Journal C'est à dire 206 - Janvier 2015

É C O N O M I E

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Argent public Le site Internet à 483 184 euros de la Région ne répond plus

êtes à vélo ou à pied ? Y a-t-il beaucoup de changements ? Pour quelle durée de trajet ?…Moti- lib a (partiellement) répondu à ces questions durant sa mise en exploitation par Moviken, une société basée en Seine-et- Marne retenue après un appel d’offres de décembre 2008 lan- cé par la Région et spécialisée dans les systèmes d’information pour les transports publics (trains, tram, bus…). Pour les - rares - utilisateurs qui ont navigué (1) sur cette page, la pertinence n’était pas tou- jours de mise. Pour rejoindre Lyon au départ de Vesoul, le site vous faisait par exemple passer par Belfort. Il y a plus court. Dans son dernier rapport de stratégie de cohérence régiona- le d’aménagement numérique de Franche-Comté de 2014 (S.C.O.R.A.N.), une annexe nous apprend “que le contexte ne per- met plus de faire fonctionner Motilib.” La plate-forme a coû- té 483 184 euros d’après le mar- ché signé le 10 avril 2009 en commission “Transports”. Dans ces 483 184 euros, le coût d’investissement était de 206 908 euros, correspondant à la réalisation de la centrale et des options et un coût de fonc- tionnement de 69 069 euros par an, soit 276 276 euros corres- pondant à l’exploitation de la centrale pour une durée de 4

La centrale de mobilité régionale et transfrontalière lancée en 2010 par la Franche-Comté pour une période de 4 ans est aujourd’hui introuvable sur le web. Un échec qui coûte cher.

“D écouvrez Motilib : le nouveau servi- ce de la Région qui va simplifier vos déplacements au quotidien” disait le slogan aujourd’hui désuet. Depuis son lancement en 2010, la centrale de mobili- té régionale et transfrontalière voulue par la Région Franche- Comté s’est littéralement per-

due en chemin. Pire, elle est devenue introuvable sur Inter- net. Dommage, car le projet était ambitieux : www.motilib.fr pro- mettait de répondre à toutes les interrogations du voyageur franc- comtois lambda . Par exemple : vous habitez Pontarlier et vous désirez savoir comment vous rendre à Belfort. Quels trains prendre ? Quels bus ? Et si vous

ans. Vice-président en charge des transports à la Région Franche- Comté,Alain Fousseret (E.E.L.V.) ne nie pas les nombreux dys- fonctionnements : “Moviken était l’offre la moins chère mais elle n’a pas donné les résultats que l’on attendait d’elle. La société a

transmission des informations. À la décharge de la collectivi- té, les lignes ont évolué depuis 2010. Encore marginal à cette époque-là, le site “blablacar” de covoiturage entre particuliers a explosé au point de concurren- cer certains trajets la S.N.C.F.. Le S.C.O.R.A.N. ne semblerait pas refroidi par cet échec : il dit vouloir élaborer “un nouvel outil en 2018.” Une piste écartée par Alain Fousseret puisque le minis- tère des Transports “réfléchit à la création d’un mégasite de niveau national” avance-t-il. En matière d’organisation des trans- ports, les chemins semblent tor- tueux ! E.Ch.

ve pas choquant car nous avons essayé.” Autre argument avancé pour expliquer cet arrêt et se reti- rer du co-financement de Moti- lib : la volonté des autorités orga- nisatrices de transport (A.O.T.) qui ont leur propre centrale pour offrir des services dédiés à leurs

usagers - comme la réservation de trans- port à la demande. “Vesoul et Belfort ne vou- lant plus suivre, l’équilibre financier n’était plus assuré” dixit

tout de même produit du travail. Vu que le contrat se terminait, nous en avons profité pour ne pas le recon- duire d’autant que le nombre d’utilisateurs était faible.”

“Choquant si nous avions continué.”

le vice-président. Autre argument avancé dans le récent rapport du S.C.O.R.A.N. : les coûts liés au contrôle des informations recueillies. En effet, chaque information venue des A.O.T. doit être contrôlée ou cor- rigée. Selon la Région, certains ne jouaient pas le jeu dans la

Stopper le système n’a que peu de conséquences sur l’usager, pais il a en tout de même sur les finances des collectivités : “J’aurais trouvé choquant que l’on redonne 500 000 euros dans un nouveau contrat, se défend Alain Fousseret. Là, je ne trou-

(1) : Selon “urlmetriques”, la page web était visionnée moins de 300 fois par mois

Il reste encore quelques traces de Motilib sur la toile mais le site commandé par la Région ne fonctionne plus.

Eau De l’eau moins chère pour 99 communes ? Le syndicat des eaux de la Haute-Loue délègue depuis 15 ans à la société Gaz et Eaux la gestion et la distribu- tion de l’eau. Ce contrat arrive à terme. Faut-il revenir en régie ou déléguer de nouveau à un prestataire privé ? En jeu : le montant de la facture et les investissements.

