement judiciaire. Mais elle est en phase de reconquête des marchés sous l’impulsion de son nouveau directeur Laurent Katz. Elle sera présente au salon de Bâle du 19 au 26 mars.

Christian JOUILLEROT www.christian.jouillerot.swisslife.fr đ !0. %0! đ É , .#! đ ( !)!*0 đ .h2+5 * ! đ 10+ đ +0+ đ %0 0%+* đ +%/%./ đ +))!. !/ đ *0.!,.%/!

C’ est à dire : Vous avez repris l’entreprise Péquignet en 2012 alors qu’elle était en redres- sement judiciaire. Comment se porte-t-elle aujourd’hui sachant que la procédure judi- ciaire s’étend sur dix ans ? Laurent Katz : La société n’est pas rentable. Mais cela fait par- tie de notre plan de marche. On savait en reprenant Péquignet qu’il y aurait quelques années difficiles. Nous sommes toujours dans une phase de reconstruc- tion. Nous reprenons tout à zéro dans un contexte où la crise n’épargne pas l’horlogerie. L’important est que l’on tien- ne nos objectifs, même si nous avons eu la mauvaise surprise de découvrir que cette entrepri- se était dans un état de santé plus dégradé que nous l’avions imaginé. Càd : Vous dites “tout recons- truire”, cela vaut-il aussi pour votre réseau de distri- buteurs en France et à l’étranger ? L.K. : 2014 marque le début de la reconquête. Nous sommes en train de recréer notre réseau commercial en France et à l’étranger. Il a été choqué et nous devons lui redonner confiance. C’est un travail de longue halei- ne, mais nous sommes dans une

ment manufacturé Calibre Royal “fait maison” ? L.K. : Non, on ne le laisse pas tomber. Nous investissons tou- jours dans son développement pour améliorer les fonctionna- lités et la fiabilité. On a d’ailleurs lancé l’étude d’un nouveau mou- vement mécanique automatique que nous espérons présenter à Bâle en 2016. Mais il faut recon- naître que ce segment plus haut de gamme, avec des prix qui évo- luent entre 4 000 et 7 500 euros, est celui qui souffre le plus avec la crise. Càd : Vous serez présent à Bâle pour la deuxième année consécutive depuis la repri- se de la société. C’était impor- tant pour vous de revenir sur ce salon ? L.K. : Je n’ai pas assez de recul pour le dire. En 2014, c’était notre première participation en tant qu’exposant. Nous avons présenté six nouvelles collec- tions. Tout était nouveau. Je sais que le fait d’être présent à Bâle ne nous donne pas un blanc- seing pour revenir sur le mar- ché. En revanche, si vous n’êtes pas sur ce salon, vous n’êtes plus dans la course. Càd : Vous êtes-vous confron- té à un problème de crédi- bilité en revenant à Bâle ? L.K. : Bien sûr qu’il y a eu un problème de crédibilité. Le pro- n’existait plus. Nous avons eu la chance d’être entourés de per- sonnes bienveillantes qui veu- lent nous aider. On expose au Palace aux côtés de marques innovantes. Là encore, nous sommes présents dans la mesu- re de nos moyens. Càd : Allez-vous présenter un modèle en particulier lors du salon 2015 ? L.K. : Nous allons présenter une montre de plongée manufac- turée. Les finitions sont parti- culièrement soignées et son prix est vraiment compétitif. J’espère qu’elle rencontrera un beau suc- cès. En dehors de Bâle, chaque saison nous essayons de mettre sur le marché soit des nouveaux modèles, soit des modèles exis- tants que nous avons améliorés. Càd : Vous êtes attaché au Made in France qui estam- pille vos montres. Pourquoi ? L.K. : On assume le Made in France. Cela crée d’ailleurs des secousses sur certains marchés. Mais nous devons être cohérents avec la stratégie que l’on met en place. Nous avons poussé la cho- se jusqu’à changer le parc de voitures de société en prenant des voitures françaises et même des marques franc-comtoises. Les actionnaires de Péquignet croient au savoir-faire français. blème n’est pas d’être attendu, mais c’est qu’on ne vous attend plus ! Pour certains, dans la profession, Péquignet

spirale positive. J’ai peut-être un regret, c’est qu’il n’y ait pas un réflexe patriotique de la part de nos distributeurs français pour mettre plus en avant la marque française que nous sommes. Les distributeurs alle- mands le font avec leurs marques horlogères. Nos élus pourraient davantage jouer le jeu, même si je sais qu’Annie Genevard porte une montre Péquignet au poignet. Càd : Quelle est la part de l’export dans votre activité ?

