Journal C'est à Dire 92 - Septembre 2004

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A G E N D A

“L’écriture permet d’avoir une vie plus équilibrée” Patrick Poivre d’Arvor poursuit sa carrière littéraire avec bonheur. Il était de passage à Besançon au salon Les Mots Doubs, avec son dernier roman : “La Mort de Don Juan”. Confessions littéraires. Interview

C’ est à dire : Vous avez répondu présent à Besançon pour Les Mots Doubs, pour quelles rai- sons ? Patrick Poivre d’Arvor : On m’a souvent parlé des Mots Doubs. J’estime qu’il faut encou- rager les initiatives favorisant la promotion du livre. C’est bien d’aller vers les lecteurs et pas uniquement à Paris. Aussi, j’ai- me bien avoir un retour de la manière dont les lecteurs per- çoivent le livre. Càd : Les échos sur votre der- nier roman “La Mort de Dom Juan” sont plutôt favorables. P.P.D.A. : Les critiques sont bonnes, c’est très agréable à entendre et à lire. Cela dit, rien ne vaut l’accueil du public. Càd : Votre roman transpor- te le lecteur entre réalité et fiction ? P.P.D.A. : C’est le principe du roman fantastique. J’aime quand les gens restent entre les eaux. Le roman doit vous émouvoir, vous déranger, cela doit provo- quer quelque chose. Càd : Pourquoi un homme public doit-il livrer des épi- sodes personnels ? P.P.D.A. : Il n’y a pas tant de per- sonnel que cela. Dans mon émis- sion Vol de Nuit du 11 septembre dernier, je recevais 6 écrivains qui sont dans les très bons de la rentrée littéraire. Sur ces 6, 3

parlent beaucoup d’eux-mêmes. La seule différence, c’est que l’on connaît très peu de choses sur eux. Jean-Paul Dubois, Éric Foto- rino, le public sait très peu de choses sur leur vie, ils en disent beaucoup plus que je n’en dévoi- le. Le fait que je sois connu sus- cite tout de suite une interpré- tation beaucoup plus rapide des écrits, notamment par rapport à ce que les gens croient connaître de moi. Tout écrivain met beau- coup de lui-même dans un livre. Càd : Dans ce dernier roman, y a-t-il un peu plus sur votre vie privée ? P.P.D.A. : Il y a eu des livres où il y en a eu beaucoup, notam- pensé par le prix Interallié, mais l’action se passait en 1882, les cartes étaient davantage brouillées. Càd : Les thèmes de l’amour, des femmes, de la mort, des enfants, du voyage sont tou- jours présents ? P.P.D.A. : Ce sont peut-être des obsessions. Tous les écrivains ont tendance à écrire le même livre, présentés de façon différente mais on y retrouve leurs obsessions, leurs fantasmes et leur passion, sinon ce ne sont pas des livres ment les livres sur ma fille où c’était du récit. Mon premier roman disait beaucoup de choses sur moi com- me l’Irrésolu paru en 2000, livre récom-

sincères. J’essaie de ne pas m’oc- cuper de l’effet produit par un livre, j’envie d’être au plus près de la vérité du livre. Il faut qu’un livre soit une mise en danger. Càd : Pour revenir sur cette mise en danger, est-ce de la provocation lorsque vous évo- quez une Claire C. à plusieurs reprises ? P.P.D.A. : Je vous rappelle que la mienne est brune… Tous ceux qui pensent ou font une assi- milation à une star du 20 heures se trompent. Ensuite, si j’évoque Claire C., c’est qu’elle est très présente dans l’œuvre de Byron. Càd : Que recherchez-vous dans l’écriture ? tualité et le fait de m’en extrai- re le temps d’une nuit, d’un été, cela me rend très heureux. Cela permet d’avoir une vie plus équi- librée. Càd : Le personnage de votre roman est torturé, cela tranche avec une certaine sérénité que vous affichez chaque jour ? P.P.D.A. : Quand on est en socié- té, on est appelé à maquiller les sentiments et les émotions, il ne faut pas se laisser abuser par les apparences. Or, un livre P.P.D.A. : Ça m’offre une possibilité d’éva- sion magnifique, je décolle de la réalité, qui est parfois cruel- le au regard de l’ac-

ne peut être une apparence, il faut aller au fond des choses. À Besançon, vous avez un homme, Victor Hugo qui a beaucoup uti- lisé sa vie pour écrire des chefs- d’œuvre. Il mettait son encrier dans son propre sang. Quand il raconte la mort de Léopoldine sa fille, personne ne lui a reproché. Quand il dit “Demain, dès l’au- be, à l’heure où blanchit la cam- pagne, je partirai” , c’est le poè- me d’un père qui souffre. Je ne dis pas autre chose lorsque j’évoque en 3 pages dans ce der- nier roman ma fille disparue. Càd : Quelles relations avez- vous avec les écrivains au fur et à mesure des ouvrages que vous publiez ? P.P.D.A. : Je me sens de plus en plus solidaire parce que je sais ce que signifie le doute, les moments de grand doute dans l’écriture. Je me sens donc inca- pable d’assassiner les auteurs si je n’aime pas leurs livres, dans mon émission Vol de Nuit. Càd : Comment faites vous le tri dans les livres que vous lisez, par exemple lors d’une rentrée littéraire ? P.P.D.A. : C’est compliqué. Il y a des éléments subjectifs comme le hasard d’une rencontre, de ce que des personnes vous disent d’un livre. Càd : Votre émission Vol de Nuit est à nouveau dans la grille 2004-2005 ?

Patrick Poivre d’Arvor jongle avec aisance entre son métier de journaliste et celui d’écrivain.

“Tout écrivain met beaucoup de lui-même dans un livre.”

P.P.D.A. : Cela fait 15 ans que je fais des émissions littéraires, 10 ans avec Ex Libris et 5 avec Vol de Nuit. Je m’autorise de plus en plus d’audace. Une émission sera consacrée par exemple au premier roman, donc à des auteurs inconnus. Je suis content de parler des romanciers, c’est plus facile de traiter des essais car tout le monde a un avis contrairement au Roman, où c’est plus difficile. Je suis ravie que cette émission continue à exis- ter malgré l’horaire tardif et qu’el- le ne figure sur aucune autre chaîne.

vous travailler à présent ? P.P.D.A. : Je termine avec mon frère un livre sur les pirates et les corsaires qui sortira fin octobre. C’est la troisième col- laboration pour un beau livre après Courrier de Nuit et Cou- reur des mers. Je suis très heu- reux de pouvoir écrire avec mon frère. On raconte l’histoire mari- time, on a commencé par la conquête, la découverte des Océans, des Vikings à Christophe Colomb. Maintenant, on passe aux pirates et aux corsaires et après, on a encore 3 volumes à écrire sur le sujet. ! Propos recueillis par E.C.

Càd : Sur quel ouvrage allez-

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