Journal C'est à dire 201 - Septembre 2014

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É C O N O M I E

Lutte contre le campagnol

Les agriculteurs se payent un chercheur Pour lutter contre la prolifération des campagnols, la profession agricole a réuni des fonds finançant le poste d’un thésard (437 000 euros). C’est une pre- mière. La Canadienne Petra Villette a été sélectionnée : elle tentera d’expliquer pourquoi et comment les populations de campagnols croissent et décroissent.

“S avoir que les agri- culteurs comptent sur la recherche fondamentale en investissant dans un poste de doc- torant, c’est novateur, et surtout, cela nous motive.” Professeur à l’université de Franche-Com- té au laboratoire Chrono-envi- ronnement et membre de l’Institut Universitaire de Fran- ce, Patrick Giraudoux peut - en effet - se réjouir. Chose rare en France, un sec- teur privé se mobilise en finan- çant le poste d’un thésard à l’heure où la recherche se plaint des restrictions budgétaires. Ce secteur, c’est la profession agri- cole, qui se montre pragmatique en investissant dans la recherche fondamentale afin de lutter contre le campagnol, ani- mal synonyme de plaie pour les agriculteurs du Haut-Doubs en raison des dégâts qu’ils occa- sionnent dans les prairies. Les résultats ne seront connus qu’à moyen terme, d’ici cinq ans mini- mum. 437 000 euros ont ainsi été réunis pour assurer le finan- cement de ce poste cofinancé par les chambres d’agriculture du Doubs, du Jura, des agences du Crédit Agricole de Maîche, Morteau, Pontarlier, Nozeroy, recruter le chercheur a été lan- cé en mai : 26 dossiers sont arri- vés au laboratoire Chrono-envi- ronnement. Après l’audition de huit per- sonnes, c’est Petra Villette, une Canadienne originaire de Van- couver qui occupera le poste. Sa mission : comprendre le cycle du campagnol, notamment ainsi que l’État (à 50 %) et la réserve parlemen- taire de la députée Annie Genevard. Un appel d’offres pour

Le campagnol, sujet d’étude depuis des années.

concernant les déterminants de la phase de déclin de ces popu- lations. “Lorsque les populations de campagnols atteignent un pic, elles chutent ensuite. On ignore la cause : est-ce un pro- blème parasitaire, viral, bac- térien, de consanguinité ? Pour l’instant, on l’ignore. La recherche de Petra permettra d’en savoir davantage” témoigne Fabrice Cuenot, ancien président de la Fédération Régionale de Défense contre les Organismes Nuisibles de Franche-Comté le” étude, la Franche-Comté gar- de son expertise dans la lutte contre le campagnol : “Nos agri- culteurs ont été les premiers à se pencher sur ce sujet et à tes- ter avec succès, sur plusieurs zones expérimentales (à Pisse- navache par exemple), une stra- tégie de lutte raisonnée qui asso- cie à la lutte chimique, des (F.R.E.D.O.N.) et agricul- teur, qui transmet le flambeau à Charles Schelle. Grâce à cette “nouvel-

méthodes alternatives comme le travail du sol, la lutte contre la taupe” relate un expert de la F.R.E.D.O.N. Ce programme de lutte raisonnée associe les cher- cheurs et près de 256 agricul- teurs. Le Doubs confirme son statut d’expert dans la lutte rai- sonnée du nuisible. E.Ch. Zoom Formée à lʼuniversité de Bri- tish Colombia de Vancouver, Petra Villette a été sélection- née par le jury pour mener cet- te recherche sur le déclin du campagnol. Repartie cet été dans le Yucan (États-Unis) pour étudier lʼanimal, elle reviendra en octobre à Besançon. Elle mènera son travail sur le ter- rain, à la rencontre des agri- culteurs, techniciens, du pla- teau de Maîche en passant par Pontarlier et le Jura.

“Cela nous motive.”

Patrick Giraudoux, Charles Schelle, Petra Villette et Fabrice Cuenot (de droite à gauche), ensemble pour mener à bien un nouveau projet de recherche sur le campagnol financé par la profession agricole.

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