Journal C'est à dire 203 - Octobre 2014

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É C O N O M I E

Industrie Pourquoi j’ai délocalisé ma société au Portugal

de ceinture polie est produite pour 4 euros au Portugal contre 8 euros en France” calcule le chef d’entreprise qui garde - souvent - un œil sur sa boîte mail ou son téléphone. Il gère à distance sans couacs particuliers : “Mon chef d’atelier parle français… comme beaucoup des salariés. C’est un avantage. Avec les liai- sons aériennes au départ de Dole-Tavaux, je peux être rapi- dement là-bas pour un client.” Justement, l’un d’eux vient d’appeler. Il souhaite comman- der 50 000 pièces. Albert Auer se pose une question : “Soit je prends ce marché et on se diver- spécialisée dans le luxe). Je pen- se que l’on va le prendre ce mar- ché qui représente 5 000 pièces par mois environ. À terme, je devrais embaucher 10 personnes pour arriver à 25 salariés au total” calcule-t-il. Rare homme d’affaires à avoir accepté de répondre à nos sol- licitations, il devance les cri- tiques qu’un pareil exode éco- nomique peut avoir comme conséquences sur le plan fran- çais : “Si je n’avais pas déloca- lisé, il n’y aurait sans doute plus de sociétés ici en France. Nous sommes une filiale de la socié- té “Développement Application” (gérée par un de ses fils) basée à Rioz. C’est elle qui reçoit nos pièces faites au Portugal et qui sifie, ce que je souhaite, soit je ne le prends pas car nous n’avons pour le moment qu’un client (N.D.L.R. : une société

les revend ensuite. Grâce au Por- tugal, j’assure l’emploi de 15 salariés ici dans le Doubs” cou- pe le gérant qui fait remarquer qu’il produit toujours en Euro- pe et non en Chine. Si l’entreprise-mère devait polir elle-même, le surcoût serait de 400 000 euros en polissage, ce qui occasionnerait mécanique- ment une hausse des prix… et le départ du client vers des cieux plus propices. Dans un domai- ne de la sous-traitance ultra- compétitif où ce sont désormais les donneurs qui fixent les marges, la firme portugaise doit gérer au plus fin. “On est dans une guerre des prix mais je pré- fère produire en Europe qu’en Chine.” Notons tout de même que certains grands groupes du luxe refusent de se servir en Chi- ne. Ils acceptent le Portugal. Ancien salarié de l’entreprise d’horlogerie Monnié-Techniboîtes où il a débuté comme mécani- cien outilleur puis comme res- ponsable d’atelier et enfin gérant en 1976, Albert Auer a vécu de près la crise horlogère et la dis- parition de l’outil de production. La délocalisation, nécessaire selon lui, a permis de sauve- garder de l’activité en France. Aujourd’hui, des tonnes de pièces transitent entre France et Por- tugal. Les fournisseurs français de pâte à polir par exemple l’ont bien compris : ils viennent démarcher les fabricants à Fun- dao. Le Portugal, un nouvel eldo- rado… E.Ch.

Gérant d’une entreprise de polissage, Albert Auer a éta- bli sa production depuis 2006 à Fundao, au Portugal, comme trois autres sociétés du Haut-Doubs. Un choix motivé par des coûts salariaux et des taxes plus faibles. Compétitif, il dit pouvoir préserver 15 emplois dans le Doubs, dans une autre de ses sociétés.

A lbert Auer rentre d’un séjour au Portugal. Depuis 2006, ce Bisontin d’origine s’y rend une fois toutes les six semaines pour les affaires. Et non pour le touris- me. Il a investi dans un bâti- ment à Fundao, ville de 29 000 habitants située à 250 km au sud-ouest de Porto, où 15 de ses salariés polissent, laquent, sou- dent et contrôlent des pièces pour la maroquinerie de luxe, son principal donneur d’ordres. Installés dans une zone indus- trielle repaire de sociétés dou- bistes (lire par ailleurs), les tra- vailleurs portugais perçoivent 498 euros nets par mois pour 40 heures hebdomadaires. Un chef d’atelier touche environ 1 000 euros. C’est deux fois moins qu’en France, argument de taille qui a conduit la délo- calisation d’une partie de “Déve- loppement application”, la socié- té-mère basée à Rioz qu’il a fal- lu baptiser “Polibeiro” histoire de sonner portugais. Ce n’est pourtant pas le seul élément qui a conduit au départ à écou- ter le patron : “J’ai des personnes habiles, travailleuses et assi- dues, qui ont à cœur de bien fai- re. Sur les 200 000 pièces que

nous expédions tous les ans, il est rare qu’une série revienne parce qu’elle est mal faite. On peut dire que la qualité est bon- ne, sinon meilleure qu’en Fran- ce. Il y a moins de retouches” dit l’entrepreneur franc-comtois. Albert Auer a découvert le filon portugais par hasard. C’est un

patron basé à Dam- prichard qui a balisé le terrain en premier en créant une société de 40 personnes à la fin

