Journal C'est à Dire 99 - Avril 2005

P A Y S D E P I E R R E F O N T A I N E

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Riverains et associations refusent le mâchefer Flangebouche L’entreprise de travaux publics Vermot envisage l’implantation d’un entre- pôt de résidus d’incinération. Riverains et associations écologistes poin- tent du doigt le risque de pollution. Mais alors que l’enquête publique vient juste de s’achever, les travaux de terrassement sont déjà achevés.

D errière chez lui, sur la petite route qui rejoint le hameau de Niellans, près de Loray, Jean- Luc Chauvin désigne du doigt les terrassements effectués. Le tarmac est déjà posé, ça et là des fils électriques sortent de terre, des trous attendent d’ac- cueillir des poteaux. Il ne manque en fait plus que le bâti- ment. Et c’est ce qui énerve par- ticulièrement Jean-Luc Chau- vin. C’est là que l’entreprise de travaux publics Vermot a l’in- tention de construire son entre- pôt de mâchefers. Destinés à être utilisés com- me remblais sous l’enrobage des routes, ce sont des résidus de l’incinération des ordures ména-

constituer en association, “de Niellans à la Reverotte”, et les organisations écologistes, le risque de pollution existe bel et bien, mais les mesures de pré- caution envisagée sont trop légères. “On a été très étonné en découvrant le dossier. On a l’im- pression que l’on parle de fari- ne et pas de produits toxiques. Il n’y a aucune prise en comp- te sérieuse des risques” , regret- te Gilles Sené, président de Franche-Comté Nature Envi- ronnement. L’entrepôt devrait fonctionner pour tout le département et rece- voir tous les résidus des inci- nérateurs de Besançon, Pon- tarlier et Montbéliard. Mais ceux provenant de Montbéliard

précaution. Si des champs venaient à être contaminés par des dioxines, c’est toute la filiè- re comté qui pourrait se retrou- ver en danger. Pas question de faire n’importe quoi pour des questions de gros sous” , prévient le maire. Les écologistes craignent éga- lement que les cours d’eau ne soient pollués par les métaux lourds, par infiltration ou ruis- sellement. “Le site choisi se trou- ve au-dessus de la tête d’un bas- sin karstique énorme. Le Des- soubre et la Reverotte ont leur source là et n’ont vraiment pas besoin d’une source de pollution supplémentaire” , note-t-on à la commission de protection des eaux. Riverains et associations atten- dent maintenant le résultat de l’enquête publique, qui devrait être rendue publique dans un mois. En dernier lieu, la déci- sion reviendra au préfet. “Si ce ne sont que nos déchets, qu’ils sont stockés de manière correc- te et que l’on fait suffisamment attention aux ruissellements, je ne vois pas comment je pour- rais m’y opposer. Il faut aussi être citoyen. Mais en ce moment, c’est non” , reprend Jean-Luc Chauvin. ! S.D.

gères. Hautement toxique, bourrés de métaux lourds et de dioxine. “On a l’im- pression, que nous, pauvres citoyens, on ne compte pas, ils

devront aussi être triés et déferraillés sur place. “À l’air libre, ce qui va pro- duire des poussières toxiques, des dioxines” , note Jean-

En dernier lieu, la décision reviendra au préfet.

Luc Chauvin. À Flangebouche, le conseil muni- cipal s’est prononcé à l’unani- mité contre le projet. Pour le maire, Patrice Buteau, il en va de la survie de l’agriculture loca- le. “Nous sommes en zone d’A.O.C. pour le comté. Il faut mettre en place le principe de

sont tellement sûrs de leur fait qu’ils ont déjà presque tout fait depuis juillet” , souffle amer Jean- Luc Chauvin. Or une enquête publique est pour l’instant en cours, qui devait s’achever le 22 avril. Et le projet est loin de sus- citer l’enthousiasme. Pour les riverains, qui viennent de se

Jean-Luc Chauvin, un des riverains qui se sont constitués en association, devant la dalle qui devrait accueillir l’entrepôt de mâchefer. L’enquête publique vient juste de se terminer mais tout est déjà prêt.

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