Journal C'est à Dire 251 - Février 2019

V A L D E M O R T E A U

Coup de sang aux urgences Pontarlier Les grèves du personnel soignant cachent un profond malaise sur fond de manque de moyens, de place, et d’un turn-over dans les équipes. Des annonces sont attendues. Arriveront-elles à temps ?

D ans la salle d’attente des urgences de Pon- tarlier, cette maman retrouve son jeune fils tombé dans la cour de l’école. Bandage autour de la tête, il s’est ouvert l’oreille. La prise en charge par l’équipe médicale sera - relativement - rapide.Mais ce n’est pas toujours le cas. En quelques minutes, trois autres personnes franchissent la porte d’entrée. Le service est rapide- ment saturé. Faute de places suffisantes, des rideaux sont tirés et font office de boxes de soins. Fin janvier aux urgences de Lons-le-Saunier, un patient est décédé d’un arrêt cardiaque la veille de son admission à l’hô- pital, faute de soins.Une enquête est en cours. Pontarlier n’a heu- reusement jamais connu de tel drame. “Pour l’instant, on gère, mais demain je ne sais pas…” nuance le chef des urgences du centre hospitalier de Haute- Comté Philippe Marguet. Des affiches placardées dans le ser- vice par les infirmier(e)s expli- quent aux malades pourquoi l’attente est si longue. “On les comprend. Ils font unmétier dif- ficile” dit cette maman venue pour son fils, atteint de maux de ventre récurrents. Un autre est venu parce qu’il s’est blessé dans son usine située dans le Val-de-Travers. Une collègue l’a accompagné jusqu’à Pontarlier. Une grève a été lancée en janvier par le personnel soignant et notamment les infirmier(e)s. Le fonctionnement était assuré. Tous se disent à bout dans ce service qui a enregistré 14 départs en deux ans, liés à des conditions de travail difficiles. Les agents ne peuvent pas pren- dre leurs jours de repos parce

Les infirmières en première ligne “Des personnes de 90 ans attendent 12 heures sur un brancard” Après 13 ans aux urgences, cette infirmière a choisi d’intégrer un nouveau service de l’hôpital.

La salle d’attente des urgences se remplit parfois très vite.

qu’il faut remplacer un collègue absent. “La nuit dernière, je suis partie en intervention avec le S.M.U.R.Ma collègue était seule de 23 heures à 5 heures dumatin dans le service” explique Hélène D., infirmière urgentiste depuis 10 ans. Elle confirme l’afflux toujours plus nombreux de patients. Avec 25 000 entrées par an, soit une progression de 30 % de l’ac- tivité depuis 2011, la promiscuité devient pesante : “J’ai parfois honte de faire attendre les per- sonnes parfois pendant

obtenu du renfort et une étude (lire par ailleurs). “Il ne faudra pas attendre 6 mois avant d’ob- tenir une réponse et des solu- tions !” soupire un professionnel qui ne s’attend pas à des mira- cles. Laure Brutillot, 13 ans d’urgence comme infirmière, honorait son dernier service vendredi 25 jan- vier. Elle rejoint une autre unité, symbole dumalaise latent et du manque de reconnaissance pour ce personnel souvent placé en première ligne. n E.Ch. d’économies. J’ai interpellé le directeur de l’A.R.S. que j’ai ren- contré le 30 janvier. Certes le problème est national mais il l’est encore plus en zone frontière avec le manque de personnel. Càd : Pour l’Agence régionale de santé, l’hôpital de Pon- tarlier est “efficient.” Est-ce une façon implicite de dire qu’il n’y aura pas de recru- tements massifs ? P.G. : Je trouve cette réaction inadmissible.Je sais le personnel consciencieuxmais faut-il atten- dre qu’il y ait unmort pour réa- gir ? n Recueilli par E.Ch.

6 heures… Mais je n’ai pas le choix. Je refuse d’examiner les gens dans le couloir,mais je m’in- terroge de savoir pourquoi une famille vient aux urgences pour leur enfant qui a de la fièvre. Nous lançons une étude (ano- nyme) pour savoir si les per- sonnes viennent parce qu’elles doivent avancer des frais ailleurs ou parce qu’elles n’ont pas eu de réponse de la médecine de ville” poursuit le médecin. Jamais les autorités ne se sont posé ces questions ! Les syndicats ont rué dans les brancards. Ils ont

