Journal C'est à Dire 87 - Mars 2004
D O S S I E R La pénurie de médecins guette le Haut-Doubs
11
36, Rue principale 25210 LES FONTENELLES Cuisines - Bain Rangements
La qualité à votre portée…
Tél : 03.81.43.70.16 - Fax : 03.81.43.74.73
L’offre d’accès aux soins est-elle suf- fisante dans le secteur de Morteau- Maîche ? La question est posée dans une récente étude menée par l’ob- servatoire régional de la santé. L’O.R.S. a passé au crible les professions de santé, les responsables de structures médicales, les élus et la population afin de vérifier si l’offre de soins est adaptée à la demande des habitants. Pour l’instant, l’équilibre semble res- pecté. D’un côté la population estime bénéficier d’un système de soins suf- fisamment étoffé, regrettant tout de même le manque de spécialistes. De l’autre, médecins et infirmières recon- naissent que la charge de travail est importante. Cet équilibre est fragile, le Haut-Doubs est guetté par une cri- se des professionnels de santé, une population qui se renouvelle mal et qui a tendance à bouder les zones rurales. Le point dans ce dossier.
Enquête Une crise de la santé guette le Haut-Doubs
Pour l’instant, l’équilibre entre la demande de soins et le nombre de professionnels de santé est encore respecté. Mais les perspec- tives à venir sont moins réjouissantes.
cès à des spécialistes. Danièle Sekri, précise cependant que les gens nont visiblement pas de difficultés pour se rendre chez un spécialiste à Besançon ouMontbéliard. De toute façon, ils nont pas beaucoup dautre choix. Actuellement, dans le périmètre géo- graphique de Morteau et Maîche, léqui- libre entre la demande de soin de la part des patients et le nombre de profes- sionnels de santé est globalement res- pecté. Médecins et infirmières sorga- nisent pour assumer la prise en char- ge des malades. Mais cette harmonie est fragile. Lenquête de lO.R.S. pré- cise que les professionnels de santé aimeraient pouvoir alléger leur char- ge de travail en diminuant les gardes et en facilitant les remplacements. Par ailleurs, le vieillissement de population et les difficultés des professions de san- té à se renouveler risquent de ternir le tableau dans un avenir proche. Les premiers symptômes sont les délais dat- tente pour obtenir un rendez-vous chez un spécialiste par exemple, où les agen- das des infirmières libérales qui ne sont pas extensibles pour accueillir de nou- veaux malades. 50 % des généralistes dans le secteur étudié ont au moins 50 ans. À un moment donné, ils vont par-
tir à la retraite. La question est de savoir qui va les remplacer, si lon tient comp- te que les jeunes médecins qui arri- vent sur le marché nenvisagent plus de travailler 70 heures par semaine. À cela vient se greffer une désaffection pour lactivité libérale contraignante. Nous avons le sentiment que la plupart des nouveaux médecins ne cherchent pas à sinstaller. Ils vont vers des postes où ils vont être salariés comme en méde- cine du travail, où en santé scolaire. Cest une tendance qui reste encore à confirmer. Le risque à terme, est que la deman- de de soins soit trop impor- tante pour que les profes- sionnels de santé sur Mor- teau-Maîche puissent assu- rer la prise en charge des malades sans délais. À la suite de ce diagnostic, lU.R.C.A.M. entend apporter des solutions. Lunion régionale des caisses dassurance mala- die envisage de mettre en place des actions de terrain en partenariat avec les élus locaux pour prévenir et anti- ciper la crise sur le marché des pro- fessionnels de santé. Les élus se disent prêts à soutenir des actions dattrac- tivité pour leur secteur. La finalité est
quil y ait plus dinfirmières et de méde- cins en activité dans les zones rurales. On peut imaginer de recenser par exemple toutes les infirmières, en âge dexercer, qui ont cessé leur activité ces 5 dernières années, et les inviter à reprendre le tra- vail. Il est possible également de trou- ver le moyen de promouvoir la méde- cine en milieu rural souligne Danièle Sekri. Lordonnance finale sera établie par les instances politiques qui ont leur part de responsabilité dans la gestion et lorganisation du système de santé. À lheu- re où lon prône lhospitali- sation à domicile, il est temps de mettre en place les moyens humains néces- saires au fonctionnement dun tel dis- positif. Le Haut-Doubs nest pas la seule région rurale à être guettée par la crise. Il exis- te dautres secteurs en Haute-Saône où le vieillissement de la population est responsable dune augmentation des demandes de soins. Mais cette fois enco- re, la démographie des professions de santé névolue pas en proportion. ! T.C.
L e Haut-Doubs est-il confronté à une pénurie des professions de santé ? Cest pour tenter de répondre à cette question que lobser- vatoire régional de la santé (O.R.S.) a mené lenquête sur la zone demploi de Morteau-Maîche. Cette étude dont les résultats ont été publiés récemment, répond à la demande de lunion régio- nale des caisses dassurance maladie (U.R.C.A.M.), en partenariat avec la direction régionale des affaires sani- taires et sociales (D.R.A.S.S.) et lagen- ce régionale dhospitalisation (A.R.H.). Tout dabord, le diagnostic sur ce sec- teur rural indique que 43 médecins sont en exercice dont 37 généralistes et 6 spécialistes (1 gynécologue, 1 ophtal- mologue, 1 oto-rhino-laryngologue, 1 psychiatre et 2 radiologues). À ces chiffres on peut ajouter, 24 infirmières libérales et 12 masseurs-kinésithérapeutes. Com- paré à la moyenne nationale, le nombre de professionnels de santé est inférieur dans le Haut-Doubs. La moyenne fran- çaise est de 115 médecins généra-
listes pour 100 000 habitants. Sur la zone demploi de Maîche-Morteau, elle est de 80 pour 100 000 habitants. Concer- nant les infirmières libérales, elle est de 96 pour 100 000 habitants au niveau national contre 46 pour 100 000 habi- tants sur la zone étudiée observe Daniè- le Sekri, chef de projet à lU.R.C.A.M. La complexité est de commenter ces écarts. Pour les infirmières, lattracti- vité de la Suisse est une réponse à la pénurie de main duvre constatée sur la bande frontalière. Les raisons sont plus diffuses pour les médecins géné- ralistes et les spécialistes. Ils auraient tendance aujourdhui à bouder le milieu rural pour sinstaller en zone urbaine où le confort de travail serait meilleur. Par exemple, à Besançon, les libéraux ne sont pas astreints à des gardes assu- rées par S.O.S. médecin. Pourtant, selon lenquête, la population qui a été consultée ne semble pas pâtir de cette situation. Les habitants se disent satisfaits mais émettent quelques réserves en matière durgence ou dac-
50 % des généralistes dans le secteur étudié ont 50 ans.
Made with FlippingBook HTML5