Journal C'est à Dire 96 - Janvier 2005

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D O S S I E R

Pérenniser l’horlogerie Framelec : une aventure infructueuse

Framelec à Morteau était le résultat de la fédération de plu- sieurs horlogers, qui voulaient unir leurs forces à une époque où cette industrie cherchait à assurer son avenir.

dû être le fer de lance de “la nou- velle horlogerie française” jus- qu’à ce que Matra, sollicité par le ministre de l’Industrie, pren- ne le contrôle du groupe suite au retrait inattendu d’Empain-

sif de la marque japonaise Seiko à Paris. Impuissants, les créa- teurs de Framelec n’ont pu que constater ce choix, le réfuter par- fois, sans pouvoir intervenir. D’un coup, ceux qui à l’origine esti-

“E n tant qu’indus- triels, l’ob- jectif de mes asso- ciés et de moi-même a été de préserver l’em- ploi dans le Val de Morteau.” En se tenant à ce principe, Mar- cel Rième, président de la socié- té Cupillard-Rième admet avoir accéléré le déclin de l’entrepri- se à une époque où l’horlogerie française cherchait ses marques. Pour continuer à tenir une pla- ce sur l’échiquier de l’horlogerie mondiale, bouleversé par l’arri- vée du quartz, cet entrepreneur et ses associés Cupillard et Char- pier ont œuvré pour fédérer plu- sieurs sociétés du Haut-Doubs. La finalité de cette démarche était de concentrer les moyens tech- niques et humains pour accé- der financièrement à la capacité d’évoluer vers de nouvelles fabri- cations. De l’union devait naître la force. À plusieurs reprises, Mar- cel Rième assisté par la Chambre Française de l’Horlogerie a sen-

siblisé le ministère de l’Industrie à “l’avenir incertain de l’horlo- gerie française” et à la nécessi- té d’une aide publique. Sous l’égide de René Monory, ministre de l’Économie à l’époque, il obtient la désignation d’un appa- riteur financier de taille : le grou- pe Empain-Schneider, proprié- taire de la société horlogère Jaz, premier producteur de réveils. Porteur de capitaux, “Empain- Schneider a acheté toutes les actions de Cupillard-Rième et les a apportées dans Framelec en même temps que les actions de Jaz” raconte Marcel Rième qui dans la transaction perd son auto- nomie d’entrepreneur tout com- me ses collaborateurs. Le projet aboutit en août 1978 avec la naissance de Framelec àMorteau, Jaz étant devenu l’ac- tionnaire unique des sociétés Cupillard-Rième et ses filiales, Lov et Herma (groupe Finhor). La nouvelle entité occupe 5 000 m 2 rue du Maréchal Leclerc et emploie 525 salariés. Cette première association aurait

Schneider. C’est le début de l’aventure Matra-Hor- logerie fatale à Framelec. “À l’origine, nous étions très enthousiastes à l’idée de passer sous la houlet- te de Matra, groupe diri- gé par Jean-Luc Lagar- dère. C’était une société dynamique. Personnelle- ment, en ma qualité de directeur de Framelec,

maient avoir trouvé un moyen de maintenir la tête hors de l’eau à tra- vers un projet fédérateur ont été contraints d’im- porter des mouvements japonais, au détriment- de la fabrication françai- se . “Matra a vu dans Sei- ko l’occasion de dynami- ser l’horlogerie françai- se .” Une décision brutale

“Ma folie a été de vouloir défendre l’emploi à tout prix dans le Val de Morteau.”

Marcel Rième : “Nous avons été trompés, bafoués par un parisianisme exacerbé.”

L’affaire tourne malpour le grou- pe mortuacien. L’exercice 1980/81 accuse des pertes d’exploitation de l’ordre de 7 millions de francs. Les directives parisiennes contes- tées veulent tout ignorer du savoir-faire des anciens entre- preneurs locaux. Marcel Rième qui n’était devenu qu’un des ins- truments de ce vaste pôle indus- triel démissionne de ses fonctions en octobre 1981. Trois ans après son départ, Framelec disparaît. L’entrepreneur mortuacien qui a repris son indépendance va remonter l’affaire Charpier-Riè- me, chemin des Pierres à Mor- teau avec deux associés Charpier et Reuille. Plus de 20 ans après cette aven- ture douloureuse, Marcel Rième ne dissimule pas son amertume. “Nous avons accepté de perdre nos indépendances d’entrepre-

neurs au bénéfice d’un projet ambi- tieux. Nous avons été trompés, bafoués par un parisianisme exa- cerbé.” Aujourd’hui, Marcel Rième serait moins crédule et ne referait sans doute pas la même erreur. “J’au- rais pu imaginer ne pas consti- tuer un groupe et résister seul face à la concurrence. Je me serais transformé en un établisseur tra- ditionnel qui achète ses ébauches, les assemble, et les commercia- lise. Nous aurions probablement dû nous séparer d’une centaine de personnes à l’époque, mais avec un produit de bonne qualité, nous aurions sans doute réussi à tirer notre épingle du jeu comme d’autres l’ont fait. Ce n’était pas ma stratégie. Ma folie a été de vouloir défendre l’emploi à tout prix dans le Val de Morteau.” ! T.C.

qui a failli faire basculer Fran- ce Ébauches fin 1980. Cette orien- tation va donner le coup de grâ- ce à toutes les ambitions de départ des initiateurs de Framelec. Plus tard, par ses déclarations, Jacques Meier, responsable de Seiko Fran- ce, confortera Marcel Rième et ses collaborateurs dans leurs désillusions : “Il était utopique de vouloir fabriquer des montres françaises par rapport à la qua- lité et la puissance japonaise. Il était préférable de réaliser un accord de diffusion des produits japonais plutôt que de tenter l’aventure industrielle française.”

je m’attendais à ce queMatramet- te sa technologie électronique au service de l’horlogerie française afin de créer de nouveaux calibres quartz. Je précise que Framelec produisait déjà deux calibres quartz aiguilles en partenariat avec le suisse Ébauche S.A.” Tous les espoirs d’avenir paraissaient assurés. Mais c’était sans compter que Matra allait encore agrandir le cercle des partenaires en inté- grant au groupe la société Yema - Sormel de Besançon et surtout - plus grave pour l’avenir des pro- duits français- l’importateur exclu-

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