objectif est que cette part export ne cesse de croître dans les années à venir pour représen- ter 70 à 80 % de notre activi- té. Il faut que ce développement se fasse à l’étranger sans perdre de parts de marché en France. Càd : Quelle est votre straté- gie commerciale pour la marque ? L.K. : Nous voulons revenir à ce qui a fait le succès d’Émile Péquignet, à savoir des montres de bonne qualité, jolies, pour femmes et pour hommes, avec

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L.K. : Actuellement, 50 % de l’activité est liée à l’export. Nous sommes présents dans 20 à 30 pays entre ceux où la marque est déjà installée et ceux où nous sommes en train de l’implanter. On est

une présence plus forte auprès d’une clientèle féminine. En 2013-2014, nous sommes revenus aux fondamentaux de la marque. Nous avons travaillé sur de nou- veaux designs, de

“Nous allons présenter une montre de plongée manufacturée.”

*selon options

très présents en Europe. Nos produits sont également com- mercialisés au Japon, au Proche Orient, au Moyen Orient, dans les pays de l’Est. Notre implan- tation en Russie a été repor- tée compte tenu du contexte. En revanche, nous sommes absents du continent américain. On se développe à notre rythme, à la manière de cercles concentriques. Nous agissons dans la mesure de nos moyens, d’une façon modeste mais ambitieuse. Mon

nouvelles collections en veillant à se maintenir dans un rapport qualité-prix répondant aux attentes du marché. Cela fonc- tionne plutôt bien. Nous sommes dans des gammes de prix qui s’échelonnent de 800 à 2 500 euros pour les femmes et de 800 à 1 200 euros pour les hommes. Péquignet est connue sur ce créneau-là. Càd : Faut-il comprendre que vous abandonnez le mouve-

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Philippe Spruch, notre action- naire majoritaire a aussi rache- té les 2/3 des actions de l’entreprise Guy Degrenne. Càd : Est-ce que toutes vos montres sont assemblées à Morteau ? L.K. : Tout l’assemblage se fait

réflexion autour de la montre connectée. Évidemment, nous n’avons pas l’intention d’être des ouvreurs de marché sur ce point, ou même, de devenir des lea- ders, nous laissons cela aux Suisses et aux Américains. En revanche, nous pouvons être de bons suiveurs avec une techno- logie française. Càd : Les marques horlogères françaises n’ont-elles pas intérêt à travailler ensemble sur des innovations tech- niques ? L.K. : Je pense en effet que nous aurions intérêt à travailler ensemble. C’est le principe de l’effet volume. Plus nous colla- borerons et plus on pèsera. Cha- cun garderait sa marque et son identité propre. On pourrait fonc- tionner de la même manière que dans l’automobile, un secteur dans lequel des marques diffé- rentes utilisent le même moteur. Dans le monde de la technolo- gie, on parle de “coopétition” qui est un mélange de coopération et de concurrence. C’est un bon système. L’entreprise Péquignet est ouverte à la discussion. Càd : Émile Péquignet avait associé sa marque à l’équitation. Êtes-vous en quê- te d’une nouvelle association d’image ? L.K. : Les milieux du cheval et du golf sont surinvestis par les marques horlogères. Par rap- port à notre stratégie, je crois plus aujourd’hui à une associa- tion avec le savoir-faire français. Je cherche plutôt des gens qui incarnent l’excellence française pour représenter notre marque. Le chef cuisinier Yannick Allé- no (3 étoiles au Guide Michelin) en fait partie. Il porte une de nos montres. Propos recueillis par T.C.

ici. 100 % de nos aiguilles viennent de La Pratique à Morteau. Quand on le peut, on travaille avec des four-

“On assume le Made in France.”

nisseurs français. En revanche, les mouvements viennent du Japon et plus seulement de Suis- se, depuis que nous avons ren- contré des problèmes d’approvisionnement en mou- vements chez nos voisins suisses. Mais à mon sens, il n’est pas impossible que des entreprises horlogères helvétiques commen- cent à s’interroger sur l’opportunité d’implanter des unités de production en France du fait d’un rapport monétaire franc suisse-euro avantageux. Càd : Vous êtes issu du sec- teur des nouvelles techno- logies et pas directement de l’horlogerie. Est-ce un avan- tage ou un inconvénient ? L.K. : C’est un avantage. Mon expérience antérieure me per- met d’avoir une vision beaucoup plus ouverte. Càd : En revanche, avez-vous l’intention d’apporter les nou- velles technologies à vos montres ? L.K. : La question est de savoir comment faire pour monter des projets de fond, innovant, avec notre taille ? Nous n’avons pas les compétences électroniques en interne pour faire la jonction entre mon ancien métier et celui de l’horlogerie. Cela ne nous empêche pas d’avoir une

Laurent Katz est le président du directoire de l’entreprise Péquignet qui emploie 46 salariés.

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