Journal C'est à Dire 261 - Janvier 2020

É V É N E M E N T

LE MASSIF JURASSIEN EN FORME OLYMPIQUE Les 3 èmes Jeux Olympiques de la Jeunesse (J.O.J.) d’hiver avec comme ville hôte Lausanne se déroulent du 9 au 22 janvier. L’événement réunit 1 880 athlètes de 70 nations en lice dans 18 disciplines différentes réparties sur 16 sites dont deux dans le massif jurassien. À savoir le stade nordique des Tuffes à Prémanon pour les épreuves de saut, combiné et biathlon, et la vallée de Joux voisine retenue pour les épreuves de ski de fond. Un grand spectacle sportif, pédagogique et populaire.

Les Tuffes

Un stade nordique taillé pour l’olympisme Avec ou sans neige, le site des Tuffes complètement rénové pour les épreuves de saut, combiné et biathlon des J.O.J. sort déjà grand gagnant de ce rendez-vous sportif qui profitera durablement au territoire jurassien, à tous points de vue.

dépend le stade des Tuffes. Le coût global de la rénovation du stade s’élève à 6 millions d’euros avec un financement partagé entre la Suisse, la Région B.F.C., le Département du Jura et l’État français qui verse 50 % de la somme.Trois ans de travaux pour remettre en état les installations, construire un bâtiment d’accueil avec bureaux et, en sous-sol, des garages. Le chantier comprend aussi l’allonge- ment de certaines pistes de ski et la remise à niveau du stade de biathlon avec un bâtiment spécifique, une pas- serelle et des gradins. “On disposemain- tenant d’un grand parking à l’entrée du stade qui peut aussi servir de drop-zone suivant les besoins. On s’inscrit bien en complémentarité du site de Chaux- Neuve” , souligne Nicolas Michaud. Dans la logique du développement dura- ble, l’organisation des J.O.J. s’inscrit dans le souci demobiliser les ressources humaines et naturelles locales. Il y a aussi un volet pédagogique. Les 10 cha- lets vestiaires-fartage installés aujourd’hui sur le site ont ainsi été conçus et posés avec les élèves du lycée

“Les J.O.J. ont permis de pérenniser les équipements du stade nordique des Tuffes pour les 20 prochaines années”, apprécie Nicolas Michaud, directeur du Centre National d’Entraînement de Ski Nordique dont dépend le stade des Tuffes.

du bois à Mouchard. “On a fonctionné de lamême façon avec les lycées de Saint- Amour et de Moirans qui ont fabriqué la vasque et son support visible sur la R.N. 5 au rond-point avec la route de Prémanon. Grâce à tous ces travaux, on dispose aujourd’hui d’un stade olym- pique avec l’espoir d’accueillir une Coupe duMonde de ski de fond en février 2021. On pourra mettre en avant l’expérience acquise lors des J.O.J.” Pour mémoire, la première Coupe du Monde de saut féminin s’était déroulée aux Tuffes l’hiver dernier. Le stade vivra à l’heure des J.O.J. du 10 au 22 janvier. Ce qui implique de mobiliser une armée de bénévoles. Ils seront près de 460 venus des 13 clubs du Jura et réunis au sein de l’association Jura Ski Event créée spécialement pour l’événement. Cette structure agit en concertation avec le comité d’organisa-

tion partagé en 16 commissions et qui fédère aussi des bénévoles du Doubs et de la Suisse. “C’est très enrichissant de travailler avec Lausanne qui nous apporte une expérience et de la sérénité.” Pendant deux semaines, le stade des Tuffes ressemblera à une vraie four- milière. 40 nations seront présentes la première semaine pour le biathlon et une vingtaine la semaine suivante pour les épreuves de saut et de combiné. Les J.O.J. n’auront bien sûr jamais le reten- tissement des J.O.d’hiver.7 000 scolaires ont été invités auxTuffes pour assister aux épreuves et venir encourager les futures stars du nordique. “On espère attirer 2 500 personnes chaque jour.” Si les athlètes sont hébergés au village olympique à Lausanne, les staffs tech- niques et médicaux résideront sur place. n F.C.

À l’heure où l’on ne jure plus que par le développement durable, les porteurs de la candidature de Lausanne aux J.O.J. 2020 ont sans doute eu raison de se rendre dès 2015 sur le site desTuffes. L’occasion de voir si ce dernier pouvait potentiellement accueillir un tel évé- nement et faire ainsi l’économie d’un lourd investissement dans un nouveau stade nordique qui n’aurait certainement plus lieu d’être dans lemassif jurassien. De quoi aussi poser les bases d’un projet de coopération profitable aux deux pays

et d’aboutir in fine à la création des premiers Jeux olympiques transfron- taliers. “La candidature de Lausanne a été retenue en 2016 par le C.I.O. au détriment de celle de Brasov en Rou- manie. Cela a donné lieu à de nouvelles rencontres pour analyser plus précisé- ment les besoins, évaluer les coûts. Ces J.O.J. représentent une vraie opportunité de rénovation notamment au niveau du tremplin de 90 m qui n’était plus du tout aux normes” , explique Nicolas Michaud, directeur du Centre National d’Entraînement de Ski Nordique dont

