Journal C'est à dire 201 - Septembre 2014

D O S S I E R

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T rous d’obus aménagés et reliés par des fossés creu- sés par les soldats, les tranchées étaient le théâtre de l’horreur, de l’attente de la mort. Malgré la peur, elles étaient aussi unmonde de cama- raderie, d’une solidarité sans faille entre soldats d’une même unité qui trouvaient le réconfort dans les plaisanteries, les chansons ou les lettres écrites à leurs familles. Leur emploi du temps était tou- jours le même. Le jour, ils dor- maient ou se reposaient. Les acti- vités hors de la tranchée étaient très limitées car risquées. Des Outre le courrier, pour garder le moral des troupes, la foi a eu toute son importance. Des messes ont donc eu lieu sur le front même avec des soldats à qui l’on remettait un carnet four- ni par l’aumônerie où figuraient des prières spéciales pour les poilus dont une prière à Notre Dame des tranchées : “Au fond des tranchées ou dans les com- bats, reine des armées garde tes soldats. Ave Maria, Ave Maria. Si quelque blessure meurtrit notre corps, de ta main si sûre écarte la mort. Mais si pour la France il nous faut périr, toi notre espérance fais-nous bien mou- rir. De l’heure suprême clamant les frayeurs, qu’un prêtre qui t’aime absolve nos cœurs. Après la victoire que nous te devrons, en chantant ta gloire nous te redirons Ave Maria, Ave Maria…” Des messes dans les tranchées Phénomène La vie dans les tranchées a été horriblement dure : le danger permanent, les rats, les poux, les odeurs nau- séabondes, l’absence presque totale d’hygiène, le ravitaillement mal assuré, la promiscuité ainsi que la pluie, la boue et le froid… En un mot, l’enfer. tireurs isolés, embusqués, tiraient sur tous ceux qui osaient aban- donner la protection de la tran- chée. La nuit, en revanche, tout s’animait. Les troupes profitaient de l’obscurité pour transporter les munitions, les rations et les pro- visions à travers le réseau de cou- loirs. Une fois les activités noc- turnes terminées,les soldats rega- gnaient leur position et atten- daient patiemment et en silen- ce le lever du soleil. Des bombardements intensifs avaient souvent lieu à l’aube ou au cré- puscule. C’était en général le meilleur moment pour attaquer.

Des monuments commémoratifs et politiques Goumois Au sortir de la guerre, l’heure est aux commémorations, au souvenir, au devoir de mémoire. L’État va donc inciter chaque village à ériger un monument en hommage à ses morts pour la France.

À Goumois, le monument ne sera érigé qu’en 2001.

E n faisant un rapide inventaire des monu- ments aux morts, du Haut-Doubs en par- ticulier, force est de constater que la politique est bien pré- sente sur ces édifices. Selon les convictions des élus en place localement, on retrouve en effet, et ce malgré les recommanda- tions de la loi, des signes reli- gieux accompagnant une sta- tue de poilu couché, une veu- ve et un orphelin, thématique chère aux pacifistes tandis que les conservateurs étaient atta- chés à la représentation du poi-

purement et simplement aban- donné. Seule une veuve de l’un des soldats défunt fera apposer une plaque à l’église avec quatre noms, ceux des bons chrétiens. Il faudra attendre 2001 pour voir enfin Goumois se doter d’un monument aux morts rendant hommage aux sept hommes du village tombés au champ d’honneur. Une stèle réalisée par un ressortissant allemand et inaugurée avec parmi l’assistance les membres de la famille du septième homme, celui qui fût bien malgré lui un obstacle !

lu triomphant au combat. Une libre appréciation du devoir de mémoire qui va parfois être plus problématique. À Goumois, qui a perdu sept de ses citoyens lors de la 1 ère guer- re mondiale, une fronde est menée par Monsieur le Curé en personne, ancien poilu lui-même. Parmi les morts pour la Fran- ce, l’un avait en effet à ses yeux le défaut d’être “rouge” et d’être étiqueté non-croyant proche de la franc-maçonnerie ! Faute de trouver un compromis avec les autorités républicaines, le projet de monument sera

Même ceux qui ne pratiquaient pas dans le civil trou- vaient dans ces

offices un indispen- sable réconfort.

Zoom

La guerre de 1870 avait laissé à la France une plaie bien difficile à cicatriser. Cruel- le défaite matérialisée par la perte de la région voisine d’Alsace-Lorraine. La ran- cune va être tenace. L’esprit de revanche aussi. Une propagande revancharde

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B ien entendu, les quatre années de la Grande Guerre vont être utili- sées par l’État pour entretenir cette haine viscérale envers les “Boches” autrement appelés “les casques à pointe” en référence à leur équipement militaire. Un nationalisme anti-

germanique exacerbé et large- ment entretenu dès le début des années 1900 à grand renfort de dessins très explicites dans la presse où sang et mort étaient toujours présents et l’ennemi juré régulièrement ridiculisé. On n’hésitait pas à y représenter l’empereur Guillaume II faisant

ses besoins pour représenter “la mitraillette allemande” ou enco- re des infirmières en pleurs ou des civils décapités pour mieux souligner la barbarie de l’ennemi teuton à qui une bonne correction ferait le plus grand bien.Et assou- virait l’esprit revanchard des Français…

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Assemblée générale

Réunion de travail

Colloque- Séminaire

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Des dessins peu valorisants pour l’empire germanique…

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