Journal C'est à Dire 91 - Septembre 2004

É C O N O M I E

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Villers-le-Lac

La scierie Mougin a 80 ans L’entreprise fondée par Alexis Mougin en 1924 est aujourd’hui gérée par Samuel, représentant de la 4 ème génération. Le gérant fait le point sur l’état du marché du bois.

C’ est à dire : La scie- rie Mougin fête ses 80 ans cette année. Pouvez-vous retracer l’his- torique de l’entreprise ? Samuel Mougin : Elle a été créée au printemps 1924 par Alexis Mougin, l’arrière grand- père. C’est au moment où l’élec- tricité est arrivée dans la région qu’il a décidé de se lancer dans cette activité. C’était à l’époque une des toutes premières scie- ries électriques de la région. En 1924, beaucoup pensaient qu’une scierie fonctionnant grâce à l’élec- tricité était une idée un peu sau- grenue. Les Mougin étaient une famille d’agriculteurs proprié- taires de forêts. Ils avaient donc la matière première. Avec l’ar- rivée de l’électricité, Alexis a concilié tout cela et l’activité a démarré. Càd : L’entreprise s’est déve- loppée régulièrement depuis cette date ? S.M. : Non, elle a traversé une phase critique à la deuxième génération. Un des fils a dila- pidé une bonne partie du patri- moine. Le principal travail d’un de ses frères, Charles, et de sa femme Simone, a été de rem- bourser les dettes et de remon- ter la scierie, ils ont eu ce grand mérite. Ensuite, ils ont travaillé avec deux de leurs enfants, Mar- cel et Alexis. Puis, Marcel a

sont rachetés par les grands groupes et ce sont eux qui ont la donne et qui fixent les règles. C’est la difficulté actuelle. Càd : La concurrence est vice dans le secteur du sciage ? S.M. : La concurrence vient essentiellement des pays du Nord. La concurrence ne se fait pas trop avec les scieurs de la région qui ont chacun ses clients. Avec les bois vosgiens, le pro- blème est moindre : il est moins cher mais de qualité inférieure, alors que les bois du Nord sont moins chers (même avec les coûts avons aussi du bois d’Allemagne qui concurrence le nôtre. De Suisse, ce sont plus les grumes, pas le bois scié. Finalement, le bois se déplace beaucoup. Nous avons beau être dans une région forestière, nous sommes main- tenant confrontés à un mar- ché international, comme tous les autres secteurs industriels. Le problème principal reste les coûts de production élevés en France. Càd : Malgré ces difficultés, comment se porte l’activité de transport) mais de bonne qualité. Depuis la Scandinavie, les coûts de transports ne sont pas plus élevés pour les clients qu’une traver- sée de la France. Nous

repris seul à partir du début des années 70 et a poursuivi l’ac- tivité. Càd : Vous représentez donc la 4 ème génération ? S.M. : C’est lors du changement de statut en 1991 que je suis arrivé dans l’entreprise en tant que gérant, à l’âge de 24 ans. L’entreprise a connu un fort développement à partir des années 90 avec l’arrivée d’une toute nouvelle ligne de produc- tion. En 1991, la scierie comp- tait 4 salariés, aujourd’hui, nous sommes 17 et le chiffre d’affaires

La scierie Mougin est située au hameau des Majors, sur les hauteurs de Villers-le--Lac.

du bois actuellement ? S.M. : Il y a de l’activité, c’est indéniable. Le problème, c’est qu’on ne sait pas quelle sera l’in- cidence des bois de tempête, par- fois de qualité inférieure, à long terme. Le côté positif pour nous, c’est le prix de l’acier qui mon- te et ainsi, les clients sont peut- être plus incités à faire appel au bois pour leur bâtiment indus- triel par exemple. Mais le revers de la médaille, c’est que les clients sont peut-être plus méfiants vis-à-vis de la quali- té du bois de tempête. Càd : La tempête qui a eu lieu il y a bientôt 5 ans laisse encore des traces ? S.M. : Oui, la forêt a beaucoup souffert et 2003 a été catastro- phique. Le bostryche a été très virulent, ce qui a entraîné un nouveau déséquilibre entre l’offre et la demande de grumes (beau-

coup trop de grumes sur le mar- ché), ce qui a provoqué un nou- veau tassement des cours. La tempête et ses conséquences ont complètement bouleversé les marchés (sciages et grumes) et toute la filière bois en souffre encore. Càd : Où vous approvision- nez-vous ? S.M. : Essentiellement dans un rayon de 50 à 60 km. Auprès de l’O.N.F., des exploitants, des pro- priétaires privés, et de Suisse. Càd : Les métiers du bois sont-ils attractifs ? S.M. : Nous avons beaucoup de mal à recruter, donc chaque fois que nous avons quelqu’un de compétent, nous anticipons l’em- bauche pour pouvoir le garder. Notre problème, c’est que le métier de scieur a encore une mauvaise image. Dans les éta-

blissements scolaires, la filiè- re bois commence à très bien communiquer mais il reste beau- coup à faire. Récemment, dans une école, un professeur parlait des énergies renouvelables et n’a même pas cité le bois ! Il res- te beaucoup à faire pour redo- rer l’image de cette profession dans laquelle il y a des possi- bilités d’évolution et qui est bien loin de l’image du métier bruyant et à risques. C’est vraiment un métier passionnant. Càd : Les 80 ans de la scierie Mougin seront fêtés ? S.M. : Pas spécialement. Nous l’avions fait pour les 70 ans car ça correspondait au passage de témoin entre mon père et moi. On fêtera sans doute les 100 ans, quand il s’agira que je passe le témoin à mon tour. ! Propos recueillis par J.-F.H.

a été multiplié par 5, ainsi que le volume de bois annuel. Nous nous situons maintenant dans la bonne moyen- ne des scieries de rési- neux de la région.

“Il y a encore des bois de tempête sur le marché.”

Càd : Loin des grosses unités de production ? S.M. : Nous restons dans la moyenne des structures fami- liales de première transforma- tion, loin en effet des grosses unités vosgiennes par exemple. Càd : Qui sont vos clients ? S.M. : Ce sont essentiellement les généralistes, les négociants de matériaux comme Point P, Big Mat… Le problème, c’est qu’il y a de moins en moins d’in- dépendants sur le marché, ils

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