Journal C'est à dire 203 - Octobre 2014

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P L A T E A U D E M A Î C H E

Charquemont Violaine aurait-elle pu être sauvée ? Il n’est pas tout à fait 17 heures ce vendredi 17 décembre 2010. C’est le jour des vacances de Noël. Violaine Bésutti, 18 ans, élève infirmière à Besançon rentre retrou- ver sa famille à Charquemont à bord du véhicule de son petit ami. Entre Bonnéta- ge et Le Luhier, sur une chaussée enneigée, c’est l’accident. Gravement blessée, la jeune fille décédera quatre heures plus tard au centre hospitalier.

E n cause selon ses parents Ida et Bruno et son frè- re Mathieu, la qualité du déneigement des routes qui non seulement est à l’origine de l’accidentmais a consi- dérablement allongé les délais

d’intervention des secours, rédui- sant ainsi les chances de survie de Violaine. Alors à qui la fau- te ? La fatalité pour les uns, les économies pour les autres… “L’accident a eu lieu sur une rou- te départementale mal déneigée”

se souvient Mathieu qui avait emprunté le même itinéraire quelques heures avant sa sœur. “Et nous sommes sûrs que le chasse-neige n’était pas passé puisque les agents disent avoir vu les secours donc ils ne sont

passés qu’après.” Une version que la famille défend en met- tant en avant “le souci du Conseil général de faire des économies.” Du côté de la collectivité, on explique chiffres à l’appui (voir encadré) que le réseau dépar- temental est vaste et les moyens pleinement mobilisés en cas d’épisode neigeux important. Sans pouvoir être partout à la fois… Hormis l’état de cette portion de route, la colère de la famil- le Bésutti se porte aussi sur l’état des 2 X 2 voies qui relient la capitale régionale au Haut- Doubs. Une seule voie était déneigée, rendant périlleux tout dépassement pour le S.M.U.R. appelé en renfort sur les lieux par les pompiers, privés par ailleurs de l’appui de l’hélicoptère Dragon 25 du fait des conditions météo : “D’habitude, ce véhicu- le d’urgence met moins de 45

Zoom Le déneigement en cause D u côté du Conseil général, responsable de la portion de route entre Bonnétage et Étalans, on met en avant les moyens humains et matériels systématiquement mobilisés et la réactivité des équipes, y compris sur les voies rapides “où deux chasse-neige interviennent en binôme pour dégager les deux voies.” Pour la D.I.R.-Est, en charge de la rou- te nationale qui mène dʼÉtalans à Besançon, on assume et justifie un déneigement partiel : “Dans un premier temps, pour faire face à lʼurgence, on ne dégage quʼune seule voie car cʼest suffisant pour permettre dʼabsorber le trafic sur cet axe.” Mais pas suffisant pour permettre le dépassement, surtout pour les véhicules de secours.

tié entretenue” en hiver est d’ailleurs régulièrement dénon- cée par les médecins et les ambu- lanciers du secteur de Maîche- Le Russey-Morteau qui ont déjà

gnement accentué par les condi- tions climatiques. Sa famille veut juste aujourd’hui que les autorités, État et Département, reconnaissent leurs responsa- bilités respectives : “Ils doivent être conscients que leurs déci- sions ont de graves conséquences alors que ces situations parti- culières ne durent que quelques jours par an. L’effort financier serait donc moindre. Leurs éco- nomies coûtent des vies !” Et une vie n’a pas de prix. D.A.

envoyé une pétition en 2011 à l’État. “Le temps perdu sur des routes mal dégagées peut mettre en péril le diagnostic vital d’un

minutes pour arriver à Bonnétage et là il lui a fallu presque le double de temps” explique Mathieu, documents à l’appui. Or, l’état de

Des délais d’intervention doublés.

santé de Violaine nécessitait une prise en charge par ces méde- cins et un transfert urgent à l’hôpital. Cette route nationale “à moi-

patient” dénoncent-ils alors que le bassin de population comp- te près de 40 000 habitants. Le 17 décembre 2010, c’est Violai- ne qui a payé de sa vie cet éloi-

C’est à la sortie de ce sous-bois avant d’arriver à Bonnétage que s’est produit l’accident.

Maison de santé cherche nouveau médecin généraliste Belleherbe Depuis cet été, la maison médicale de Belleherbe doit à nouveau faire face au vide. Plus de médecin généraliste. Comme dans d’autres cas, venu d’un autre pays, le praticien est reparti. D’où la question de la limite du recours aux méde- cins étrangers qui fait débat dans d’autres départements.

I ci, c’est un généraliste venu d’un pays de l’Est qui part voir un peu plus loin, côté suisse, si l’herbe est plus ver- te ou peut-être les revenus plus importants. Ailleurs, c’est un dentiste qui repart dans son pays non sans avoir pris soin d’installer à sa place un de ses compatriotes, ce qui est déjà un soulagement pour la collectivité. le département qui pourtant agace par exemple en Saône-et- Loire ou dans le Nord où même l’ordre des médecins s’est offi- ciellement ému du turn-over de cette main-d’œuvre médicale vue comme salvatrice mais championne du court terme. Un épiphénomène diront certains dans

Dans le Doubs, ce même ordre souligne qu’en milieu rural “la solitude face à la réglementa- tion et l’isolement géographique ne facilitent pas un ancrage soli- de.” Le remède miracle n’était- il finalement qu’un placébo ? Retour à Belleherbe avec Charles Schelle, président de la communauté de communes et du recrutement du médecin généraliste : “Le problème est français. C’est le numerus clau- sus. Une réflexion qui devrait exister depuis dix ans quand on sait que beaucoup de généra- listes vont partir en retraite notamment en milieu rural.” Entre Dessoubre et Barbèche, à l’origine de la construction de la maison médicale

Constat partagé par une majo- rité d’élus des campagnes bien conscients qu’en plus, le char- me et le calme des villages n’attirent pas les jeunes méde- cins : “Depuis le départ de ce médecin en juillet, nous avons contacté 100 médecins rempla- çants dans la région… On n’a même pas eu une seule répon- se !” Alors, à nouveau, la col- lectivité a eu recours aux petites annonces en vantant l’aspect économique, sachant qu’une étu- de menée ici prouve qu’il y a de la place pour 1,5 poste. Mais aussi ce territoire, rural certes, mais si accueillant et dyna- mique. Six réponses sont parvenues et déjà, une rencontre semble pro- metteuse. “Une dame d’une cin-

Six réponses sont parvenues.

Une professionnelle venue de Hongrie devrait s’installer, durablement espère-t-on ici, dès la fin d’année.

fêtes. Non sans lui faire connaître une prescription qui tient à cœur à l’élu comme à la population : “Il faut un état d’esprit de médecin de famille, une proximité qui va au-delà de la pratique médicale. Pour réus-

quantaine d’années originaire de Hongrie est venue et semble vouloir s’installer durablement si bien que l’ordre des médecins valide ses diplômes” poursuit Charles Schelle qui espère la voir poser ses valises avant les

sir ici, il faut s’intégrer à la vie locale et jouer le jeu” , sous- entendu exercer, habiter et vivre dans ce bourg avec ses com- merces, ses entreprises et ses associations.

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