Journal C'est à dire 203 - Octobre 2014

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L A P A G E D U F R O N T A L I E R

Horlogerie Tag Heuer licencie, Cartier chôme : l’horlogerie est-elle en panne ? L’horlogerie en Suisse ne tourne plus si rond. Après des années de croissance folle, le secteur connaît un tassement symbolisé par 46 licenciements chez Tag Heuer et le recours au chômage partiel à partir de novembre chez Cartier. La loi anti-corruption en Chine a des répercussions.

L a mécanique horlogè- re suisse que l’on croyait bien huilée semble grippée. Tag Heuer a procédé début octobre à 46 licenciements, notam- ment à La Chaux-de-Fonds et a procédé à du chômage par- tiel pour 49 de ses collabo- rateurs travaillant sur le site de Chevenez (canton du Jura). Il s’agit de postes administra-

cun d’eux devra chômer au total trois jours par semaine. La durée de la mesure n’est pas encore fixée mais ce recours à cette déci-

tifs et à la production. La mai- son emploie 1 600 personnes dont environ 800 en Suisse. De son côté, la manufacture Cartier, à Villars-sur-Glâne (can- ton de Fribourg), a mis en pla- ce des mesures de chômage par- tiel à partir du 1 er novembre. La réduction d’horaire touche les 230 employés de l’usine actifs dans la fabrication et l’assemblage de montres. Cha-

ce à deux chiffres pendant des années, les exportations ont connu une très nette décéléra- tion en 2013, en passant à

sion est motivé par une baisse des ventes, due “au contexte écono- mique mondial

+ 1,9 %. Le secteur emploie 55 000 sala- riés (1,3 % de l’emploi en Suisse). Il est la troisième

Tag Heuer ferme sa cellule de chronométrage.

morose” explique la porte-paro- le de la maison Cartier, la grif- fe phare du groupe Richemont. Les marques s’adaptent au ralen- tissement de la croissance et ajustent leur production de mou- vements mécaniques. Tag Heuer va opérer un repositionnement stratégique en suspendant la production de son chronographe C.H. 80. Elle va ainsi se concen- trer sur le cœur de son activité : les montres jusqu’à 4 000 francs. Dans un entretien avec le maga- zine Bilan, Jean-Claude Biver, aux commandes des marques horlogères du groupe français L.V.M.H. depuis mars, indique que “les montres Tag Heuer à 4 000 francs (3 315 euros) se ven- dent extrêmement bien, ce qui n’est pas le cas de celles à 8 000 francs (6 630 euros) et plus.” La marque, qui se concentre sur son cœur de métier, va égale- ment fermer sa cellule de chro- nométrage et son département de diversification, qui décline téléphones et accessoires. Seules les lunettes seront conservées. Comment expliquer cette bais- se d’activité ? Selon un expert, les exportations horlogères suisses ont largement souffert des mesures de lutte anti-cor- ruption en Chine, où il était très fréquent d’offrir des montres de marques et des alcools à des fonc- tionnaires en remerciement pour services rendus. Après avoir connu une croissan-

branche exportatrice du pays derrière la pharmacie et les machines, avec des exportations de 21,8 milliards de francs en 2013 (18,7 milliards d’euros). Plus qu’une crise, c’est une cor- rection qui s’opère chez nos voi- sins. E.Ch.

“Nous nous attendons à une année 2014 positive”

