Journal C'est à Dire 315 - Avril 2025

PLATEAU DE MAÎCHE

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Le Mil’Ô Doubs au service des jeunes ruraux sans solution de mobilité Emploi

Soucieuse de répondre aux besoins des jeunes de 16 à 25 ans vivant à la campagne et rencontrant des difficultés de déplacement, la Mission Locale vient d’investir dans un bus qui ira à la rencontre de ce public précaire. Notamment sur le Plateau de Maîche.

D epuis deux ans, la Mis sion Locale du Haut Doubs voit sa fréquen tation progresser de façon assez significative : + 8 % en 2023, + 4 % en 2024. “On constate qu’on a des jeunes très fragiles, souvent en situation d’isolement avec des besoins de soutien psychologique” , indique Barbara Breton, directrice adjointe de cette structure qui

intervient sur neuf communautés de communes, soit tout le Haut Doubs de Mouthe à Saint-Hip polyte. L’occasion de rappeler que les Missions Locales sont mission nées pour l’insertion des jeunes de 16 à 25 ans et jusqu’à 29 ans pour les travailleurs en situation de handicap. “On assure l’inser tion et l’orientation professionnelle en proposant un accompagnement

Mil’Ô Doubs, c’est maintenant l’affaire de Sébastien Bôle-du Chomont, conseiller en insertion professionnelle et chargé de sillonner le territoire à la rencontre des jeunes freiné dans leurs démarches par des problèmes de mobilité.

ficié du soutien du Fonds Social Européen. Depuis quelques semaines, le Mil’Ô Doubs circule sur son ter ritoire d’attache. Avec deux modes de fonctionnement associant des tournées régulières et des dépla cements selon des sollicitations. “Il n’y a pas vraiment d’accueil assuré tel jour à la même heure au même endroit. Le dispositif est encore en phase de rodage. On peut également combiner les déplacements avec ceux de la Croix Rouge sur roues quand elle va distribuer de l’aide alimen taire.” n

sionnelle sur un poste rattaché à 100 % au Mil’Ô Doubs. “J’ap précie beaucoup cette fonction iti nérante qui offre une autre vision du métier” , explique Sébastien Bôle-du-Chomont en présentant l’intérieur de son véhicule. Lequel comprend, à l’arrière un espace pour des ateliers collectifs et, à l’avant un autre poste plus petit pour des entretiens individuels. “On a des équipements comme un casque de réalité virtuelle pour découvrir 300 métiers. On dispose aussi d’un simulateur de conduite pour se familiariser au permis de conduire.” Cet emploi a béné

60 000 euros avec une subvention de 20 000 euros de la C.A.F. du Doubs. Son nom : Mil’Ô Doubs rappelle l’idée de la Mission Locale du Haut-Doubs sous une forme plus tonique. “Avec cet outil, on répond déjà aux futures préconisations de l’Inspection Générale des Affaires Sociales sur le thème de la pauvreté des jeunes en milieu rural” , souligne Romuald Vivot. Le projet intègre également le recrutement de Sébastien Bôle du-Chomont. Précédemment chez France travail, il est désormais conseiller en insertion profes

sur le champ social, santé, loge ment, mobilité. C’est plus large que France Travail qui s’occupe des demandeurs d’emploi adultes” , résume Romuald Vivot, président de la Mission Locale Haut-Doubs. Face aux difficultés de certains jeunes qui n’ont pas de solution pour se rendre dans les antennes de la Mission Locale Haut-Doubs à Pontarlier, Morteau, Valdahon ou Maîche, décision a été prise d’investir dans un camping-car aménagé qui ira à la rencontre des jeunes sur tout le territoire. Coût de l’équipement :

La Mission Locale du Haut-Doubs a investi 60 000 euros dans un camping-car aménagé en bénéficiant d’une aide de 20 000 euros de la C.A.F. du Doubs.

L’école de Bonnétage sensibilise à l’autisme Bonnétage

L’autisme, concrètement !

