Journal C'est à Dire 199 - Mai 2014

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D O S S I E R

LA VÉRITÉ SUR LES SALAIRES SUISSES

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On évoque souvent la question sans savoir précisé- ment de quoi on parle et quelque fois en stigmati- sant des frontaliers qui passeraient pour des nantis. Ces frontaliers qui travaillent 42 heures par semaine et prennent leur retraite au moins cinq ans plus tard que les non-frontaliers bénéficient depuis une décennie d’un contexte favorable lié au jeu des mon- naies entre le taux de l’euro et celui du franc suisse. Ce dossier donne un éclairage précis sur le niveau des salaires de l’autre côté de la frontière, à partir d’une étude inédite publiée récemment par l’office fédéral de la statistique. Au moment où la population chez nos voisins s’est positionnée contre l’instauration d’un salaire minimal à 4 000 francs suisses.

Augmentation de 13,4 % en 10 ans En Suisse, un salarié sur deux gagne plus de 5 100 euros bruts par mois

à bas salaires dont 66,9 % sont des femmes. On parle de bas salaire quand la rémunération est inférieure ou égale aux deux tiers du salaire médian, 4 037 francs bruts. Les syndicats suiss- es ont d’ailleurs soumis à votation la proposi- tion d’instaurer l’équivalent d’un S.M.I.C. à 4 000 francs suisses à l’échelle du pays. Le peu- ple suisse a voté non à 76,3 % pour un scrutin avec un taux de participation de 56 %. Les différences de salaires entre branches économiques existent aussi au niveau des cadres supérieurs. Elles varient par exem- ple de 21 528 francs dans l’industrie phar- maceutique à 8 495 francs dans la construc- tion et 4 815 francs dans la restauration. La distorsion salariale est aussi d’actualité en Suisse selon les sexes. La différence de salaires entre hommes et femmes dans le secteur privé est de 18,9 % en 2012. Ces écarts tendent d’ailleurs à augmenter en fonction du niveau de qualification et de responsabilité. Les femmes exerçant des fonctions à haut niveau de respon- sabilité gagnent en moyenne 25,1 % de moins que leurs collègues masculins. Les femmes n’occupant pas de fonction dirigeante et étant 2012, un salarié sur trois sur l’ensemble du secteur privé a touché des primes. Cette pro- portion est plus élevée dans les branches à hauts salaires. comme la recherche et développe- ment (41,3 %) ou les banques (80,4 %). La part des salariés touchant des primes est passée de 25,5 % à 36,1 % entre 2002 et 2012. Le mon- tant de ces primes progresse également de près de 2 800 francs suisses pour atteindre 11 143 francs en 2012. La rémunération de la main-d'œuvre étrangère dépend du permis de séjour. Les salariés suiss- es gagnent plus que leurs collègues étrangers quel que soit le type d’autorisation de séjour. Les détenteurs d’un permis de courte durée perçoivent un salaire de 4 672 francs, d’un per- mis de séjour (B) 5 552 francs, d’un permis d’établissement (C) 5 671 francs et les frontal- iers 5 896 francs. Pour les postes hiérarchiques à haut niveau de responsabilité, la main- d'œuvre étrangère gagne plus que les Suiss- es. Ces derniers perçoivent un salaire de 9 683 francs alors que les frontaliers gagnent 10 905 francs et les détenteurs d’un permis de séjour 12 726 francs. À l’inverse, pour les postes sans qualification, la rémunération des salariés suisses (5 729 francs) est supérieure à celles des frontaliers (5 488 francs). F.C. au bénéfice d’un apprentissage gag- nent en moyenne 12,4 % de moins que leurs collègues masculins. L’étude de l’O.F.S. met aussi en évi- dence l’importance croissante des primes dans le système salarial. En