Questions à Jean-Daniel Pasche, le président de la fédération horlogère suis- se (F.H.) C’est à dire : Licenciements, chômage partiel : l’horlogerie suisse est-elle en crise ou est-ce une légè- re grippe ? Jean-Daniel Pasche : Il est vrai que certaines marques de montres et certains fournis- seurs/sous-traitants ont dû prendre des mesures face à la conjoncture. Néanmoins, je ne parlerais pas de crise. Pour les 9 premiers mois de l’année, nos exportations sont en haus- se de 2,7 % (valeur) par rap- port à 2013 qui était une année record. Je constate que l’augmentation touche aussi les volumes de montres expor-

sont les plus touchés ? J.-D.P. : Les différentes caté- gories de montres sont en haus- se, sauf les montres en argent et en plaqué or qui accusent de fortes baisses. Je relève aussi que les montres quartz sont en baisse alors que les montres mécaniques poursuivent leur croissance. Càd : Les frontaliers doi- vent-ils s’inquiéter pour leur emploi ? J.-D.P. : D’une manière géné- rale, je reste confiant quant à l’emploi dans l’industrie hor- logère suisse pour tous les employés, résidents ou fronta- liers. Par contre, je confirme que certaines entreprises ren- contrent des difficultés ponc- tuelles et qu’elles peuvent être amenées à prendre des mesures. Recueilli par E.Ch.

tés (+ 1,3 %). Lorsque la crois- sance moyenne est faible, com- me en l’espèce, il est compré- hensible que des entreprises soient impactées par des crois- sances plates ou négatives. Tou- tefois, l’ensemble de la branche reste positif et nous nous atten- dons à une année 2014 posi- tive, ce qui en ferait l’année record de notre histoire hor- logère suisse. Càd : Comment expliquer ce tassement ? J.-D.P. : La croissance est faible parce que nos volumes d’exportations se situent déjà à des hauts niveaux (c’est tou- jours plus difficile de faire plus) et parce que la conjoncture a ralenti dans des marchés impor- tants : Chine, Hong-Kong, Alle- magne, France, pays de l’Est.

Càd : Quels types de montres

Tag Heuer vend davantage de montres à 4 000 francs suisses.

Le rapprochement des universités comtoises et suisses se précise Éducation Le projet de création d’une communauté du savoir et de l’innovation de l’Arc juras- sien voit le jour. Les financements arrivent. Bientôt, les étudiants partageront leurs universités, leurs professeurs et peut-être les mêmes diplômes. But : attirer les cerveaux.

P rofesseurs de l’Université de Franche-Comté et de Neuchâtel se rencon- traient et échangeaient - déjà - Les six écoles concernées : École Nationale Supérieure de Mécanique et des Microtech- niques (E.N.S.M.M.) Haute École Arc (H.E.-Arc) Haute École d'ingénierie et de gestion du canton de Vaud (H.E.I.G.-V.D.) Université de Franche-Com- té (U.F.C.) Université de Neuchâtel (UniN.E.) Université de technologie de Belfort-Montbéliard (U.T.B.M.)

de manière informelle. “Or, lors- qu’un chercheur part à la retrai- te, l’échange disparaît. Il faut alors tout recommencer” com- menteAurore Niechajowicz, char- gée de mission franco-suisse. Partant de ce constat, les uni- versitaires des deux côtés de la acteurs de la recherche, de l’innovation et de l’enseignement supérieur à l’échelle de l’Arc jurassien. Elle permettra l’émergence de nouveaux pro- jets, affirmer l’excellence ter- ritoriale et “attirer des cerveaux en leur facilitant la mobilité” commente la chargée de mis- sion. Concrètement, les biblio- frontière ont voulu créer cette “commu- nauté” qui vise à déve- lopper les liens entre

thèques pourraient être reliées en réseau, les diplômes mis en correspondance. Des fonds Interreg ont été alloués dans le cadre du projet Interreg V qui finance les pro- jets transfrontaliers. L’Université de Franche-Comté et Arc Juras- sien toucheront 417 332 euros. d’enseignement supérieur fran- çais et suisses sont associés au projet. 11 organismes écono- miques et professionnels sont également partenaires de la démarche. Vendredi 12 décembre lors du 2 ème colloque transfron- talier à la haute école de l’Arc à Neuchâtel, une identité visuel- le sera créée. Au total, 6 universités et établissements

Des fonds Interreg pour 417 332 euros.

Au total, 6 universités et établissements d’enseignement supérieur français et suisses sont associés.

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