Joséphine et compagnie défendent les couleurs du Haut-Doubs Sport Le Haut-Doubs arrive aux J.O.J. avec des skieurs dans toutes les disciplines nordiques et notamment la prometteuse Joséphine Pagnier en saut à ski. Graines de champion.

chains J.O. “C’est encore loin” , estime celle qui actuellement préférerait de loin monter sur un podium de Coupe du Monde plutôt que de s’illustrer aux J.O.J. Nicolas Martin l’entraîneur en saut spécial et combiné nordique au comité de ski massif jurassien va suivre de près les trois jeunes combinards sélectionnés aux J.O.J. “Il y a toujours eu une vraie

régulièrement sur le site nor- dique de la Seigne équipé pour le biathlon. Des conditions idéales pour faire émerger ceux qui seront peut-être les cham- pions de demain. À 17 ans, Joséphine Pagnier est déjà sur le circuit Coupe du monde de saut à ski où elle se classe régulièrement entre la 25 ème et 30 ème place. “J’ai com-

Les six sélectionnés du massif jurassien Biathlon : Léonie Jeannier, ski-club Les Verrières-de-Joux l

A vec quatre jeunes athlètes sélectionnés, l’Olympic Mont d’Or sera sans doute l’un des clubs les mieux représentés aux J.O.J., du moins dans les disciplines nordiques. De quoi susciter la fierté de son président

Alexandre Rousselet. “C’est un super-moment à vivre pour eux. On n’a pas souvent l’occasion de participer à ce type d’événement, de vivre dans un village olym- pique. Pour en avoir fait l’expé- rience à quatre reprises, c’est au- dessus de tout aussi bien sur le

plan sportif que social, même si on n’est pas là pour leur mettre la pression” , explique l’ancien champion aujourd’hui entraî- neur national de ski de fond et des équipes de Francemilitaires. Il apprécie aussi que le club soit présent en fond et en combiné. Cette diversité traduit une poli- tique sportive axée sur la pra- tique de l’ensemble des disci- plines nordiques. “Au club, on souhaite qu’ils soient tous plu- ridisciplinaires. Libre à eux ensuite de se spécialiser.” Sans tirer des plans sur la comète, l’ancien vainqueur de la Transju en 2004 estime qu’il y a “largement de quoi faire une médaille en combiné. Emma, Mattéo et Marco courent déjà en coupe d’Europe et sont sélection- nables pour les J.O. de Pékin de 2022. Luc Primet est actuelle- ment en équipe régionale mais a le potentiel pour intégrer le club France. On sera derrière eux pour les encourager.” L’Olym- pic Mont d’Or compte 120 licen- ciés dont une soixantaine d’en- fants. Ils s’entraînent

l Ski de fond : Luc Primet, Olympic Mont d’Or

culture du combiné nordique dans le mas- sif jurassien. Le ren- dez-vous des J.O.J. est un temps fort de la sai- son car cela se passe

mencé le saut en 2010. J’y suis allée au départ pour les sensations, le plaisir de voler, et comme j’aimais bien la compétition, j’ai per-

l Saut à ski : Joséphine Pagnier, Risoux-Club Chaux-Neuve

“Largement de quoi faire une médaille en combiné.”

Combiné nordique :

l

Emma Tréand, Olympic Mont d’Or Mattéo Baud, Olympic Mont d’Or Marco Heinis, Olympic Mont d’Or

sévéré” , ajoute-t-elle qui a tou- jours été licenciée au Risoux Club à Chaux-Neuve. Elle appré- hende les J.O.J. avec prudence et sérénité. “C’est une étape dans une carrière et je ne me fixe pas d’objectifs de résultats. J’y vais plutôt avec la volonté de me concentrer sur la qualité de mes sauts.” Comme les autres sélectionnés du Haut-Doubs, elle sait qu’elle pourra compter sur de nombreux supporters locaux. Scolarisée en sport études au lycée deMoûtiers en Savoie, elle vit au jour le jour sa passion sportive sans trop se projeter sur l’avenir et les pro-

à la maison pour les trois jeunes du Haut-Doubs. Ce n’est pas une fin en soi mais une belle occasion de s’initier à l’esprit olympique.” S’il estime que les trois sélec- tionnés ont le niveau requis pour être aux Tuffes, il mise plutôt sur les garçons susceptibles de faire de belles choses. “Emma est lameilleure dans sa catégorie d’âge mais chez les filles, on manque encore de repères dans cette discipline assez nouvelle.” Nicolas Martin entraîne chaque semaine les trois jeunes combi- nards scolarisés en sport étude au lycée de Morez où ils sont libérés deux après-midi pour le

ski. “On effectue aussi des entraî- nements le samedi matin à Chaux-Neuve ou auxTuffes. Cela représente en moyenne une dizaine d’heures d’entraînement par semaine. C’est l’apprentissage du haut niveau et des sacrifices qu’ils devront consentir s’ils veu- lent aller plus loin.” n

Marco Heinis, Emma Tréand et Mattéo Baud : l’Olympic Mont d’Or est présent en force dans l’épreuve du combiné nordique.

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