Journal C'est à dire 207 - Février 2015

21

D O S S I E R

Fédération horlogère Ce n’est pas encore l’heure d’une nouvelle crise horlogère Surpris comme beaucoup d’autres par l’annonce couperet de la B.N.S., Jean-Daniel Pasche, le président de la Fédération horlogère suisse reste confiant, sans occulter les incertitudes engendrées par cette mesure.

Pas de “congé modification” constaté dans l’horlogerie L a question de la rémunération des frontaliers en euros est souvent évoquée. “Juridiquement, ce serait extraordinairement risqué car cela revien- drait à discriminer une partie des travailleurs à rai- son de la nationalité ou de la résidence. Ce serait contraire aux accords de libre circulation” , explique François Matile, secrétaire général de la conven- tion patronale horlogère. Une entreprise suisse a le droit de payer ses salariés en euros, francs suisses ou dollars sous réserve de choisir une monnaie ayant cours légal. Si elle agit ain- si, elle doit alors faire un “congé modification” en pré- cisant les nouvelles conditions. La démarche consis- te à proposer un nouveau contrat de travail au sala- rié. Sʼil le refuse et quʼil est licencié, lʼemployeur doit pouvoir justifier ce changement car le salarié aurait la possibilité de saisir la justice pour licenciement abu- sif. “Avec la fin du taux plancher et lʼeffondrement de lʼeuro, on pourrait envisager de recourir au congé modification. Le motif est recevable. Lʼemployeur devrait lʼappliquer à tout le personnel en procédant alors à un licenciement collectif, ce qui induit tout une procédure de consultations. En sachant que les nou- velles mesures entreraient en vigueur entre un et trois mois plus tard. Ce ne serait pas extraordinairement recommandé de procéder ainsi” , poursuit François Matile qui nʼa pas constaté de telle démarche dans la branche horlogère. Autre alternative avancée pour amortir lʼimpact du renchérissement du franc suisse : augmenter la durée de travail sans bouger les salaires. “Cela se pratique dans certaines branches comme le secteur des machines et cʼest possible sous condition, mais guè- re pratiqué. En revanche, on ne peut pas le faire dans lʼhorlogerie. Cette mesure suppose de modi- fier la durée du temps de travail et implique une négo- ciation entre lʼemployeur et les salariés.”

C’ est à dire : Comment la profession a réagi à cette annonce ? Jean-Daniel Pasche : Cette décision a surpris tout le mon- de car le discours de la B.N.S. était très clair. Quelques jours avant le 15 janvier, elle annon- çait encore que le taux plancher était ancré comme un pilier. De façon générale, on ressent une inquiétude ou plutôt beaucoup d’incertitude. qui souffrent. Le marché russe avec l’effondrement du rouble, était déjà tendu. Le renforce- ment du franc suisse ne fait qu’accentuer les problèmes. C’est plus difficile sur les marchés asiatiques, à savoir Hong-Kong, la Chine et le Japon. On souffre également en Europe. On manque de visibilité. Càd : Quel bilan dresser de l’année 2014 pour l’horlogerie suisse ? J.-D.P. : C’est positif. On est encore en augmentation avec Càd : La situation n’était pas propice ? J.-D.P. : Cela arrive au mauvais moment car on a des marchés

seront-ils moins affectés que les petits fabricants ? J.-D.P. : Dans l’ensemble, les groupes et les grandes marques disposent d’une plus grande mar- ge de manœuvre que les petites marques et les sous-traitants pour affronter ce nouveau défi. D’autant plus qu’ils maîtrisent toute la chaîne d’approvisionnement Càd : Doit-on s’attendre à une baisse d’activité de 15 à 20 % de la branche horlogère ? J.-D.P. : Pour le moment, nous nous attendons à une stabilité quant à nos exportations pour 2015 mais il reste encore des incertitudes relatives à l’année en cours. Je ne peux pas donner de chiffres précis. Càd : Est-ce la fin d’un cer- tain âge d’or horloger ? J.-D.P. : Non, aucunement, l’horlogerie suisse est saine et son avenir reste prometteur vu le potentiel de développement existant dans le monde. Certes il lui faut surmonter cette dif- ficulté comme elle a réussi à s’adapter depuis quatre siècles. Propos recueillis par F.C.

22,2 milliards de francs suisses de ventes à l’exportation. On a progressé en valeur mais aus- si en volume, ce qui sain pour les emplois. Si l’on analyse de façon détaillée, c’est le milieu de gamme, avec des montres en prix public variant entre 600 et 1 500 francs suisses, qui a le plus progressé. On trouve ensuite le haut de gamme avec des montres à partir de 10 000 francs suisses. Il faut noter que la progression Càd : Est-ce que cela signifie que certains segments seront plus épargnés par l’envolée du franc suisse ? J.-D.P. : Je pense que toute l’horlogerie sera touchée, com- me l’ensemble de l’économie suis- se d’ailleurs. Il est possible cepen- dant que le haut de gamme soit moins touché, étant donné que la concurrence avec les marques non suisses est plus rude dans les segments entrée et milieu de gamme. 2014 est plus faible que les années précédentes. Certaines entreprises avaient déjà des dif- ficultés.

“Cela arrive au mauvais moment.”

“Cette mesure n’est pas catastrophique pour l’horlogerie. La branche est saine et je suis persuadé qu’elle va passer le cap”, estime Jean-Daniel Pasche, le président de la fédération horlogère.

C àd : Les grands groupes

*voir conditions en agence - Intermédiare en opération de banque

Tél. 03 81 67 64 00 Fax 03 81 67 64 01 E-mail : agence.salvi@axa.fr N° Orias 14 002 762

Martine SALVI Agent général AXA 3 rue de la Guron 25500 MORTEAU

Made with FlippingBook Learn more on our blog