Journal C'est à dire 203 - Octobre 2014

M O N T B E N O Î T E T L E S A U G E A I S

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Les Alliés Les frênes en voie de disparition ? Beaucoup ont remarqué ces arbres marqués d’une croix le long de la route qui mène Pontarlier aux Alliés via les Étraches. La faute à un champignon qui touche les frênes et se propage rapidement. Du côté de l’O.N.F., on suit donc avec attention ce dos- sier avec une approche où des multiples paramètres sont à prendre en compte.

Hauterive-la-Fresse Des G.P.S. pour comprendre l’activité sismique du Jura Six stations permanentes mettent le Jura sous couverture G.P.S. pour observer la déformation tectonique de la chaîne. Ce projet est mené par des chercheurs bisontins. Une borne est placée à la Perdrix, à Hauterive-la-Fresse.

C halara fraxinea , c’est son nom scientifique. “Ce parasite du frêne est un champignon qui est apparu en Pologne dans les années quatre-vingt-dix et qui est arrivé en France, en Haute- Saône notamment, en 2008” explique Albert Depierre, expert arboricole à l’O.N.F., très au fait de la situation actuelle dans le Haut-Doubs. C’est d’ailleurs lui qui a marqué les arbres de la R.D. 47, une portion de rou- te qu’il scrute avec attention depuis des années. La chala- rose se manifeste par une pous- se tardive des feuilles et une chute prématurée, avec appa- rition de branches sèches au niveau de la cime. Avec les risques de chutes que cela implique quand ces arbres sont en bord de route : “Ce qui jus- tifie parfois l’abattage pour des questions de sécurité routière” poursuit-il. Une décision pas prise dans la précipitation mais mûrement réfléchie “d’autant que cette année a été particu- lière avec un printemps et un début d’été très secs, donc nui- sibles à l’espèce qui a besoin d’hu- midité.” “Cela fait trois ans que le S.T.A. (service territorial d’aménage- ment) nous a alertés sur la situa- tion des frênes du secteur des

S avoir de quelle façon et dans quelle mesure se déforme le massif du Jura aujourd’hui sera bientôt possible grâce à l’ins-

trés et des failles fracturent la croûte terrestre sur l’en- semble de l’Arc jurassien. C’est la compression alpine qui a don- né au Jura sa forme de crois-

me mais significative pour ce type de chaîne orogénique len- te. Le Jura rejoindra donc les Alpes et le Bassin rhénan dans le réseau R.E.N.A.G. (Réseau national G.P.S. permanent) qui, constitué de laboratoires de recherche et d’organismes publics, a pour tâche la mesu- re et l’exploitation des données G.P.S. en continu. De la quali- té de l’antenne dépend bien sûr celle de mesures captées à hau- te fréquence (30 secondes) pour une réelle observation en conti- nu.

tallation de stations G.P.S. à des endroits stratégiques de la chaîne. Six stations ont été apposées sur

sant et sa morpholo- gie caractéristique en plis et chevauche- ments. L’observation G.P.S. en

Une précision de l’ordre du millimètre.

des terrains très stables à Hau- terive-la-Fresse, au Morond, à Belvoir, Flagey, Chapelle-de- Joux, Fied (Jura). Piloté par le laboratoire Chro- no-environnement de l’univer- sité de Franche-Comté et l’ob- servatoire TheTa, ce projet d’ob- servation géophysique devrait donner ses premières conclu- sions dans une dizaine d’an- nées. “On pourra par exemple observer une augmentation de 0,5 mm de certains points du massif” émet Christophe Sue, enseignant-chercheur en géos- ciences à l’Université de Franche-Comté. Ces données seront précieuses notamment pour comprendre l’activité sismique de la région, qui, bien qu’elle soit relative- ment faible, nécessite d’être sui- vie : des tremblements de ter- re sont régulièrement enregis-

continu permettra de mesu- rer les moindres mouvements de manière très précise, de l’ordre du millimètre, voire du dixième de millimètre par an, une échelle apparemment infi-

Un suivi rigoureux permet de procéder à un abattage limité et de laisser une chance aux arbres de reprendre vie.

Alliés. La chalarose est bien pré- sente mais pas généralisée” explique le technicien. Il a donc apporté son expertise en s’atta- chant aussi à l’aspect paysa- ger et bien sûr, élément pri- mordial, la sécurité routière sur cet axe très passant : “J’ai regar- dé si plus de 50 % des branches étaient atteintes et si le danger portait effectivement côté chaus- sée.” Une gestion précise, “chi- rurgicale même” pour ne sup- primer que les arbres dangereux et laisser le temps au temps. En l’occurrence, seuls 9 indivi- dus disparaîtront dans les semaines à venir sur ce secteur. “On ne sait pas en effet si ces arbres sont définitivement condamnés, d’où notre pruden-

ce pour éviter un abattage mas- sif.” Albert Depierre sait en effet que la précipitation pourrait être mauvaise conseillère pour les collectivités comme pour les pro- priétaires privés avec des consé- quences écologiques certes mais aussi économiques : “Cela pro- voquerait une arrivée importante de bois de chauffage sur le mar- ché, avec une probable baisse du cours des autres espèces dont les communes tirent l’essentiel de leurs revenus forestiers.” Pour l’heure, l’O.N.F. veille et partage l’espoir des scientifiques, de voir certains frênes résister à la chalarose pour ne pas voir ces arbres inéluctablement dis- paraître du paysage comme autrefois les charmes.

Les bornes G.P.S. pour comprendre l’activité sismique.

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