Journal C'est à Dire 251 - Février 2019

L E P O R T R A I T

Jacques Pfahrer, jeune romancier Ancien patron de la cartonnerie familiale, le Mortuacien Jacques Pfahrer vient de sortir son premier roman. Un livre à la fois empreint d’émotion, d’humour et de pro- fondeur, fruit de l’expérience d’une vie bien remplie. Morteau

allemand venu s’installer àMor- teau pour y faire prospérer son affaire d’emballages en carton, “car àMorteau, mon grand-père savait qu’il y avait de l’horlogerie et une chocolaterie, donc unmar- ché potentiel pour lui” dit-il. C’est donc en 1886 que la famille Pfah- rer viendra s’installer dans le Haut-Doubs. Le jeune Jacques ne se destinait pas vraiment à reprendre l’af- faire familiale reprise par son père Armand. Il est donc parti suivre des études dans les arts décoratifs à Strasbourg, une ville à laquelle il rend un hommage

de folie en construisant le bâti- ment de 4 000 m 2 au Bas-de-la- Chaux.Mais je ne le regrette pas.” Il attendra l’âge de 69 ans pour mettre un terme à sa carrière après avoir vendu son entreprise et pouvoir goûter, enfin, à du temps libre. “Je préfère dire que j’ai cessé mon activité plutôt que partir en retraite. Je n’aime pas le mot retraite…” Car l’homme est toujours aussi actif. Il n’a arrêté le ski alpin, une de ses passions, que très récemment, et ce grand amateur de marche continue à entretenir sa forme par de longues balades

C eux qui ne le connais- sent pas pourraient croire le personnage un peu austère. Mais der- rière l’apparente discrétion de cet ancien patron mortuacien, ce n’est pas de la rigueur que l’on trouve, mais au contraire une profonde humanité. Et der- rière la sobre moustache se cachent un vrai sourire, et un sens de l’humour particulière- ment affûté. Jacques Pfahrer fait partie de ces capitaines d’in- dustrie qui ont consacré le plus clair de leur vie professionnelle au travail.Aujourd’hui, à 80 ans passés, il semble être venu pour lui le temps des confidences. Mais la pudeur n’est jamais loin. Car le roman qu’il vient de sortir, intitulé “Nous ne sommes plus des ados” - n’est pas une auto- biographie, mais sous le nom des personnages de fiction per- cent inévitablement les souvenirs de l’auteur. Il faut donc le lire

pour percevoir entre les lignes l’expérience de vie, l’humour souvent fin, l’œil avisé et l’hu- manité de Jacques Pfahrer qui a donc attendu de “sortir de mes contraintes professionnelles et de retrouver une certaine sérénité pour pouvoir concrétiser ces idées d’écriture qui avaient germé dans ma tête et qui me titillaient depuis plusieurs années” dit l’au- teur. Au fil des pages, on suit donc le cours d’une vie, de l’en- fance à l’âge adulte, en passant par l’adolescence et les années sombres d’une guerre d’Algérie qui ne disait pas son nom et que le personnage aura vécue avec douleur. “Il est clair que c’est la période la plus sombre de ma vie dont je ne garde pas le moin- dre bon souvenir” dit aujourd’hui Jacques Pfahrer. Pour le reste et heureusement, la plupart des souvenirs sont plus heureux. Ce Mortuacien de naissance est le petit-fils d’un émigré suisse

appuyé dans le livre. “J’aurais voulu pour- suivre à l’école Estienne à Paris, l’école supé- rieure des arts et indus- tries graphiques, mais l’autorité parentale de l’époque n’était pas contestable. J’ai donc

en forêt, “tout seul, pas en troupeau…” sourit- il. Il y a quelques années, à l’invitation de son fils Sébastien qui travaille sur la riviera suisse du Léman, ils ont parcouru tous les deux à pied, au départ de

Il a des tonnes d’anecdotes dans les cartons…

repris la cartonnerie” raconte Jacques Pfahrer.Une cartonnerie qu’il n’aura de cesse de dévelop- per au fil de sa carrière, opérant plusieurs agrandissements et déménagements, de la rue Per- tusier où il a démarré dans des locaux de 180 m2 au chemin des Pierres (où s’implantera ensuite le centre du courrier deMorteau). À cette adresse, l’industriel construira un bâtiment de 750 m 2 , deux fois agrandi par la suite. “Si je ne faisais pas ces investissements, on était foutus. Et à 59 ans, j’ai réalisé mon coup

Morteau, un trajet à travers bois et pâturages qui les a emmenés jusqu’à Vevey, soit 150 km de marche en 5 jours via les crêtes jurassiennes. Parmi ses autres passions : le cheval. “Je suis passionné depuis ma petite enfance par les chevaux. Après des chutes non sans consé- quences, je persistais àme remet- tre en selle tout enme définissant comme un piètre cavalier” dit- il. Ce sont donc tous ces souvenirs de vie qu’invite Jacques Pfahrer, le jeune romancier octogénaire,

Jacques Pfahrer, fringant octogénaire, signe là son premier roman.

dant toutes ces années, Jacques Pfahrer avait accumulé des tonnes d’anecdotes dans ses car- tons.Il lui a semblé venu le temps d’en déballer une partie dans ce premier roman, en levant le voile sur un parcours à la fois riche et enrichissant, entre réalité et fiction. n J.-F.H.

à partager avec les lecteurs. Son roman, édité aux Éditions mor- tuaciennes, est en vente à la librairie “Les Trois souhaits” à Morteau. Sans doute qu’en le lisant, on percevra un peumieux à travers les belles rencontres qui ont jalonné son existence, la personnalité de cet homme qui jusque-là s’était peu confié. Pen-

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