Journal C'est à Dire 195 - Janvier 2014

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D O S S I E R

Raphaël Borne : “On n’est pas des casseurs” Nouveau venu sur le front de la contestation, le groupement “Frontaliers et citoyens, soyons solidaires” fait ses classes dans le militantisme. Des bonnes intentions, des actions médiatiques mais cela suffira-t-il ? Élé- ments de réponse avec le fondateur Raphaël Borne. Mobilisation

Càd : Le mouvement dans lequel vous vous engagez nécessite-t-il d’être mieux orga- nisé ? R.B. : Oui, on est obligé de se structurer. On s’était réuni le 7 décembre dernier avec les repré- sentants des autres villes fron- talières. Le principe était de mettre en place un bureau syn- dical à Pontarlier avec des repré- sentants de chaque localité. Càd : Cela signifie-t-il que d’autres actions vont être conduites ? R.B. : Oui, mais on ne peut pas en dire plus car tout n’est pas finalisé. Càd : Pourquoi avoir appelé au boycott de certains com- merces pontissaliens ? R.B. : C’était juste un coup de gueule. On avait demandé aux commerçants de baisser leurs rideaux cinq minutes en guise de solidarité. Dans le cas contraire, on avait annoncé qu’on les boy- cotterait à Noël. La menace n’a pas été exécutée. On a d’ailleurs eu l’occasion de rencontrer la pré- sidente des commerçants du centre-ville. Il n’est pas question de les pénaliser. Au contraire, on cherche plutôt à sauver notre commerce. Notre cause dépasse le simple cadre frontalier. Tout le monde est concerné.

C’ est à dire : Comment est né votre mouve- ment ? Raphaël Borne : Cela remonte à trois mois. Tout est parti du fait qu’on ne se reconnaissait pas dans les associations de défense des fron- taliers. Au départ, j’étais seul. J’ai créé le groupe“Frontaliers citoyens, soyons solidaires” sur Facebook. Le mouvement rassemble aujour- d’hui plus de 1 000 membres et on a enregistré jusqu’à 85 inscriptions par jour. Les adhésions provien- nent de toute la bande frontaliè- re, du Haut-Doubs bien sûr mais aussi Annemasse, Belfort, le Pays de Gex… Au départ, on fonction- nait avec le mouvement des bon- nets rouges frontaliersmais ce n’est plus le cas. Càd : Pourquoi cette ruptu- re ? R.B. : On s’est rendu à Anne- masse le 21 décembre pour leur prêter main-forte sans savoir que l’opération de blocage n’était pas autorisée. On a été un peu pris en otage. Après avoir fait le plan- ton pendant trois heures sur un parking, on a finalement déci- dé de se désolidariser de ce mou- vement. Une vingtaine de voi- tures avait pourtant fait le dépla-

R.B. : Pour nous, l’opération escar- got organisée en novembre sur la rocade de Pontarlier est un vrai succès. J’attendais une cinquan- taine de voitures. Il y en a eu le triple. Pour une première, ce n’est pas mal. J’estime aussi que l’occupation de la C.P.A.M. de Pon- tarlier est une réussite même si on a mobilisé seulement une soixantaine de personnes. On peut aussi s’en satisfaire sachant que cela se passait un mercredi après- midi. Pour information, la mas- cotte de notre mouvement sera désormais un escargot. Càd : Vous avez été contraint de raccourcir le blocage de la douane de la Ferrière prévu initialement sur quatre jours ? un. On a dû négocier avec le secré- taire du préfet et le commandant de gendarmerie. Je ne m’étais jamais prêté à l’exercice. C’est surprenant quand on vous annon- ce à quoi vous vous exposez. Pour ce type d’opération, on risque jus- qu’à 4 500 euros d’amende et deux mois de prison. R.B. : C’était pour fai- re pression. On avait annoncé quatre jours de blocage pour en avoir

cement depuis le Haut-Doubs. Quand on a vu comment cela se passait, on a demandé à par- tir. On a été escorté jusqu’à la douane suisse puis retour sur Pontarlier. Càd : Êtes-vous toujours por- té sur l’action ? R.B. : On forme un groupe paci- fiste et apolitique. Tout est basé sur l’action de terrain mais on n’est pas des casseurs. On tient à faire les choses dans les règles et pour ceux qui n’acceptent ces principes, ce n’est pas grave. Càd : Pourquoi vous mani- festez-vous si tardivement sur ce dossier ?

Même s’il a rompu les amarres avec les bonnets rouges frontaliers, Raphaël Borne reste solidaire avec tous les mouvements dénonçant le ras-le-bol fiscal.

R.B. : On faisait trop confiance aux associa- tions censées défendre nos intérêts. Jusqu’au jour où l’on a compris que leurs actions ne nous

“On aimerait fédérer les autres associations.”

correspondaient pas. On avait plutôt l’impression qu’ils organi- saient des voyages et des ren- contres à caractère festif. On en avait marre des négociations qui n’aboutissent pas. Càd : Êtes-vous satisfait des actions déjà mises en place ?

Càd : On a du mal à connaître

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