L’autisme est un trouble neuro-dévelop pemetal qui se manifeste dès la petite enfance et persiste tout au long de la vie. Ses manifestations varient énormément d’une personne à l’autre, rendant certains individus relativement autonomes, tandis que d’autres nécessitent un accompagne ment important. Il affecte beaucoup la com munication par un retard voire une absence dans le développement du langage, son utilisation inadaptée (répétition de mots ou de phrases entendues) et une difficulté à comprendre les nuances, le second degré ou l’implicite. Les interactions sociales en pâtissent avec des difficultés à établir un contact visuel, à interpréter les expressions du visage ainsi que des problèmes pour partager des intérêts ou comprendre les émotions des autres. Les autistes peuvent aussi développer des intérêts obsessionnels pour certains sujets, répéter des mouve ments, des comportements et construire une forte résistance aux changements de routine. Enfin certains souffrent de sensibilité aux sons, lumières, textures, contacts phy siques ou odeurs. Il n’existe aucun traite ment curatif, seules des interventions adap tées (théories comportementales, éducatives et parfois biomédicales) peuvent aider à améliorer la qualité de vie et le développement des compétences. n

Les enfants de Bonnétage ont travaillé sur leur perception de ce handicap invisible et sur la meilleure inclusion possible d’un de leurs camarades atteint de ce trouble.

Sabrina Gouverd (directrice de l’école) et Sandra Reuille Rompré (A.E.S.H.) accueillent les parents venus visiter l’exposition.

E n France, l’autisme concerne entre 700 000 et 1 million de personnes. Les politiques publiques de prise en charge sont encore largement sous-dimen sionnées en comparaison d’autres pays. Des progrès ont été réalisés avec une augmentation du nombre d’en fants scolarisés, mais les moyens res tent insuffisants pour garantir une inclusion effective. On constate éga lement un retard préjudiciable en termes de dépistage et un manque de structures adaptées. “C’est un retard de langage qui a déclenché notre inquié

tude” , confie la grand-mère de cet enfant scolarisé à Bonnétage. Suivi depuis la maternelle, il a trouvé sa place dans un milieu scolaire normal grâce à l’appui de Sandra Reuille Rompré son A.E.S.H. (Accompagnant des Élèves en Situation de Handicap). “Nous voulions sensibiliser les enfants et leurs parents afin que tous adaptent leur comportement pour accepter ce handicap invisible et favoriser l’in clusion de cet enfant” , déclare Sabrina Gouverd, directrice de l’école. Enseignants et élèves ont travaillé tout une semaine sur l’autisme afin

ment installé un espace “Snoezelen”, une pratique de stimulation multi sensorielle accompagnée et contrôlée. “Nous avons fait passer toutes les classes par petits groupes pour expé rimenter un éveil sensoriel non directif et non verbal” , explique-t-elle. Ces espaces permettent aux accompa gnants des enfants en situation de handicap autistique de créer une autre forme de communication et de rentrer plus facilement dans leur espace en observant leurs réactions. “Je crois que nous avons atteint notre but en convainquant que l’autisme n’est pas une maladie mais un handicap. Il faut accepter la différence de ces enfants pour faciliter leur inclusion essentielle dans le système scolaire” , conclut Sabrina Gouverd. n

de présenter au public cette exposition. La couleur bleue réputée apaisante y était à l’honneur. De multiples post it révélaient les premiers sentiments des écoliers avant le travail de sensi bilisation : “L’autisme, c’est une mala die grave” , “c’est être dans son monde, il ne voit pas ce que l’on voit” , “il ne parle pas normalement” ou encore “c’est un problème dans la tête.” Tout le travail a consisté à lutter contre les préjugés et à présenter des docu ments, affiches ou vidéos éclairant leur jugement. Et les nouveaux post it de fin de semaine nous montrent une tout autre approche : “Je sais que l’autisme est un handicap pas facile” , “ce n’est pas contagieux” , “il a une autre vision du monde” ou “il est dif férent.” Fanny Guillemin avait égale

Une vue sur l’exposition de sensibili sation à l’autisme.

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