D epuis le 25 janvier, les rires et la bonne humeur com- municative de Laure ne résonnent plus dans le couloir des urgences. La jeune femme a rejoint un autre service de l’hô- pital. “Je pars parce que j’aime beaucoup mon travail et les gens. J’ai une grande conscience pro- fessionnelle et si je reste aux urgences, j’aurais peur de devenir aigrie et usée ! Après 13 ans d’ur- gences, j’ai également besoin de connaître d’autres services” dit la professionnelle qui témoigne. Son constat est sans appel : “Le nombre de passages aux

urgences a augmenté. C’est en partie lié à la fermeture des urgences de Champagnole. Les médecins traitants sont débordés. L’hiver, avec le ski, nous avons environ 20 personnes de plus par jour et les locaux, trop petits, ne sont pas adaptés à cette aug- mentation de passages. Bien sou- vent, nous n’avons pas le temps d’aller voir les personnes régu- lièrement. Des personnes de 90 ans attendent parfois 12 heures sur un brancard et la nuit, l’infir- mière est seule pour 20 patients : c’est très difficile.” Les patients, eux, ne sont pas tendres : “Ils ne supportent plus d’attendre, ils sont agressifs.” Une réalité qui se traduit par le départ de 14 “anciennes infirmières, ce qui fragilise l’équipe” conclut Laure qui communique désormais à d’autres collègues et patients sa bonne humeur. La conscience professionnelle des agents tient à bout de bras l'hôpital public. Jusqu’à quand ? n

Patrick Genre “Faut-il attendre un décès ?” Président du Conseil de surveillance de l’hôpital, le maire de Pontarlier interpelle l’A.R.S.

C’ est à dire : Compre- nez-vous la grève des agents ? Patrick Genre : Je la com- prends et je partage les préoc- cupations des personnels. Nous sommes au bout du bout. Il est demandé aux agents des fonc- tions toujours plus lourdesmais je comprends aussi la difficulté de la direction à qui il est

demandé de faire des économies.

Càd : L’audit sera-t-il un remède ? P.G. : Il n’y a pas une seule réponse à un problème. Il y aura bien quelques évolutions struc- turelles grâce à cet audit mais je ne crois pas que ce soit suffi- sant. L’A.R.S. a demandé à l’hô- pital de faire 3 millions d’euros

Son dernier jour aux urgences.

L’élite régionale du badminton à Morteau Sport Le Badminton Val de Morteau accueille à nouveau le championnat Bourgogne-Franche- Comté Jeunes de badminton. Les 9 et 10 mars au gymnase de Morteau.

A près une édition 2018 plutôt réussie, la candidature du Badminton Val de Morteau a de nouveau été retenue pour organiser les championnats de Bourgogne-Franche-Comté Jeunes 2019 les 9 et 10 mars prochains. “Il s’agit d’une compétition de grande ampleur puisque les meilleurs jeunes de la grande région Bourgogne- Franche-Comté seront réunis dans les gymnases de Morteau pour se disputer le titre honorifique de champion régio- nal. Près de 150 compétiteurs feront le maximum pour monter sur les podiums des 5 disciplines ouvertes sur le week-end, simple homme, simple

dame, double hommes, double dames et double mixte” décrit Patrick Cha- telain, le président du club. Comme les deux saisons précédentes, à l’issue de ce week-end de compétition, tous les champions régionaux seront directement qualifiés pour les cham- pionnats de France Jeunes qui se dérouleront à Angers en mai prochain. “Ce qui rend l’enjeu de cette compétition amplement plus important” ajoute le président. Le comité d’organisation fait le maxi- mum pour accueillir au mieux ces jeunes joueurs et leur famille avec l’aide de ses partenaires locaux. “Un repas sera préparé par le traiteur “L’af-

fûteur de crocs”, et servi à tous les acteurs du week-end samedi soir, une vente de produits locaux issus de la salaison Chapuis et du caviste Guy Rognon notamment sera présente tout le week-end dans le gymnase districal pour en faire profiter les Bourguignons. Le tout pour encadrer un plateau sportif de 12 terrains dont 2 terrains sur des tapis spécifiques badminton” ajoute Patrick Chatelain. Sur le plan sportif, le Badminton Val de Morteau n’a rien à envier aux clubs de la région. Comme chaque année, cette compétition est une étape impor- tante dans la saison des jeunes mor- tuaciens et le B.V.M. a l’ambition de

Avec ses champions maison, le B.V.M. compte bien jouer les premiers rôles dans ce championnat régional.

marche du podium. Rendez-vous le samedi 9 mars à Mor- teau pour le lancement des premiers matches. Et que volent les volants ! n

confirmer, une saison de plus, son hégémonie dans la région. Gabin Émon, Anna Tatranova ou encore Arthur Tatranov ont de grandes chances de monter sur la plus haute

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