Journal C'est à dire 206 - Janvier 2015

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M O N T B E N O Î T E T L E S A U G E A I S

Gilley La culture, ce n’est pas que pour les villes

Neuf femmes, emmenées par l’élue Nathalie Roy, composent la commission cul- ture à Gilley. Elles ont concocté un programme varié et accessible à tous. Prochai- ne date, une première à Gilley, une soirée de théâtre d’improvisation.

loin que de la simple program- mation. Au chapitre cinéma par exemple, Gilley a participé l’an dernier au dispositif scolaire “École et Cinéma” qui s’adresse aux élèves de la maternelle au primaire, avec une projection organisée spécialement à leur intention, suivi d’un travail péda- gogique d’accompagnement conduit par les enseignants et les partenaires du dispositif. À Gilley, l’espace culturel Pau- lette-Donzel (102 places) fonc- tionne depuis 2010. C’est la pre- mière fois qu’une saison cultu- relle complète est proposée. Et le succès est au rendez-vous. Preuve que culture et milieu rural sont tout à fait compa- tibles. “Avec nos partenaires, nous travaillons main dans la main dans un objectif commun qui nous est cher : favoriser l’accès à la culture sur notre territoi- re. Ce n’est pas toujours évident, c’est beaucoup de travail, mais c’est une belle aventure” conclut Nathalie Roy.

I ci,cesontlesfemmesqui domi- nent, et de loin. La commis- sion cultureest eneffet 100% féminine. Neuf femmes - Corinne Arnoux, Angélique Mar- guet, ValérieCourlet,ClaireBirost, Carole Cribier, Céline Clerc, Hélè- ne Junod, Élisabeth Viennet et Nathalie Roy - quiontconcoctéunprogramme cul- turel digned’uneville,avecdu ciné- ma, tous les mois, du théâtre, des spectacles vivants, des conférences, etc. “Une saison culturelle, ça peut paraître un peu prétentieux pour un village comme Gilley. Géné- ralement, cela se fait dans des villes plus grandes qui disposent d’un vrai service culturel, d’un service communication et des budgets qui vont avec. Mais plus

La prochaine animation de la saison culturelle 2014-2015 le samedi 17 janvier à 20 h 30 est un match d’improvisation théâ- tral par la compagnie A.R.T.I.- L.U.D.I. Une première à Gilley. “En février, nous avons pro- grammé une soirée guide de hau- te montagne en partenariat avec le ski-club de Gilley, avec la venue du guide François Virot. Puis fin février, deux copains du secteur - Daniel Hugel et Fabrice Cue- not - présenteront un spectacle de théâtre sur les relations hommes-femmes. Nous avons essayé de monter une saison cul- turelle qui est destinée au plus grand nombre, il y en a pour tous les goûts” poursuit Nathalie Roy. La commission culture va plus

modestement, nous avons œuvré pour présenter une program- mation de qualité avec des ren- dez-vous tout au long de l’année d’octobre dernier à juin de cet- te année” commente Nathalie Roy. Pour l’occasion, des parte- nariats nouveaux ont été noués. “Par exemple, nous sommes par- rainés pour la première fois par l’Université ouverte de Besançon avec qui on a programmé trois conférences cette année. Nous bénéficions aussi d’un parte- nariat avec l’écran mobile qui nous permet de projeter des films dans l’espace culturel Paulet- te-Donzel. En moyenne, chaque séance attire 62 spectateurs, ce qui est plutôt bien pour une com- mune comme Gilley” ajoute l’élue.

Maisons-du-Bois-Lièvremont

Jérémy Chapuis dans les pas de son arrière-grand-père Le jeune homme de 18 ans résidant à Maisons-du-Bois- Lièvremont est apprenti fromager à Doubs. Un métier qu’Alfred Blauenstein, son arrière-grand-père a exercé avant lui à Pontarlier.

de Pontarlier d’accueillir les quinze producteurs des Étraches. À l’époque, suite à cette enten- te, la répression des fraudes a interdit à la fruitière de vendre du lait cru en direct. Les ser- vices de l’État appuyaient leur décision sur une norme sani- taire absurde. En cause : la quantité de lait acheminée à Pontarlier par les producteurs des Étraches. Elle atteignait les 600 litres par jour. Pour des rai- sons pratiques, les paysans avaient décidé de collecter le lait dans les fermes des Étraches avant de le transporter par camion à Pontarlier. C’est au sujet du transport collectif du produit que la répression des fraudes a réagi à l’époque indi- quant qu’au regard de la quan- cet interdit si les éleveurs ame- naient chacun de leur côté leur production de lait au Chalet. Bref, l’été 1961, l’affaire a sou- levé une vague d’indignation à Pontarlier, mobilisant tout le monde paysan soutenu par le maire de Pontarlier, Ernest Besançon, et le député Louis Maillot qui étaient prêts à prendre la tête d’une manifes- tation de masse. Ils étaient vent debout contre ce qu’ils estimaient être un excès de zèle des fonc- tionnaires. Même le préfet s’en est mêlé. Finalement, les pro- ducteurs ont eu gain de cause et ont pu continuer à vendre du lait cru. Jérémy Chapuis a pris connais- sance de cette histoire après avoir découvert dans les archives de son défunt arrière-grand-père des articles de presse de l’époque qui en parlaient. “Tous ces docu- ments avaient été conservés dans un carton” dit-il. Ces articles relatent chaque épisode d’une polémique née d’une régle- mentation absurde. Comme quoi, ce n’est pas d’aujourd’hui que la prolifération de normes en tout genre a pris le pas sur le bon sens paysan. tité, le lait devait être désormais pas- teurisé avant d’être vendu. En revanche, et c’est toute l’aberration de l’histoire, elle levait

Nathalie Roy entourée de quelques “copines” de la commission culture, et du maire de Gilley.

J érémy Chapuis est étu- diant en première année de B.T.S. à l’E.N.I.L. de Mamirolle (école nationale de l’industrie laitière). À 18 ans, le jeune homme originaire deMai- sons-du-Bois-Lièvremont par- tage son temps entre les cours et la coopérative de Doubs où il apprend lemétier de fromager au contact de François Tournier. En passant le tablier blanc que por- tent les gens de la profession, Jéré- my Chapuis marche dans les pas de son arrière-grand-père,Alfred Blauenstein. Il y a un demi-siècle, cet homme était le fromager en titre duChalet de Pontarlier situé

rue Parguez. L’histoire de Jérémy Chapuis et de son aïeul croise celle des frui- tières de Doubs et de Pontarlier qui viennent de fusionner. Une opération qui se traduit par la

fermeture de l’atelier de transformation du lait au centre-vil- le au bénéfice du renforcement de la fruitière de Doubs qui réunit désormais 55 coopérateurs.

“Ces documents avaient été conservés

dans un carton.”

Le rapprochement s’est fait sans vagues contrairement à la polé- mique soulevée l’été 1961 consé- cutive à la décision du Chalet

Jérémy Chapuis, élève à l’E.N.I.L. a retrouvé des photos de son arrière-grand-père qui était fromager à Pontarlier. À l’époque, le Chalet ne fabriquait pas de comté, mais de l’emmental.

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