Journal C'est à Dire 86 - Février 2004

24

L E P O R T R A I T

Grand’Combe-Châteleu

Mélanie ouvre les portes de son univers coloré Vivre de la peinture est le premier grand choix de Mélanie Bachmann. À 28 ans, elle part à la rencontre du public à travers une exposition au Conseil général à Besançon. Découverte.

S es coups de cœur ? Des peintres. Miro pour sa fan- taisie et Kandinsky pour ses lignes et ses couleurs. L’ins- piration ? Des pulsions plutôt, spontanées. “Je me laisse gui- der par une soif de nouvelles choses. Je jette sur mes toiles tout ce qui me passe par la tête. Quand on a une énergie créa- trice, il faut plonger dedans et sortir lorsqu’on a tout donné.” Mélanie Bachmann est artiste- peintre. Ce choix, elle l’assu- me et le revendique sans ambi- guïté. De toute façon, à l’écou- ter parler de son travail, on se dit qu’elle n’était pas faite pour autre chose. La peinture est son autre voix plus “conformiste” de peur d’avoir un jour à nourrir des regrets. Pourtant, les convictions de Mélanie Bachmann n’ont pas toujours été si affirmées, même si très tôt elle a manifesté l’en- vie de suivre des études artis- tiques. Son père Bernd n’est pas étranger à tout ça. “Depuis tou- te petite, il m’a donné une lec- ture poétique du monde. Plus tard, j’ai pris de la distance par rapport à cet héritage que je mets en avant aujourd’hui. C’est un héritage sensible.” L’école des Beaux-Arts de Besan- çon qu’elle intègre après le lycée, ne reconnaîtra pas cette sensi- langage, fluide et colo- ré. Il s’affinera avec le temps. À 28 ans, cette jeu- ne fille de Grand’Combe- Chateleu prend le pari de vivre de son art. Inutile d’hésiter, de trouver une

bilité. Son ouverture à la cou- leur et sa tendance à impliquer ses émotions dans ses créations ne correspondaient pas à la façon d’enseigner l’art dans cette ins- titution. Elle sort non-diplômée. S’ensuit une période de sa vie où la peinture est moins pré- sente, avant qu’elle ne rejoigne la société Cuisines Vaissier à Besançon. Le responsable Antoi- ne Raoul va réveiller en elle cet- te envie de peindre. “Jusque-là, j’avais approché la peinture d’une façon scolaire sans penser un jour ne pouvoir faire que ça. À partir du moment où j’ai com- mencé à peindre pour moi, en accord avec mes émotions, sans Antoine Raoul va l’inviter à pour- suivre sa démarche, et le maga- sin rue Montjoux devient rapi- dement un lieu d’exposition. Les toiles sont plutôt bien accueillies par le public. La peinture de Mélanie Bach- mann interpelle. La résumer à un simple “j’aime ou je n’aime pas” est un jugement de toute évidence trop hâtif. Au contrai- re, la première approche écar- te le sentiment de “déjà vu.” Le style est plus complexe, tech- nique, il donne à voir, les cou- leurs sont vives et le trait en mouvement. Cette artiste nous ouvre les portes de son imagi- naire et d’un univers vif, par- personne au-dessus de moi pour valider le résultat plastique, mon travail a décollé. Plus qu’une expé- rience, la peinture est devenue un besoin.” Atten- tif au talent de Mélanie,

fois ludique ou tourmenté. Dans la plupart de ses créations, elle ajoute du texte à la peinture. Étonnant. La lettre et le mot se mêlent à la forme, ce qui donne une autre dimension au gra- phisme de l’ensemble du tableau. “Quand je peins, c’est un conden- sé énorme de recherche d’har- monie, de tension, d’écriture du moment. Tout se passe en même temps. Comme j’utilise des matières qui sèchent très vite, mon temps de réflexion est très court.” Ce style est empreint de spon- tanéité avec toujours ce besoin de poser du texte, comme si Mélanie Bachmann voulait emmener l’observateur là où elle veut, afin qu’il ne fasse pas faus- se route dans la compréhension de l’œuvre. Comme si le tableau ne suffisait pas à lui-même pour transmettre des émotions. Elle avoue : “Je suis un peu obsé- dée par le fait que je veuille décri- re ce que je ressens. La couleur ne suffit pas. Il faut les mots qui sont autant de petits soldats qui livrent bataille pour dire en quelque sorte qui je suis. À mes yeux, l’écriture, c’est aussi du graphisme.” La toile se lit, l’ar- tiste lance quelques indices et dévoile une part de son inti- mité. La peinture vous parle. En décembre, Mélanie Bach- mann s’est retrouvée dans son atelier à Grand’Combe-Chate- leu pour travailler et créer. Elle a préparé une exposition inti- tulée “Cache-cache en atten- dant le printemps” qui se dérou- le jusqu’au 31 mars au Conseil

“La couleur ne suffit pas. Il faut les mots.”

Mélanie Bachmann : “Plus qu'une expérience, la peinture est devenue un besoin.”

général à Besançon. L’artiste commence à se mettre en scè- ne. C’est un premier aperçu de son potentiel. Il témoigne de son tempérament, de ses impressions d’un instant et d’un style qui n’est pas abouti mais en perpétuelle évolution. Mélanie n’en est qu’à ses débuts, elle va maintenant se

tourner vers l’extérieur, pour- quoi pas présenter ses créa- tions dans d’autres régions. Surtout, il faut aller va de l’avant sans prétention, mais pas sans ambitions. Avec l’ex- périence et l’originalité peut- elle songer un jour pénétrer le sérail des peintres contempo- rains reconnus. ■ T.C.

29 € Mercredi 10 mars 2004 20h30 FRASNE Samedi 20 mars 2004 20h30 DAMPRICHARD Lundi 22 mars 2004 20h30 VALDAHON RENSEIGNEMENTS TÉL. 03 81 44 57 64

DISCO Vacances

Music Plus

Les Chœurs de

l’Armée Rouge présentent

Made with FlippingBook - professional solution for displaying marketing and sales documents online