Journal C'est à Dire 196 - Mars 2014

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P L A T E A U D E M A Î C H E

Pollution du Dessoubre Chronique d’une mort annoncée ? Depuis le début d’année, on ne parle que de lui : le Dessoubre est en effet au centre de toutes les attentions de la part des médias et de la part des pouvoirs publics. Mais trop peu selon les défenseurs de la rivière. Mais surtout peut-être trop tard !

Q uand il se balade sur les bords du Des- soubre le 8 janvier dernier au lieu-dit le Moulin Girardot, Stéphane Regazzoni ne s’attend pas à ce qu’il va découvrir. Lui l’amoureux de la nature qui n’a de cesse d’alerter depuis des années sur la fragilité de la riviè- re est consterné : une quinzai- ne de poissons morts gisent au fond d’un trou d’eau. Plus loin, d’autres vivants mais malades lui rappellent ceux trouvés dans la Loue… “Je me suis dit ça y est, après la Loue c’est au tour du Dessoubre !” Il est d’autant plus révolté que quelques jours auparavant, il avait pris des photos

d’agriculteurs en plein épan- dage sur un sol enneigé et gla- cé : “Forcément, tous les nitrates ont été lessivés et ont fini dans la rivière.” Une pratique pas for- mellement interdite mais pas

Du côté des pêcheurs, notam- ment à Saint-Hippolyte, le dis- cours est le même. Comme Sté- phane Regazzoni, les respon- sables y fustigent l’inaction des pouvoirs publics, capables selon

conseillée du tout : “Même la chambre d’agriculture met en garde dans sa lettre d’information.” Peu de mystère à ses yeux sur

eux de commander plus de 20 études en 25 ans sur la fragilité du Des- soubre mais jamais d’agir ou de réagir. “On nous

La pêche fermée en 2014.

les responsables du désastre qui se joue dans les eaux dans l’une des plus belles rivières de la région : “Tous les agriculteurs ne sont pas à condamner. Beaucoup aimeraient travailler autrement si on leur en donnait les moyens.” On ? “L’État et la chambre d’agriculture, ce sont eux qui ont la clé du problème.”

parle ces derniers mois de sup- pression des barrages pour assu- rer la continuité écologique du cours d’eau…Mais à quoi ça va servir quand tous les poissons seront morts ?” Tout le monde s’accorde sur le problème qui est à résoudre : les normes de stoc- kage de lisiers “au moins 20 % trop faibles” estime-t-il. D’où sa proposition : “Pouvoir augmen- ter cette capacité en aidant les agriculteurs y compris finan- cièrement.” “Ils ne font finalement que ce qu’on les autorise à faire” explique Gérard Mougin, pré- sident de l’A.A.P.P.M.A. “Les deux vallées” qui poursuit : “L’État autorise, donc il doit assumer. D’autant que de notre côté on tire la sonnette d’alarme depuis des années.” Alors quand ils entendent par- ler études, contrôles et autres prélèvements, le doute et la colè- re ne retombent pas. Les pêcheurs ont donc décidé de ne

Depuis janvier, des dizaines de poissons morts ont été retirées de la rivière.

pas vendre de cartes 2014 pour le Dessoubre. Une décision for- te. Pas seulement pour créer un électrochoc mais aussi pour lais- ser du temps à la situation de revenir à la normale avec des actions précises et efficaces que le collectif de défense prépare actuellement. Le tourisme va sans doute en subir les consé- quences mais là aussi les pro- fessionnels savent qu’il y a urgence et qu’il faut réfléchir à plus long terme. En attendant, les restaurateurs de la vallée ont un message à faire passer : “Les poissons que nous servons sont issus d’élevages et sont sains.” Comme ils le souhaitent de tout cœur le seront à nou- veau très vite ceux qui depuis longtemps font la réputation du Dessoubre. D.A.

Récemment surpris par un internaute qui a largement diffusé cette photo, un agriculteur a déversé dans une pâture proche du Dessoubre plus de 20 000 litres de lisier.

Stéphane Regazzoni n’a pas hésité à afficher clairement son avis sur les berges de la rivière.

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