Journal C'est à dire 206 - Janvier 2015

P O L I T I Q U E

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Le président de la Bourgogne “Je me sens Burgo-Franc-Comtois”

François Patriat, le président de la Bourgogne était en opération séduction pour la fusion des deux régions. Pour lui, la réforme ne fera pas de Dijon une ville gagnan- te et de Besançon une ville martyre. L’homme politique, habile, “veut marcher pour avancer.” Pour la question de la capitale, sa réponse est claire…

C’ est à dire : Jeudi 18 décembre, vous étiez dans la salle Edgar-Faure du onseil régional de Franche- Comté pour présenter la syn- thèse du Livre blanc de la fusion, une réforme prévue au

te d’être “croqués” par le voi- sin ? F.P. : Peut-être parce que l’on pourrait penser que le choix d’une capitale entraînera des migrations. Or, Lyon sera tou- jours plus grand que Dijon et Paris plus grand que Lyon… En Bourgogne, c’est vrai, il y a moins d’inquiétudes car il n’y a pas cette crainte d’une petite région qui puisse être annexée par une grande. Économique- ment, nous sommes équi- valents mais la Franche-Com- té en terme d’innovation, d’industrie, a des longueurs d’avance sur la Bourgogne. L’idée est que nos deux capitales grandissent ensemble. Imagi- nez l’apport des patrimoines U.N.E.S.C.O. : lorsque nous incor- porerons ces sites, les personnes viendront dans les deux villes car nous créerons des mobilités communes. Càd : Que représente réelle- ment pour vous cette fusion ? F.P. : Que nos deux villes et deux capitales grandissent ensemble.

1 er janvier 2016. La sal- le Edgar-Faure serait- elle un lieu adapté à la future assemblée bour- guignonne et franc- comtoise ? François Patriat : Inexo-

“L’État jouera le rôle d’arbitre.”

rablement, la future assemblée siégera dans les deux villes. Elle devra le faire naturellement et le fera autour de thématiques intéressantes comme la tran- sition énergétique, l’industrie, l’éducation, la formation. Elle sera présente dans les deux ter- ritoires. Càd : À Besançon, vous avez mesuré la peur de certains politiques de voir la Franche- Comté annexée par la Bour- gogne. Dites-nous pourquoi chez vos opposants en Bour- gogne il n’y a pas cette crain-

François Patriat, ici aux côtés de Marie-Guite Dufay, s’est déplacé à Besançon à la rencontre des élus régionaux pour évoquer la fusion.

Càd : Certes, mais il n’y aura qu’une capitale… F.P. : Le processus démocra- tique débute en 2015 avec un débat infra-territorial à l’issue duquel le gouvernement déci- dera. Le processus n’est pas clos. Avec Marie-Guite Dufay, qui travaille de manière participa- tive, d’ailleurs plus qu’en Bour- gogne, nous éviterons les faux Càd : Finalement, cela vous arrange bien que Paris déci- de du choix de la capitale régionale. F.P. : Si nous devions décider ici, est-ce que j’imagine qu’une des deux assemblées vote contre sa ville ? Sans doute pas ! Il faut à un moment qu’il y ait un arbitre. L’arbitre sera donc l’État qui est le garant de l’équité des territoires. Je lui fais confian- ce. Càd : Avec le risque que Besançon ne devienne une écueils et les faux débats. Il faut que la raison l’emporte sur la passion.

sous-préfecture… F.P. : Je n’admets pas ce terme de sous-préfecture. Est-ce que Clermont-Ferrand est la sous- préfecture de Lyon comme Gre- noble le serait ? Pourquoi ces villes qui sont à moins d’heure chacune l’une de l’autre ne seraient pas moins attractives dans la mesure où l’on réparti- ra les moyens, les services et les

ne pas compter cette com- munication dans vos comptes de campagne. Que répondez- vous ? Êtes-vous candidat pour présider la future Région ? F.P. : Pour avoir des comptes de campagne, encore faut-il être candidat ! Pour l’instant, je ne suis pas candidat. Les candi- datures ne sont pas décidées. Quant à la synthèse du Livre blanc, il informe, c’est différent. Ce n’est pas un document à la gloire de Marie-Guite Dufay ou de François Patriat. C’est un document d’information et de consultation car les citoyens s’interrogent de savoir où sera la D.R.A.C., Pôle Emploi, où sera demain le siège des incubateurs, comment fonctionneront les uni- versités, comment vont se rap- procher nos centres de santé. Les citoyens ont le droit de savoir. On reproche trop sou- vent au gouvernement d’imposer cette réforme et de ne pas infor- mer. On ne peut pas nous repro- cher de vouloir l’expliquer. Ce n’est pas un document de cam- pagne mais de travail. Propos recueillis par E.Ch.

La réforme ne fera pas de Dijon une ville gagnante et de Besan- çon une ville martyre. Je crois à la logique du marcheur : pour avancer, il faut marcher.

personnels de maniè- re équitable sur les ter- ritoires. Dans un can- ton rural, un petit vil- lage ne discute pas du chef-lieu de canton et ne se sent pas pour autant abaissé.

“Je n’admets pas ce terme de sous- préfecture.”

Càd : Vous ne serez donc ni suzerain, ni vassal ? F.P. : Sans doute pas. Je me sens Burgo-Franc-Comtois. J’ai de la passion pour ce territoire pour ne pas m’intéresser aux deux. J’ai moi-même de la famille en Franche-Comté (Saint-Loup- sur-Semouse) et je pêchais dans la Lanterne. Càd : L’opposition franc-com- toise (U.M.P.) vous accuse de

Trois questions à Marie-Guite Dufay “Que le choix de candidature

se fasse le plus tard possible”

C’ est à dire : François Patriat a-t-il convaincu ou ras- suré ? Marie-Guite Dufay (prési- dente de la Région Franche- Comté) : Convaincant, il l’est toujours. Rassurant, c’est plus dur : il y a ceux qui ne veu- lent jamais être rassurés. Je veux que l’on sorte des postures. Maintenant, il faut avancer et heureusement que nous

n’avons pas attendu 2015 car il y a beaucoup de travail. Nous avons la responsabilité pour qu’en 2016 les choses soient le plus fluides possible car c’est compliqué. Càd : Que vous inspire la candidature d’Alain Joyan- det (U.M.P.) ? M.-G. D. : Il vient de se faire élire sénateur et se déclare can- didat. Je suis en questionne-

ment car je suis pour le non- cumul. C’est une ambition légi- time mais il devra choisir. Càd : Serez-vous candida- te ? M.-G. D. : Cette question ne se pose pas. Je demande que les choix se fassent le plus tard possible car je veux mener mon action au bout.

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