Journal C'est à Dire 261 - Janvier 2020

D O S S I E R

Social

La Croix Rouge mobilité étend son réseau sur tout le Haut-Doubs Après le Haut-Doubs forestier, ce service rattaché à l’unité locale de la Croix Rouge de Pontarlier a ouvert en 2019 deux nouveaux points de distribution d’aide alimentaire à Gilley et au Russey. Et ce n’est pas fini…

La Croix Rouge

D ans ce pays de cocagne du Haut-Doubs, il est bon de rap- peler qu’on a procédé à deux expulsions de logements au 31 octobre, soit la veille de la trêve hivernale. La question n’étant pas de savoir si cela est justifié ou pas, mais de dire que cela existe aussi chez nous. Le dispositif de la Croix Rouge mobilité a étémis en place en 2016 avec l’objectif de distribuer de l’aide alimentaire sur des territoires ruraux où vivent aussi des familles en situation de précarité, sans moyens de loco- motion. “Quand on a ouvert les premiers points de distribution à Frasne et Levier en 2017,on appro- visionnait 38 familles” , explique Yves Leclerc, le président de l’unité locale de la Croix Rouge. 140 familles ont bénéficié du dispositif en 2019. Cette croissance s’explique avant tout par la multiplication des points de livraison à Labergement-Sainte-Marie et Mouthe en 2018 puis Gilley et au Russey l’an dernier. “On va au-devant de familles qui ne peuvent pas se dépla- cer. C’était particulièrement flagrant

au lancement du point de livraison du Russey. À l’image du secteur de Levier, ce territoire offre des solutions de loge- ment à des prix encore raisonnables. Cela permet d’héberger des populations à faibles revenus pour lesquelles se pose alors la question du transport.” La Croix Rouge mobilité intervient aussi à Pon- tarlier au service des bénéficiaires des Restos du cœur et du P’tit Panier. “On raccompagne les personnes qui auraient

mobilité a étendu son réseau de livraison au Russey en 2019.

aussi avec la livraison de fournitures scolaires à la rentrée, de cadeaux de Noël ou la mise en place de VestiBou- tiques mobiles.Toutes ces actions mobi- lisent des partenaires : collectivités, club-service, associations, commerces qui organisent des collectes, des actions ou donnent des denrées alimentaires. Une chaîne de solidarité se met en place. “On va ouvrir de nouveaux points à Jougne et aux Fourgs sous réserve de trouver quelques bénévoles supplémen- taires. La même démarche est à l’étude au Luhier, aux Gras voire à Arc-sous- Cicon. On a juste besoin d’avoir un espace d’accueil disponible tous les 15 jours et des bénévoles locaux pour opti- miser le service sur place” conclut le président. n F.C.

n’est pas gratuite mais soumise à la participation financière, certesmodeste, mais qui évite de tomber dans l’assis- tanat systématique ou la mendicité. Une façon aussi d’œuvrer dans le res- pect de la dignité des familles. L’accès au dispositif est reconduit ou pas tous les trois mois en fonction des change- ments de situation. Le choix des points de livraison coïncide pour l’instant avec des communes qui ont préservé leurs C.C.A.S. Elles mettent temporairement un local à la disposition de la Croix Rouge mobilité. Ce local sert aussi de point d’accueil des familles qui se voient proposer un café, une collation, une écoute, un temps d’échange. “On passe tous les 15 jours dans chaque point de distribution” ajoute Yves Leclerc. Avec le temps, le service se diversifie

la Caisse d’Allocation Retraite et de Santé au Travail… Sur les 140 familles accompagnées en 2019, 30 % disposaient d’un reste à vivre inférieur ou égal à zéro. Cette règle des 30 % peut se dupliquer à tous les publics en grande précarité. Rien n’est définitif. “On fonctionne dans une démarche de projet. Un accompagne- ment est mis en place après avoir iden- tifié la ou les causes du problème. L’aide alimentaire sert alors aux familles à réduire le poids de la nourriture dans le budget. Ce qui permet parfois mais pas toujours de réduire les dettes, remet- tre le pied à l’étrier et in fine , retrouver un emploi. Au 1 er janvier 2020, on est reparti avec 75 familles, ce qui signifie que 65 étaient sorties de la spirale.” Autre point important, la distribution

de grosses difficultés à rentrer chez eux à pied avec leur colis. C’est un transport sous condition. On sort parfois du cadre alimen- taire pour dépanner des gens en précarité qui n’auraient pas les moyens d’honorer une convoca-

