Journal C'est à Dire 99 - Avril 2005

L A P A G E D U F R O N T A L I E R

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La Suisse retrouve sa fée verte après 94 ans d’interdiction L’absinthe légalisée depuis le 1 er mars L’interdiction aura duré près d’un siècle. Depuis le 1 er mars, la production et la consommation d’absinthe est à nouveau auto- risée en Suisse. Une opportunité pour les distillateurs helvétiques.

A u milieu du salon, Claude-Alain Bugnon s’affaire à coller les étiquettes sur ses bouteilles bleues, une demi-douzaine de cartons sont entassés dans les coins. “Ce matin, j’avais 40 car- tons de bouteilles, tout est pra- tiquement parti. Si ça continue, le stock va bientôt être vide, je ne peux plus suivre” , sourit-il. Depuis le 1 er mars, la produc- tion et la consommation de l’ab- sinthe sont à nouveau autori- sées en Suisse, 94 ans après son interdiction. Le succès a été immédiat. “Tous les Suisses en ont une chez eux en ce moment” , affirme un distillateur. Ancien distillateur clandestin, Claude-Alain Bugnon a été l’un des premiers à obtenir une concession légale pour produire de son absinthe “La Clandes- tine”. “Comme tous les gens du coin, je suis né dedans. J’ai- mais en boire, j’ai commencé à en produire en 2000 grâce à la recette de la tante décédée d’un ami” , explique-t-il. Depuis la légalisation, l’absinthe a enva- hi toute la maison, la fabri- cation reste artisanale. L’alam- bic est installé dans la cave, entre la machine à laver et le chauffe-eau, le salon fait offi- ce de magasin. “Depuis décembre, date d’obtention de ma licence, je fais trois dis-

en alcool et le commercialiser sous son vrai nom d’”absinthe”. Surtout, beaucoup de distri- buteurs n’osaient pas le vendre, parce qu’ils ne savaient pas si c’était vraiment légal.” Si l’engouement actuel pour l’absinthe est réel, le challen- ge désormais pour les distil- lateurs va être de tenir sur la durée. “Il y a un phénomè- ne de mode. L’absinthe reste

tillations par jour, même le dimanche. 1 300 bouteilles par mois. On commence à être épui- sé” , affirme le distillateur, qui travaille encore comme tech- nicien dans une raffinerie de pétrole. Il devrait déménager son installation dans un nou- veau local à la mi-avril. Pour l’instant, seules trois concessions ont été accordées par la régie des alcools hel-

vétiques et plusieurs anciens clandestins seraient en passe de l’obtenir. Grâce à la légalisation, décidée à l’été 2004, les dis- tillateurs helvétiques entendent conquérir le marché national mais aussi interna-

une niche, ce ne sera jamais un grand mar- ché. Mais c’est vrai qu’il y a un risque de banalisation, c’est à nous et à la région de montrer aux consom- mateurs que notre boisson n’a rien à voir avec celle des autres”

Le Val de Travers comptait entre 60 et 80 clandestins.

selon Yves Kübler. Même si la loi helvétique définit déjà stric- tement l’absinthe, les Suisses espèrent maintenant la créa- tion d’une A.O.C., pour pro- téger leur production. Jusqu’au 1 er mars, le Val de Travers comptait entre 60 et 80 clandestins. La plupart devrait le rester. “Ils main- tiennent l’histoire et une part du mythe, reconnaît Claude- André Bugnon. Ici, les gens continuent presque tous à aller se fournir chez les clandes- tins.” " S.D.

tional. “Le Val de Travers est le berceau historique de la fée verte. Cela aurait été domma- ge que tout le monde, les Tchèques, les Anglais, les Fran- çais, les Espagnols, produisent de l’absinthe - qui souvent n’a d’absinthe que le nom - et pas nous, les historiques. On ne va pas se laisser bouffer par les autres” , ajoute Yves Kübler. À la tête de la distillerie Black- mint, à Môtiers, il a été le pre- mier à relancer l’alcool en 2002, en produisant un extrait d’ab- sinthe à 45°, autorisé. “La dif- férence depuis le 1 er mars, c’est que l’on va augmenter la teneur

Claude-André Bugnon, dans son atelier “étiquetage”.

L’ACTU DU MOIS L’allocation de maternité entre en vigueur le 1 er juillet

Le trait d’union franco-suisse

! Plus de trois ans après la votation populaire du 13 juin 1999, qui s’était sol- dée par le refus d’introduire une assu- rance maternité, une allocation de mater- nité pour les mères exerçant une acti- vité lucrative sera introduite avec effet au 1er juillet 2005. À partir de cette date, les femmes sala- riées ou exerçant une activité lucrati- ve indépendante en Suisse auront droit à l’allocation de maternité. Sont ainsi également concernées par cette dispo- sition les travailleuses frontalières. Durant 14 semaines, elles percevront 80% du revenu moyen de l’activité exer- cée avant l’accouchement, mais au plus 172 francs suisse par jour. Alors qu’à l’heure actuelle, la compensation de la perte de salaire liée à la maternité est

en règle générale facultative pour les entreprises.

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! Naissance avant le 1er juillet 2005 Les mères exerçant une activité lucrative dont l’enfant naîtra moins de 14 semaines avant le 1er juillet 2005 auront droit à une allocation de maternité proportionnelle. À partir du 1er juillet 2005, elles toucheront des indemnités journalières jusqu’à ce que la période de 14 semaines depuis la naissance soit écoulée. Par exemple, si l’enfant naît deux semaines avant le 1er juillet 2005, la mère aura droit aux indemnités journalières durant 12 semaines. Si l’enfant naît plus de 14 semaines avant le 1er juillet 2005 la mère n’aura pas droit à la nouvelle compensation de la perte de gain.

Question-réponse : J’ai été blessé dans un accident de la circulation. Mon imprudence a été mentionnée dans le rapport de police. Si ma responsabilité est reconnue, les prestations de l’assurance accident risquent-elles d’être diminuées ?

Les différents types de prestations versées par l’assurance accident suis- se peuvent en principe être réduites ou refusées si l’assuré a commis une faute. La réduction est proportionnelle à la gravité de la faute commise. Cepen-

dant, elle ne peut pas excéder la moi- tié des prestations si l’assuré assu- me l’entretien de ses proches. On distingue entre la faute inten- tionnelle, la négligence grave et la négligence légère. Il y a faute légère quand l’assuré acci- denté a eu un comportement inadé- quat, a été imprévoyant ou a mal apprécié un danger malgré son atten- tion réfléchie. La notion de faute gra- ve est alors écartée : en principe, il n’y a pas de réduction des prestations.

Hasna CHARID Juriste Groupement Transfrontalier Européen Antennes de Morteau et Pontarlier

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