P ierrefontaine-les-Varans, Guyans-Vennes, Aubon- ne, Consolation-Mai- sonnettes, Orchamps- Vennes, Avoudrey…, ce sont au total 99 communes qui sont ali- mentées en eau par le Syndicat Intercommunal des Eaux de la Haute-Loue (S.I.E.H.L.). Cela représente 51 853 habitants, ce qui en fait le troisième de Fran- ce pour 3,2 millions de m 3 d’eau

toise de la Lyonnaise des Eaux, basée à Mamirolle) se termine le 1 er octobre prochain. Il a en outre lancé une étude via un cabinet pour un retour en ges- tion publique. “La décision devra être prise avant fin mai du choix du délégataire ou d’un retour en régie. Pour l’instant, il est trop tôt car nous n’avons pas enco- re débuté la phase de négocia- tions avec les quatre candidats”

Président national de la France eau publique, Christophe Lime est venu apporter de l’eau au moulin dans le débat du mode de gestion de l’eau pour 99 communes.

consommés tous les ans. L’eau, bien commun, est sujette à débats sachant que des écarts injusti- fiables du prix de l’eau ont régulièrement été constatés. La revue “Que choisir” a par exemple

explique Philippe Bou- quet, président du S.I.E.H.L. et élu à Mal- brans. Deux possibili- tés s’offrent aux élus : reconduire une D.S.P. (Délégation de Servi- ce Public) avec une

L’eau est moins chère et le rendement meilleur.

ment mutuel de la gestion publique de l’eau, Christophe Lime est venu expliquer aux élus le passage en régie lors d’une réunion d’information organi- sée le 12 décembre dernier par l’association “Canton vivant” à Guyans-Durnes. Christophe Lime est aussi l’adjoint au mai- re de Besançon en charge de l’eau et de l’assainissement qui fonctionnent en régie. “Il n’est pas question pour moi d’influencer la décision des élus : je suis venu donner de l’information sans juger le tra- vail des salariés de l’entreprise privée” , précise d’emblée le Bison- tin dont l’eau distribuée figure parmi les moins chères de Fran-

ce. Il veut couper court à toute possible récupération politique : “Il faut dépasser les clivages poli- tiques. À Nice, qui est de droi- te, le maire Christian Estrosi a demandé s’il y avait à gagner de passer en régie. Ils l’ont fait. Les élus du syndicat de Haute-Loue peuvent aller rencontrer par exemple ceux du syndicat de l’Ognon qui fonctionne en régie et qui leur ressemble” poursuit Christophe Lime, qui est aussi membre du Parti communiste. Quelle économie permet le pas- sage en régie publique ? “C’est 15 à 30 %moins cher. La meilleu- re démonstration est lorsque l’on relance une délégation de servi- ce public, les tarifs diminuent de

15 à 30 %” calcule ce dernier, chiffres à l’appui (lire le zoom). Les élus de la Haute-Loue ont ouvert les offres des entreprises qui ont concouru pour ce mar- ché. “Si l’entreprise diminue de 20 % ses tarifs dans cette nou- velle D.S.P., cela veut dire que des élus ont confié (en toute clar- té) une gestion qui donne de 10 ou 20 % de trop par rapport au service rendu. Si certains veu- lent continuer dans ce sens-là, qu’ils le fassent… Une entrepri- se n’est pas là pour faire du ser- vice public mais pour gagner de l’argent” pointe Christophe Lime. L’actuel président du S.I.E.H.L. argumente : “Il faut comparer ce qui est comparable. Derriè-

re, il y a qualité de service, les interventions rapides sur le réseau en cas de panne, l’investissement” dit Philippe Bouquet. Pour Christophe Lime qui défend le retour au public, le meilleur exemple est le syndicat de l’Ognon : “L’eau est moins chère et le rendement du réseau meilleur en raison des nombreux investissements. Le rendement est de 72 % pour la Haute-Loue contre 83 % pour l’Ognon.” affir- me-t-il, chiffres à l’appui. Pour 120 m 3 consommé, un habitant de la Vallée de l’Ognon paye 69,9 de moins qu’un de la Haute- Loue. E.Ch.

relevé des différences de 1 à plus de 3 de l’eau payée par les consommateurs en France. Devant l’inflation du prix de l’eau, des villes ont décidé le retour en régie publique et d’autres ont renégocié le contrat avec le privé, pour arriver à des réductions moyennes de l’ordre de 30 %. Le S.I.E.H.L. entame ce débat puisque son contrat avec la socié- té Gaz et Eaux (filiale franc-com-

entreprise privée après la pro- cédure dont la limite était fixée au 6 janvier, soit revenir à une gestion publique par une régie intercommunale. Gestion privée ou publique, la bataille de l’eau est lancée. Président de France eau publique (F.E.P.) qui regroupe des collectivités engagées dans une démarche de partage des bonnes pratiques, de mutuali- sation de moyens, de renforce-

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