Journal C'est à Dire 92 - Septembre 2004

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D O S S I E R

Consolation

Une fondation en autonomie budgétaire

Le domaine de Consolation a subi de plein fouet les grands événements historiques qui, de la Révolution à la loi de séparation de 1905, le privèrent d’une partie de ses richesses pillées ou dispersées. La Fondation du Val de Consola- tion gère ce bien depuis 1978. Elle développe plusieurs activités d’accueil afin d’assurer le fonctionnement de la structure et couvrir les charges liées notamment à l’en- tretien d’un important patrimoine immobilier.

L a sérénité, c’est beau mais ça coûte cher. Quiconque se rend un jour à Consola- tion ne manque pas d’ap- précier le charme bucolique des lieux. De la taille d’une église, l’imposante chapelle abrite encore quelques trésors classés aux monu- ments historiques : mausolée du sire de Varambon fondateur du monastè- re, chaire, stalles… L’ancien couvent des Minimes devenu par la suite le petit séminaire impressionne aussi

tat. On ne reçoit aucune subvention. On ne vit que par le fruit de notre acti- vité” , explique André Lombardet, le directeur général de la fondation. À charge pour lui d’élaborer un pro- gramme d’actions suffisamment ren- table pour couvrir les coûts d’entre- tien et de rénovation des bâtiments. Un patrimoine immobilier qui néces- site de lourds investissements esti- més de façon précise dans le cadre d’un audit réalisé par un cabinet d’ex- perts à la demande du Conseil d’Ad- ministration. développer les animations et activi- tés culturelles, apporter son soutien moral et matériel au centre Notre- Dame de Consolation et, le cas échéant, à tout organisme ou œuvre poursuivant des buts analogues, accueillir les visiteurs du site du Val de Consolation. “On est en autonomie financière. Tous les ans, on trans- met nos comptes accompagnés d’un rapport de gestion à la préfecture, au ministère de l’Intérieur et à celui de l’Environnement. En dernier lieu, ces documents comptables sont examinés par le Conseil d’État.” La Fondation génère annuellement un chiffre d’affaires d’environ 500 000 euros, dont 65 % proviennent de l’ac- tivité accueil. La part de la centrale électrique, exploitée par un industriel Pour mener à bien sa mis- sion, André Lombardet cherche à valoriser d’un point de vue économique la vocation d’accueil rattachée au site. Un projet qui se décline en trois orientations :

par sa taille. Le parc niché au creux de la reculée qui donne naissance au Des- soubre ne laisse personne indifférent. Le domaine inclut 200 hec- tares de forêt et pâturages, les ruines du château de

La Fondation génère un chiffre d’affaires de 500 000 euros.

Châtelneuf-en-Vennes, le restaurant de la Source ainsi que l’usine élec- trique qui se trouve en contrebas. Autant de biens parfois insoupçon- nés qui pourraient laisser croire à une certaine aisance. La réalité comptable d’un si bel ensemble laisse peu de place à l’opu- lence. La création de la Fondation se justifie par la disparition de l’acti- vité séminariste. Elle s’explique éga- lement par les difficultés rencontrées par l’Évêché, alors propriétaire des lieux, qui n’avait plus les moyens de supporter la gestion d’un tel domai- ne. Le lien avec le diocèse est main- tenu. L’évêque, exception juridique probablement unique en France, pré- side cette fondation d’utilité publique. “Tous les biens appartiennent à l’É-

André Lombardet, le directeur de la Fondation, doit chaque année équilibrer les comptes de la gestion du domaine.

privé, représente 15 %. Celle des reve- nus forestiers avoisine 3 %. Le res- te étant couvert par les fermages, quelques dons et surtout le restau- rant. “L’exploitation du patrimoine forestier ne rapporte plus grand-cho- se. Les cours se sont effondrés suite à la tempête de 1999 et à la sécheres-

se de 2003. On vend nos bois comme on peut aux scieurs. Aujourd’hui, on ne peut plus considérer qu’il s’agis- se d’un revenu. Les dons proviennent essentiellement de la quête des troncs. La somme reste modique mais nous permet néanmoins de parvenir à l’équi- libre budgétaire. On n’a pas de patri-

moine extérieur provenant de géné- reux bienfaiteurs. Au bilan final, le patrimoine de “Conso” n’est pas de biens possédés mais de liens entre- tenus. Notre véritable trésor, c’est la confiance et la venue des hôtes, pèle- rins et touristes que nous accueillons toujours plus nombreux.” ! F.C.

Zoom Un patrimoine pillé et dispersé

Zoom Les travailleuses missionnaires ont quitté Consolation D epuis le 23 septembre, les 19 stagiaires ont rejoint Lisieux. “Le

- Suite à la loi du 13 février 1970 qui supprime les vœux monastiques et condamne les monastères, les meubles et effets du monastère sont mis en vente. Le tableau de Notre- Dame de Consolation est transféré dans l’église de Guyans-Vennes avant d’être volé puis récupéré par les rapineurs. -16 septembre 1805, Charles Oudry qui gère le domaine pour le compte d’un propriétaire suisse vend 8 tableaux, un maître-autel, un retable à Pirey, 3 autels à l’église de Frotey-lès-Vesoul, la chai- re à prêcher au maire de Sur-la-Seigne, les stalles à l’église de Pierrefontai- ne-les-Varans. Seul lemau- solée du sire de Varambon reste dans la chapelle. ! L’église de Pirey abrite ce superbe autel et retable latéral du XVI ème siècle (La Vierge au manteau. Notre-Dame de Consolation) installé initialement à Consola- tion et vendu par Charles Oudry en 1805.

conseil général de la famille reli- gieuse basé à Rome a décidé de regrouper leurs deux années de formation à Lisieux.” Membres d’une communauté de laïques consacrées dépendante de l’ordre du carmel, ces Travailleuses Missionnaires appelées égale- ment les “T.M.” venaient depuis

11 ans à Consolation où elles effec- tuaient leur deuxième année de for-

Les 19 stagiaires ont rejoint Lisieux.

mation en France. Elles par- ticipaient à la bonne marche des activités d’accueil. Se pose désormais la question de leur remplacement au sein de la structure ? “Il va y avoir un vide ne serait-ce que par la joie qu’elles apportaient à travers leurs chants et danses. Ce vide sera comblé de 2 manières : par l’embauche de salariés civils et l’accueil de communautés qui nous assisteront dans notre mis- sion. Je regrette ce départ sur- tout vis-à-vis de ce que l’on aurait pu faire ensemble. À mon avis, Consolation constituait un

Photo souvenir. Il n’y aura plus de T.M. stagiaires à Consolation.

lieu propice où elles pouvaient exprimer leurs témoignages et leur travail de mission. J’avais des projets pour encore mieux les intégrer. Signalons qu’il res-

tera toujours à une communauté d’environ 4 personnes. Elles n’auront plus aucune fonction hôtelière mais une mission pas- torale” note André Lombardet. !

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