Coût du travail 50 % moins cher.

des années quatre-vingt. “En 1976, lorsque je travaillais à Techniboîtes, nous avons com- mencé à sous-traiter avec cette société basée à Fundao grâce à ce patron de Damprichard, M. Petermann.” Quarante ans plus tard, le bas- sin de Fundao au Portugal n’a cessé de se développer, dyna- misé par la venue d’entreprises désireuses de posséder leur propre outil de production ici, gage de délais de production raccourcis qu’un sous-traitant ne peut pas toujours garantir. Le gain de compétitivité ados- sé aux facilités de commercer grâce à l’Union européenne a assuré le reste. Les chiffres par- lent d’eux-mêmes : “Une boucle

L’entreprise d’Albert Auer est basée dans la zone industrielle de Fundao avec d’autres filiales françaises. L’entrepreneur loue le savoir-faire des salariés portugais. Il prévoit d’embaucher.

Zoom Fundao,

ville à l’accent du Doubs Six autres sociétés du Doubs ont une filiale à Fun- dao. Le point sur les investissements français là-bas. U ne entreprise de Damprichard (qui nʼa pas répondu à nos sollicitations) emploie environ 50 personnes à Fundao. Une autre, de Vercel, a également répondu à lʼappel portugais. Le groupe Goulard (J3L) à Châtillon-le- Duc possède une unité de production à Fundao. Il emploie près de 150 personnes. Une entreprise bisontine spéciali- sée dans le taillage de pierres est également installée au Portugal. Ces firmes font preuve dʼune extrême prudence lorsquʼil sʼagit de parler de ce sujet et se retranchent der- rière leurs donneurs dʼordres que sont la maroquinerie et la joaillerie de luxe. La société Cœur dʼOr à Maîche - spé- cialisée dans le polissage - a créé elle aussi une unité de production dans la zone industrielle et se développe. Ces six sociétés ont toutes baptisé de noms portugais leurs filiales qui emploient environ 400 Portugais. Selon une étude publiée par la Mission économique de Lis- bonne sous le titre “Les implantations françaises au Portugal”, plus de 420 entreprises portugaises à participation française ont été recensées (en 2007). Ce nombre serait toutefois légèrement inférieur à la présence britannique et allemande (environ 500 implantations). Les banques et des compagnies dʼassurances françaises y sont présentes mais aussi la chimie (Air Liquide, Rhodia), les laboratoires pharmaceutiques (Servier, Sanofi-Aven- tis), les équipementiers automobiles (Valéo, Faurecia, Delfingen Industry), lʼéquipement et lʼinstallation électrique et électronique (Alcatel-Lucent, Legrand, Schneider, Schlumberger, Alstom).

Fundao, 20 000 habitants, est devenue la vallée du “polissage” pour les sociétés françaises.

POINTS DE VENTE

Géant, Carrefour, Forum, Cultura,

Fnac, Leclerc, Magasins U, Digitick, Tickenet,…

LES STARS

IDÉE CADEAUX POUR NOEL

VINCENT NICLO

PATRICK TIMSIT

INFORMATIONS & RENSEIGNEMENTS: www.ngproductions.fr NG Productions 1 bis rue de la Madeleine 25000 Besançon 03 81 54 20 47

THOMAS FERSEN

SAM. 15 NOV. 2014 20h30 MICROPOLIS BESANÇON FRÉDÉRIC FRANÇOIS

VEND. 12 DEC. 2014 20h30 KURSAAL BESANÇON OLIVIER DE BENOIST

MER. 26 NOV. 2014 20h30 KURSAAL BESANÇON

VEND. 28 NOV. 2014 20h30 KURSAAL BESANÇON

SAM. 6 DEC. 2014 20h30 MICROPOLIS BESANÇON

VEND. 12 DEC. 2014 20h30 THÉÂTRE LEDOUX BESANÇON

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