C es chiffres font rêver tout salarié français. Ils confirment en tout cas qu’on peut facilement doubler ses revenus en passant de l’autre côté de la frontière. La moitié des travailleurs en Suisse gagnent donc plus de 6 118 francs brut auxquels il faudrait soustraire environ 15 % pour obtenir le salaire net perçu, soit un revenu de l’ordre de 5 201 francs suisses. Avec taux de change à 1,2, cela représente 4 334 euros. A la différence des Français et bientôt des frontaliers, les salariés suisses doivent aussi régler de leurs poches les coti- sations d’assurance-maladie qui correspon- dent à 5,5 % du salaire brut. Ce salaire médian de 6 118 francs nets masque les secteurs d’activité. Les niveaux de rémunéra- tions les plus élevés se trouvent dans les branch- es à forte valeur ajoutée telles que la recherche et le développement (8 905 francs), l’industrie pharmaceutique (9 775 francs) et bien sûr les banques (9 823 francs). Parmi les branches proches du salaire médian, on peut citer la métallurgie (5 766 francs), la construction (6 024 francs) ou encore la santé (6 186 francs). L’horlogerie se situe plutôt dans la moyenne industrielle avec un salaire médian à 6 609 francs. Comme quoi ce qu’on pourrait apparenter au luxe ne rime pas avec salaires luxueux. En bas de l’échelle, on retrouve les classiques, à savoir le commerce de détail (4 691 francs), la restauration (4 272 francs), l’hébergement (4 230 francs) et les services personnels (3 887 francs). Dans ces métiers- là, Suisse et France, même combat. Entre 2002 et 2012, le niveau de salaire a aug- menté de 13,4 %. Les 10 % des personnes les mieux payées ont vu le montant de leur rémunération progresser de 22,5 % alors qu’à l’opposé, la hausse se monte à 9,5 % pour les 10 % des personnes les moins bien payées. Les écarts salariaux entre le haut et le bas de la pyramide s’accroissent aussi dans le temps, passant de 2,6 en 2002 à 3 en 2012. Près de 339 000 personnes occupent en 2012 des postes de fortes disparités. Les 10 % des salariés les moins bien rémunérés ont gagné moins de 3 886 francs alors que les 10 % les mieux payés ont reçu un salaire supérieur à 11 512 francs. Disparités aussi selon

En 2012, selon l’étude de l’office fédéral de la statistique, le salaire médian s’élevait à 6 118 francs suisses bruts dans le secteur privé. Les dispari- tés se creusent aussi de l’autre côté de la frontière. Les salaires bruts 2012 par branches économiques

Salaires selon régions (secteur privé)

Salaires brut par mois en francs suisses

Région Suisse Zürich

Cadres Non cadres

9 939 12 048

5 536 5 651 5 517 5 814 5 520 5 583 5 308 4 664

Secteurs Banques Total

Salaire 6 118 9 823 9 775 8 939

Les frontaliers gagnent 5 896 francs suisses bruts.

Région lémanique 10 637 Région nord-ouest 10 400 Espace Mittelland 9 140 Suisse centrale Suisse Orientale 9 278 8 390 8 000 Tessin

Industrie pharmaceutique Industrie du tabac Recherche et développement scientifique Télécommunications Activités informatiques

8 905 8 901 8 571 8 024 7 691 7 225 6 609 6 024 5 952 5 706 4 691 4 272 4 230 3 887

Salaires selon la formation 2012 Formation Cadres Non cadres

Assurances Industrie chimique Enseignement

Haute école universitaire Haute école spécialisée Maturité

13 791 11 592 8 773

7 863 7 550 5 743 5 617 4 585

Fabrication produits informatiques, électroniques, horlogerie

Construction Métallurgie Restauration Hébergement Fabrication de meubles Commerce de détails Services personnels

Apprentissage (C.F.C.) 7 529

École obligatoire

6 588

Salariés suisses/étrangers

Cadres Non cadres

Suisses

9 683 11 250 10 905

5 729 5 226 5 261 5 022 5 488

Bonus 2012

Etrangers (total) Permis C (établissement)

Secteurs

Cadres Non cadres

Commerce de détail 28 708 Industrie chimique 49 597 Services financiers 132 410 Assurances 94 105

1 728 4 418 8 016 12 129

Permis B (autorisation de séjour) 12 726

Frontaliers

10 505

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