Journal C'est à Dire 87 - Mars 2004

D O S S I E R La pénurie de médecins guette le Haut-Doubs

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L’offre d’accès aux soins est-elle suf- fisante dans le secteur de Morteau- Maîche ? La question est posée dans une récente étude menée par l’ob- servatoire régional de la santé. L’O.R.S. a passé au crible les professions de santé, les responsables de structures médicales, les élus et la population afin de vérifier si l’offre de soins est adaptée à la demande des habitants. Pour l’instant, l’équilibre semble res- pecté. D’un côté la population estime bénéficier d’un système de soins suf- fisamment étoffé, regrettant tout de même le manque de spécialistes. De l’autre, médecins et infirmières recon- naissent que la charge de travail est importante. Cet équilibre est fragile, le Haut-Doubs est guetté par une cri- se des professionnels de santé, une population qui se renouvelle mal et qui a tendance à bouder les zones rurales. Le point dans ce dossier.

Enquête Une crise de la santé guette le Haut-Doubs

Pour l’instant, l’équilibre entre la demande de soins et le nombre de professionnels de santé est encore respecté. Mais les perspec- tives à venir sont moins réjouissantes.

cès à des spécialistes.” Danièle Sekri, précise cependant que “les gens n’ont visiblement pas de difficultés pour se rendre chez un spécialiste à Besançon ouMontbéliard.” De toute façon, ils n’ont pas beaucoup d’autre choix. Actuellement, dans le périmètre géo- graphique de Morteau et Maîche, l’équi- libre entre la demande de soin de la part des patients et le nombre de profes- sionnels de santé est globalement res- pecté. Médecins et infirmières s’orga- nisent pour assumer la prise en char- ge des malades. Mais cette harmonie est fragile. L’enquête de l’O.R.S. pré- cise que “les professionnels de santé aimeraient pouvoir alléger leur char- ge de travail en diminuant les gardes et en facilitant les remplacements.” Par ailleurs, le vieillissement de population et les difficultés des professions de san- té à se renouveler risquent de ternir le tableau dans un avenir proche. Les premiers symptômes sont les délais d’at- tente pour obtenir un rendez-vous chez un spécialiste par exemple, où les agen- das des infirmières libérales qui ne sont pas extensibles pour accueillir de nou- veaux malades. “50 % des généralistes dans le secteur étudié ont au moins 50 ans. À un moment donné, ils vont par-

tir à la retraite. La question est de savoir qui va les remplacer, si l’on tient comp- te que les jeunes médecins qui arri- vent sur le marché n’envisagent plus de travailler 70 heures par semaine.” À cela vient se greffer une désaffection pour l’activité libérale contraignante. “Nous avons le sentiment que la plupart des nouveaux médecins ne cherchent pas à s’installer. Ils vont vers des postes où ils vont être salariés comme en méde- cine du travail, où en santé scolaire. C’est une tendance qui reste encore à confirmer.” Le risque à terme, est que la deman- de de soins soit trop impor- tante pour que les profes- sionnels de santé sur Mor- teau-Maîche puissent assu- rer la prise en charge des malades sans délais. À la suite de ce diagnostic, l’U.R.C.A.M. entend apporter des solutions. L’union régionale des caisses d’assurance mala- die envisage de mettre en place des actions de terrain en partenariat avec les élus locaux pour prévenir et anti- ciper la crise sur le marché des pro- fessionnels de santé. Les élus se disent prêts “à soutenir des actions d’attrac- tivité pour leur secteur.” “La finalité est

qu’il y ait plus d’infirmières et de méde- cins en activité dans les zones rurales. On peut imaginer de recenser par exemple toutes les infirmières, en âge d’exercer, qui ont cessé leur activité ces 5 dernières années, et les inviter à reprendre le tra- vail. Il est possible également de trou- ver le moyen de promouvoir la méde- cine en milieu rural” souligne Danièle Sekri. L’ordonnance finale sera établie par les instances politiques qui ont leur part de responsabilité dans la gestion et l’organisation du système de santé. À l’heu- re où l’on prône l’hospitali- sation à domicile, il est temps de mettre en place les moyens humains néces- saires au fonctionnement d’un tel dis- positif. Le Haut-Doubs n’est pas la seule région rurale à être guettée par la crise. Il exis- te d’autres secteurs en Haute-Saône où le vieillissement de la population est responsable d’une augmentation des demandes de soins. Mais cette fois enco- re, la démographie des professions de santé n’évolue pas en proportion. ! T.C.

L e Haut-Doubs est-il confronté à une pénurie des professions de santé ? C’est pour tenter de répondre à cette question que l’obser- vatoire régional de la santé (O.R.S.) a mené l’enquête sur la zone d’emploi de Morteau-Maîche. Cette étude dont les résultats ont été publiés récemment, répond à la demande de l’union régio- nale des caisses d’assurance maladie (U.R.C.A.M.), en partenariat avec la direction régionale des affaires sani- taires et sociales (D.R.A.S.S.) et l’agen- ce régionale d’hospitalisation (A.R.H.). Tout d’abord, le diagnostic sur ce sec- teur rural indique que 43 médecins sont en exercice dont 37 généralistes et 6 spécialistes (1 gynécologue, 1 ophtal- mologue, 1 oto-rhino-laryngologue, 1 psychiatre et 2 radiologues). À ces chiffres on peut ajouter, 24 infirmières libérales et 12 masseurs-kinésithérapeutes. Com- paré à la moyenne nationale, le nombre de professionnels de santé est inférieur dans le Haut-Doubs. “La moyenne fran- çaise est de 115 médecins généra-

listes pour 100 000 habitants. Sur la zone d’emploi de Maîche-Morteau, elle est de 80 pour 100 000 habitants. Concer- nant les infirmières libérales, elle est de 96 pour 100 000 habitants au niveau national contre 46 pour 100 000 habi- tants sur la zone étudiée” observe Daniè- le Sekri, chef de projet à l’U.R.C.A.M. La complexité est de commenter ces écarts. Pour les infirmières, l’attracti- vité de la Suisse est une réponse à la pénurie de main d’œuvre constatée sur la bande frontalière. Les raisons sont plus diffuses pour les médecins géné- ralistes et les spécialistes. Ils auraient tendance aujourd’hui à bouder le milieu rural pour s’installer en zone urbaine où le confort de travail serait meilleur. Par exemple, à Besançon, les libéraux ne sont pas astreints à des gardes assu- rées par “S.O.S. médecin”. Pourtant, selon l’enquête, la population qui a été consultée ne semble pas pâtir de cette situation. Les habitants se disent “satisfaits” mais “émettent quelques réserves en matière d’urgence ou d’ac-

“50 % des généralistes dans le secteur étudié ont 50 ans”.

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