Journal C'est à Dire 198 - Avril 2014

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P A Y S D E P I E R R E F O N T A I N E

Vieillesse : “Continuer de vivre comme chez moi” Pierrefontaine-les-Varans La M.A.R.P.A. de Pierrefontaine-les-Varans fête ses 5 ans. C’est un lieu non médi- calisé où les personnes âgées encore valides posent leurs valises dans ce qui doit ressembler à leur ancien domicile. Malgré tout, la structure peine à faire le plein : deux places sont encore disponibles sur les 22 proposées. Les faibles revenus des personnes retraitées expliquent en partie cet état de fait.

Mado (91 ans), vit depuis 4 ans à la M.A.R.P.A. Elle a créé son “petit” jardin.

La directrice de la M.A.R.P.A., Cécile Morestin-Cadet : “Il reste encore

deux places disponibles.”

M adeleine (91 ans), alias Mado pour les intimes, est heu- reuse de nous ouvrir la porte de sa maison : un loge- ment de 34 m2 situé à la Mai- son d’accueil rurale pour per- sonnes âgées (M.A.R.P.A.) de Pierrefontaine-les-Varans. L’ap- partement est nickel. Il est com- posé d’un espace de vie, une kit- chenette, une salle de bain, une

pour une machine (4,30 euros), le portage du plateau à domici- le (1,39 euro), une aide au lever de 102 euros par mois. “On ne parle pas de placement mais d’ac- cueil ici. Les personnes sont indé- pendantes mais en sécurité. Nous sommes là pour coordonner : elles font venir leur médecin, bénéfi- cient d’une aide à domicile si elles le souhaitent sans que nous n’in- tervenions. C’est leur maison” explique Cécile Morestin-Cadet, la directrice. Inaugurée il y a 5 ans, voulue par le regroupement de 15 com- munes du secteur dans le cadre d’un syndicat, la M.A.R.P.A. répond à l’isolement des per- sonnes âgées. Problème : la struc- ture ne fait pas le plein. “Il res- te deux places disponibles sur les 22” dit la directrice qui recherche de nouveaux résidents. Le constat est sans appel : beau- coup de personnes ne peuvent franchir le pas, faute de moyens financiers. “Et pourtant, annon- ce la directrice, nos charges sont incompressibles. Nous ne sommes pas là pour faire du bénéfice mais nous ne pouvons pas diminuer

machine à laver. C’est sommai- re, certes,mais suffisant pour cet- te pensionnaire qui vit ici depuis 4 ans. Son arrivée ici est la consé- quence d’une vilaine chute à son domicile qui l’a privée d’une par- tie de sa mobilité… mais pas de sa vivacité d’esprit. Pour agré- menter le décor de sa chambre, Mado a accroché quelques pho- tos, un tableau et ramené de son ancien domicile son lit et son fau-

teuil. Ces liens la rattachent au passé. Mais ce qui fait la plus grande fierté de cette pension- naire de 91 ans, c’est son bout de jardin situé devant sa porte- fenêtre. “Regardez ces fleurs ! Elles ne sont pas belles ? Ici, je vis un peu comme chez à moi lorsque j’habitais à Besançon” dit-elle. Comme 19 autres résident(e)s, Madeleine vit à l’année à la M.A.R.P.A. Elle est indépendan- te ici. L’indépendance a un prix : elle débourse 1 117 euros parmois (prix sans les aides A.P.L.) pour bénéficier de ce logement T1 et aussi d’une surveillance 24 heures sur 24 en cas de chute. Ce loyer versé à la M.A.R.P.A., gérée par une association, se décompose en deux parties : la redevance du loyer (584 euros) et les charges mutualisées que sont le chauffage, l’électricité, les frais de personnel d’accompa- gnement (533 euros). Ensuite, des prestations facul- tatives sont proposées : le déjeu- ner est facturé à l’unité (7,50 euros), idem pour le dîner (3,20 euros), le lavage du linge

maison où l’on vit emploie huit personnes, se connecte avec l’ex- térieur. Lors de notre visite, c’était journée “jeux” avec la venue des membres de l’asso- ciation de l’A.D.M.R. du village. Au programme : tarot, scrabble. Parfois, les jeunes du collège ren- contrent les anciens pour les interviewer dans le cadre de leur activité radiophonique. Si tout est fait pour que les locataires se sentent bien, le départ du domicile demeure un arrache- ment. À la M.A.R.P.A., on tente de combler ce vide. E.Ch.

les prestations. Seul les loyers paient notre fonctionnement. Nous n’avons pas de subventions pour nous aider.” La “silver économie” (économie liée à la vieillesse) semble à deux vitesses. En 2014, le tarif des prestations facultatives a aug- menté d’1 % et la structure cherche à mutualiser en se regroupant avec d’autres M.A.R.P.A. pour réaliser des éco- nomies d’échelle sur des postes comme l’achat de matériel ou de fournitures. La M.A.R.P.A. qui n’est pas une maison de fin de vie mais une

Les locataires prennent les repas ensemble. Chaque repas est payant.

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