Journal C'est à Dire 259 - Novembre 2019

A G E N D A

L’église du Bizot, vivant témoignage de l’art des bâtisseurs De la corde à 13 nœuds à la démonstration géométrique, tout n’est qu’une question de logique pour comprendre comment, avec des moyens de mesure rudimentaires, on arrive à construire des chefs- d’œuvre comme le démontre Jean-François Chopard associé avec Jean-Marie Robbe dans la réalisation d’un livre dédié à l’église Saint-Georges du Bizot. Livre Jean-François

Chopard et Jean-Marie Robbe ont

G rand observateur de la nature et du patrimoine, Jean-François Chopard s’in- téresse depuis fort longtemps aux motifs floraux qui ne sont pas sans lui rappeler la manière dont est construite l’église du Bizot. Construit en 1503 sur les plans d’un premier édi- fice datant de 1331, ce chef-d’œuvre de l’architecture de la fin du Moyen Âge reflète le génie des compagnons bâtisseurs. “Avec une corde à 13 nœuds, ils étaient capables de tracer les plans d’une église comme celle du Bizot” , explique Jean-François Chopard. Cette corde d’une longueur de 12 cou- dées identiques permettait de manier

les principes élémentaires de trigono- métrie proportionnelle. Tous les tracés reposent sur l’application du fameux nombre d’or appelé aussi la divine pro- portion chère à Léonard de Vinci et dont on peut aussi en voir la trace à la roche sacrée de La Bosse où sont gravés quelques graffitis géométriques assez troublants. Ces rapports de proportionnalité omni- présents dans les plans, l’orientation, la décoration de l’église du Bizot méri- taient bien quelques explications plus rationnelles. Jean-François Chopard a fait la connaissance de Jean-Marie Robbe, ancien prof de maths, lors d’une sortie organisée autour des orgues locales.Très vite, le courant passe entre ces deux amoureux du patrimoine qui décident alors d’associer leurs compé- tences respectives dans la rédaction d’un livre consacré à l’église du Bizot. L’édifice s’inscrit dans un contexte his- torique et religieux autour de la sei- gneurie de Réaumont et de l’église mère du Bizot. Les deux auteurs s’in- téressent à l’architecture proprement dite de l’édifice. Ils démontrent et jus- tifient les choix de l’architecte, expli- quent les richesses de la décoration, les sculptures, les statues… “Tout n’est qu’une histoire de géométrie dans ce

associé leurs savoirs dans la réalisation de cet ouvrage qui permet de découvrir l’église du Bizot sous un angle plus géométrique.

Le dessin de la croix petrus gravée sur la plus ancienne pierre tombale de l’église reproduit des figures faisant référence au nombre d’or.

monument qui a subi quelques légers remaniements mais qui reste conforme à 80 % à la construction initiale. Il manque notamment le clocher à quatre pans qui a été remplacé par la flèche actuelle” , note Jean-Marie Robbe en soulignant que le volet géométrique de l’ouvrage est traité de façon très pédagogique et séparé du corps du texte principal pour ne pas décourager ceux qui seraient encore fâchés avec les mathématiques. Cet ouvrage qui n’a rien de spirituel apporte un autre regard sur l’édifice et l’on découvre que rien n’a été laissé au hasard. Illustration avec la plus ancienne pierre tombale décorée d’une croix. “C’est un élément très riche sur le plan géométrique. On retrouve toutes les références autour du nombre d’or

dans les figures qui ont servi à dessiner cette croix.” Un chapitre du livre évoque aussi la manière dont on enterrait les morts avant l’obligation du cercueil individuel. Les corps étaient alors transportés dans un semblant de cer- cueil dont l’utilisation était tarifée à la famille selon que l’on soit riche, médiocre ou moindre. “Cette caisse existe toujours. Les morts des villages rattachés à l’église mère du Bizot étaient transférés en suivant des chemins appe- lés les “Vy aux morts” , complète Jean- François Chopard. n Un livre ouvert sur l’Art des Bâtisseurs : L’église du Bizot Jean-François Chopard et Jean-Marie Robbe Éditions Pierres et terroir

Reproduction de l’église originelle avec son clocher à quatre pans qui fut ensuite remplacée par

la flèche actuelle.

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