Journal C'est à Dire 199 - Mai 2014

L E P O R T R A I T

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Morteau

L’Odyssée de Mélior Il y a longtemps que Patrick Mélior a quitté le Haut-Doubs où il a encore sa famille installée Morteau. Le metteur en scène adoubé à Paris s’est installé à Besançon où il dirige le théâtre Alcyon. Il n’exclut pas de présenter à Montlebon son nouveau spectacle adapté de l’Odyssée d’Homère.

L ui, c’est Patrick Mélior. Il sait que son nom ne parle pas à tous, mais peu importe. À soixante ans pas- sés, cet homme plein de sagesse ne court pas après la notoriété à tout prix dans la ville de Victor Hugo où il vit depuis bientôt trente ans. Adoubé à Paris pour son écriture artistique, plusieurs fois encensé par la critique, il n’est pas contrarié d’être accueilli encore parfois dans sa Franche-Comté natale comme un débutant. Nul n’est prophète en son pays, c’est bien connu, et cet écart de perception entre la capitale et la pro- vince l’amuse au fond, sans mépris. Patrick Mélior est metteur en scène et responsable depuis 1991 du Théâtre Alcyon qui a ses quartiers à Chau- danne. Avec sa compagnie, il s’est fait connaître dans le milieu culturel par son talent, et au-delà, par ses prises de risque, tant dans le choix des lieux improbables où il porte le théâtre que dans l’audace de sa mise en scène. Transposer au théâtre “La Chevau- chée fantastique”, un western de John Ford, c’est osé ! Il l’a fait. Cela lui vaut parfois d’être catalogué dans la caté- gorie des “intello-élitistes”, un attri- but qu’il conteste. Si Faust (Goethe) et Dante sont des classiques un peu ardus, Patrick Mélior a su en proposer des adaptations originales à la portée du spectateur. “Il est toujours possible d’aller sur des sujets qui ne sont pas faciles sans tout intellectualiser. Je me bagarre là-dessus. Comment échanger

cours ambitieux qu’il suit depuis le début. Il fait surgir Ulysse, roi d’Ithaque, héros de la mythologie grecque, dans une adaptation qui fait écho à notre monde contemporain. L’auteur est sur la corde raide dans cette histoire. Mais c’est aussi en se mettant en danger qu’il peut espérer exalter le public. Patrick Mélior ne redoute pas d’être jugé. “La critique n’a jamais été une obsession chez moi dit-il. Pendant tou- te ma période parisienne, j’en ai reçu beaucoup. C’est le jeu.” Il va là où l’inspiration le guide, en cheminant dans le respect des œuvres sur lesquelles il se penche pour en livrer sa ver- sion théâtrale. “Je suis du gen- re ruminant. L’Odyssée, j’y pensais depuis longtemps” confie-t-il. Dans cette grande fresque tout public, le metteur en scène extrait de la mytho- logie lointaine la question de l’héroïsme. “Qu’est-ce qu’un héros ? Finalement, la mythologie dit que parmi nous, par- mi les gens modestes, il y a des Ulys- se, des Achille, des Pénélope. J’ai croi- sé des gens dans des campagnes qui étaient des “demi-dieux”. Le sens de la mythologie est de nous inviter à obser- ver ce qu’il peut y avoir d'héroïque à notre époque.” L’Odyssée est à l’affiche du théâtre Alcyon pendant tout le mois de juin. Mais Patrick Mélior réfléchit déjà à sa mise en scène quelque part du côté de Montlebon. Décidément, il est un hom-

avec un public à qui je ne demande pas d’être savant et que j’amène à vivre un événement plutôt qu’un produit théâ- tral. C’est tout le sens de mon tra- vail” résume le metteur en scène qui convainc ceux qui voient ses spectacles. La compagnie qu’il dirige est d’abord une compagnie d’extérieur. “Nous avons choisi de travailler dans la nature, ou dans des sites patrimoniaux. Du moment que le lieu est en accord avec notre propos, la seule limite est d’ordre qu’il affectionne. Son public a l’habitude de prévoir une petite laine et des chaus- sures adaptées lorsque l’histoire l’entraîne dans l’un de ces endroits inattendus. “Quand la nature se met à jouer au théâtre elle aussi, il se pas- se quelque chose de merveilleux.” L’atmosphère est dantesque ! “Ceci étant, faire un spectacle dans un lieu moche peut être aussi très intéressant. Une décharge, par exemple, est un endroit hallucinant. Cela peut appor- ter une belle énergie à un thème.” Cet- te expérience-là, il ne l’a pas encore tentée. Depuis quelques mois, Patrick Mélior s’est attelé à l’écriture d’un nouveau spectacle inspiré d’un classique, l’Odyssée d’Homère, conforme au par- technique.” À partir de là, Patrick Mélior ne se refuse rien. Il est ouvert à tout. Une forêt, le parc de Consolation, les ruines du château de Mont- faucon, voilà le genre de lieux

Patrick Mélior a la double culture du théâtre et de l’architecture dans laquelle il puisse une incroyable liberté d’expression artistique. Réservations

“Le cul entre deux chaises.”

me de théâtre mais pas du lieu où il se joue traditionnellement. Il a cette liberté de chahuter les conventions sans doute parce qu’il n’est pas issu du sérail. Par exemple, il n’a aucune difficulté à faire cohabiter sur scène des comédiens amateurs et profes- sionnels du moment que ce brassage nourrit la création. L’artiste ne rentre pas dans les cases. Le vrai métier de Patrick Mélior est architecte D.P.L.G. (diplômé par le gou- vernement). Des études que ce natif du Russey a suivies à Paris. Le théâtre est entré dans sa vie par sa sœur cadet- te, Chantal Mélior, metteur en scène reconnue et avec laquelle il collabore encore régulièrement. C’est elle, qui en amateur, l’a incité à monter sur les planches. C’est cette double culture de l’architecture et du théâtre, du ration-

nel et de la poésie, qui l’a amené à se tourner vers la scénographie pour com- mencer. Un art du décor qu’il a eu la chance d’enseigner à l’École Natio- nale Supérieure d’Architecture Paris- Val-de-Seine, suite à sa rencontre avec Jean Perrottet l’architecte qui a restruc- turé la plupart des théâtres en Fran- ce. “Je suis en retraite de l’enseignement depuis six mois” annonce Patrick Mélior qui croit beaucoup au hasard de ces rencontres, sur lequel se joue parfois un destin. Il puise dans la diversité de ses savoir- faire autant que dans son cœur pour créer. Le metteur en scène n’a jamais cessé de décloisonner dans son approche du théâtre. Il a toujours eu “le cul entre deux chaises” comme il dit, mais il res- te bien assis. T.C.

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