Journal C'est à dire 207 - Février 2015

22

D O S S I E R

LESASSOCIATIONS DE FRONTALIERS RÉAGISSENT Amicale des Frontaliers et Groupement Trans- frontalier Européen répondent depuis un mois aux questions que leur posent leurs adhérents souvent inquiets de l’évolution de la situation. Interviews. “On espère maintenant que le franc suisse va se stabiliser” Morteau

Le Groupement “Ce phénomène crée trop de déséquilibres” Jean-François Besson, secrétaire général du Grou- pement Transfrontalier Européen relativise lar- gement l’euphorie des premiers temps née du taux de change particulièrement favorable aux travailleurs frontaliers.

Laura Colcanap est juriste à l’Amicale des fron- taliers à Morteau. Avec ses collègues, elle reçoit les travailleurs frontaliers soucieux de l’évolution de la monnaie helvétique.

C’ est à dire : Cette nou- velle parité franc suisse-euro, bonne ou mauvaise nouvelle ? Laura Colcanap : Pour les frontaliers, ça a été bien sûr une bonne nouvelle instantanée. Mais pour la garantie de l’emploi on peut dire que c’est une très mauvaise nouvelle.

ou là à des licenciements et des réembauches à un salaire moindre. On espère maintenant que le franc suisse va se stabi- liser et ne plus monter. Càd : Les premiers effets se sont déjà fait sentir un mois après l’abolition du plafon- nement du franc suisse ? emploi. Est-ce directement lié à ce phénomène monétaire ou à d’autres facteurs ? C’est dif- ficile à dire précisément. Cer- tains affirment tout de même que les commandes dans leur entreprise ont été bloquées du jour au lendemain. L.C. : Nous avons déjà vu dans nos bureaux des personnes qui avaient perdu leur

C’ est à dire : En tant que défenseur des intérêts des fron- taliers, cette abolition du plafond est-elle une bon- ne nouvelle pour les fron- taliers ? Jean-François Besson : C’est indéniablement une bonne nouvelle à court terme pour les frontaliers qui voient leur pouvoir d’achat bondir de 20 % tion se demandent ce qui va se passer et craignent que ce taux de change ne mette en péril une partie de l’économie suisse, et donc leur emploi. ien sûr, certains disent “ça va payer mes vacances”, mais derrière, il y a une véritable inquiétu- de. Maintenant, bien malin qui pourra dire si ça va durer. Une chose est sûre : on peut d’ores et déjà dire que ce n’est pas une bonne nouvelle pour l’économie suisse. Càd : Il y a de vrais risques de dévissage ? J.-F.B. : Depuis quelques années, l’économie suisse était sous un ciel bleu azur. Plu- du jour au lendemain. ais derrière cet effet d’aubaine, il y a de vraies questions. ous les frontaliers avec qui je parle de cette ques-

sieurs facteurs sont venus assombrir ce ciel. La votation du 9 février 2014 sur la libre circulation, la fiscalité des entreprises qui a été aug- mentée récemment et ce franc suisse devenu tout à coup plus fort. ujourd’hui, une entrepri- se étrangère qui veut venir s’implanter en Suisse va y regarder à deux fois. Elle va voir qu’elle paiera plus

Laura Colcanap est juriste à l’Amicale des frontaliers à Morteau.

Respon- sabiliser les usagers.

Càd : Pourquoi ? L.C. : Il faut bien com- prendre que les expor- tations suisses sont

Càd : Ce déblocage du taux plancher peut-il avoir d’autres conséquences ? L.C. : Pour les emprunts en devises, les remboursements vont forcément augmenter et cette actualité deviendra pro- blématique pour ceux qui avaient emprunté en devises et qui sont contraints de vendre leur logement. La question des impôts peut également être pro- blématique car le revenu fis-

cal de référence des frontaliers va augmenter sensiblement. L’assurance-maladie qui se cal- cule en fonction du revenu par prendre un coup aussi. Pour résumer, si nous n’avions qu’un conseil à donner à nos adhé- rents, c’est de faire preuve de prudence. Ils ne sont d’ailleurs pas nombreux à se réjouir de cette situation. Propos recueillis par J.-F.H.

pénalisées avec un franc aussi fort. L’horlogerie, une des indus- tries les plus exportatrices, c’est 45 000 salariés sur le massif jurassien. Mais il y a aussi le secteur de la machine-outil qui risque de souffrir encore plus, ou le médical très présent éga- lement ici. On peut assister ici

d’impôts, qu’elle ne pourra pas embau- cher qui elle veut et que ses produits seront moins com- pétitifs à cause du

“Les choses peuvent s’inverser très vite.”

franc fort.

Càd : Quels conseils don- nez-vous à vos adhérents ? J.-F.B. : Des conseils de pru- dence, surtout sur leurs enga- gements financiers. l faut bien avoir conscience que les choses peuvent s’inverser très vite. Les anciens frontaliers ont conscience de ces fluctuations, les nouveaux, moins, car ils n’ont pas le recul nécessaire. Il suffirait aussi que l’euro reparte pour que les choses changent. i l’économie repart en Europe, il y aura forcément un réajustement. Tout cela fait partie du risque du frontalier. On conseille donc aux fron-

taliers de ne pas s’endetter plus que nécessaire et de mettre de côté. Càd : Comment réagissez- vous par rapport à la volon- té affichée par quelques patrons de baisser les salaires des pendulaires ? J.-F.B. : À chaque fois, on a droit à ce genre de discours. Tout cela fait beaucoup de bruit pour pas grand-chose. Cette histoire de taux de change est d’ailleurs un peu perverse par- ce qu’on s’aperçoit que dans beaucoup d’entreprises, les fron- taliers n’ont pas été augmen- tés justement à cause des varia- tions favorables du taux de change. Dans le temps, tout cela risque de provoquer un vrai décalage dans les salaires entre un travailleur suisse et un frontalier. L’autre effet per- vers, c’est que le taux de chan- ge remet un peu plus de ten- sions dans les entreprises et même côté français d’ailleurs où on stigmatise les frontaliers. On n’avait pas besoin de cela. Càd : Pour le commerce en revanche, c’est tout bénéfi- ce ? J.-F.B. : Côté suisse, c’est une catastrophe évidemment. Et même si côté français, les com- merces bénéficient de l’attrait de l’euro, si on prend un peu de hauteur, ces coups de bou- toir ne sont pas bons pour la région. Dans un an, si le balan- cier repart dans l’autre sens, on risque d’assister à des licen- ciements dans les commerces français. Ce phénomène crée trop de déséquilibres. Propos recueillis par J.-F.H.

ASSURANCE AUTO - MOTO - HABITATION - SANTÉ PRÉVOYANCE - PLACEMENT - BANQUE

ASSURANCE AUTO Un ormul ad pté soi al é ar compét i

-40% SUR LE 2ÈME VÉHICULE*

-20% POUR LES MOINS DE 25 ANS

-40% SUR LES MONOSPACES

* voir conditions en agence

V n o s r ig e , no r éq i s o r s c .

Jean-Paul BULLIARD Agent général AXA

12 rue Pasteur 25500 Morteau

T. 03 81 67 02 13 F. 03 81 67 14 14 MAIL. agence.bulliard@axa.fr

Agence ouverte du lundi matin au samedi midi.

Agent Général - intermédiaire en opération de banque N° orias 07 013 192

Jean-François Besson est le secrétaire général du Groupement Transfrontalier Européen (photo G.T.E.).

Made with FlippingBook Learn more on our blog