Un reste à vivre inférieur ou égal à zéro.

tion ou un rendez-vous. Dans ces cas précis, on peut intervenir seulement dans les communes de moins de 12 000 habitants qui sont généralement dépour- vues de transports publics.” Ne bénéficie donc pas qui veut du service développé par la Croix Rougemobilité. Les familles sont identifiées et orientées par les ser- vices sociaux notamment ceux du Département mais aussi la C.A.F. ou

Pour que les Chaux-de-Fonniers achètent à La Chaux-de-Fonds Commerce Le commerce de centre-ville traverse une crise chez le voisin. La concurrence du Val de Morteau et d’Internet entraîne de nombreuses fermetures. Pour enrayer le déclin, La Chaux-de-Fonds lance une monnaie locale. Suffisant ?

locale chaux-de-fonnière en décembre dernier. Dénommée l’Abeille, elle se présente sous la forme d’une carte rechargea- ble, utilisable chez quelque 90 partenaires du territoire com- munal. La diversité de ceux-ci (commerces, établissements publics, prestataires de services, de loisirs, culturels, etc.) offre valeur et faire connaître davan- tage le tissu commercial local, tout en sensibilisant la population à la question de la consommation locale. Il s’inscrit dans une volonté de développer l’économie présen- tielle et de favoriser ce que les économistes appellent les circuits courts” explique le Conseil géné- ral de La Chaux-de-Fonds. C’est un moyen de soutenir le com- merce local en proposant des rabais. La Chaux-de-Fonds n’est pas la première à se lancer dans ce plan “Marshall”. Le Val-de-Travers, concurrencé par les commerces de Pontarlier voire ceux de Mor- teau, a lancé il y a 4 ans une campagne de communication pour inciter ses habitants à consommer local. Une forme de une large palette pour utiliser la carte. “Ce projet veut sou- tenir, mettre en

protectionnisme ? “Pas vraiment, répondait le conseiller communal Frédéric Mainy alors en charge des questions commerciales. Nous n’avons pas installé de mesures contraignantes. Nous ne cherchons pas à stigmatiser. Un Suisse peut aller consommer ailleurs mais nous lui rappelons le rôle social de nos commerces ce genre de commerce. Et pas vers Décathlon par exemple” expli- quait l’élu. Cette initiative invitant les com- merçants à coller des autocol- lants “J’achète ici” promeut l’achat local grâce à une cam- pagne de communication finan- cée par la collectivité : “La Confé- dération aide l’installation des grandes entreprises ou la recherche mais pas le commerce de proximité. Nous avons choisi de le faire pour les aider” insis- tait-il. Malheureusement pour les commerçants helvètes, le Suisse regarde de plus en plus son porte-monnaie pour trouver le produit moins cher. Souvent, c’est de l’autre côté de la frontière qu’il le trouve, ou sur le Net. n E.Ch. locaux. Une associa- tion sportive qui cherche du sponso- ring se tournera vers

direz-vous. Face à ce constat, la commune de La Chaux-de-Fonds a sou- haité intervenir en donnant la priorité à ses habitants pour se stationner en centre-ville afin d’éviter la présence des voitures ventouses (voir notre édition d’octobre). Autre point, plus récent, la création de la monnaie

L es commerçants du cen- tre-ville de La Chaux- de-Fonds, en difficulté, ne sont plus seuls à se battre pour tenter d’attirer à

deux concurrents de poids : la proximité de la frontière et Inter- net. De nombreuses boutiques ont déjà baissé pavillon. Rien de nouveau pour les centres

nouveau le chaland. Cela suf- fira-t-il ? Épiciers ou gérants de boutiques de vêtements en Suisse affrontent depuis quelques années maintenant

“Ce n’est pas du protectionnisme.”

Comme ici aussi au Val- de-Travers, des actions pour favori- ser l’achat local sont menées par les commer- çants. La Chaux-de- Fonds vient de s’y mettre (photo archive Càd).

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