Journal C'est à Dire 193 - Novembre 2013

É C O N O M I E

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Résineux Une année faste pour les communes forestières Les cours sont en forte progression depuis le début de l’année. Les communes en profitent contraire- ment aux scieries qui ne parviennent pas à réper- cuter ces hausses sur les sciages.

Cheval Le trait comtois, grand oublié de la P.A.C. La filière est sous le choc après l’échec de la prime à la jument allaitante qui n’a pas été retenue dans le cadre de la réforme de la P.A.C. Coup de gueule.

“O n y croyait fermement mais une fois de plus cette primene verrapas le jour alors qu’elle existe pour les vaches,les brebis…Le cheval doit- il rester une production agricole ou alors qu’on nous le dise franche- ment ? Cette fois-ci, on est au fond du trou” , se désespère Charles Boillin. Le président de l’association régionale du che- val de trait comtois est fran- chement déçu. Le défilé organi- sé le 23 juin dernier par les éle- veurs pour que le cheval de trait soit reconnu au même titre que la vache allaitante n’a servi à rien. 2013 restera une année noi- re pour la filière équine fragi- lisée par l’affaire Spanghero et le trafic de chevaux de selle impropres à la consommation.

À cela s’ajoute la fin des haras. “On nous demande de nous restructurer. On voudrait au moins que le produit d’une jument, c’est-à-dire le prix du poulain, couvre les frais de la jument pendant un an. Ce n’est plus le cas actuellement. On crie haut et fort que les pouvoirs publics viennent nous sauver. Il manque une vraie volonté poli- tique pour que le cheval de trait comtois continue à vivre dans nos campagnes. Le président Hol- lande n’a jamais fait la moindre allusion au cheval dans son dis- cours sur la P.A.C. lors au der- nier sommet de l’élevage à Cour- non.” Les débouchés sont là. Le che- val de trait est de plus en plus utilisé dans les parcs urbains.

Sur le plan agricole, il fait bon ménage avec les bovins en consommant par exemple les refus de pâtures. Il y a aussi la piste du cheval énergie. La problématique de la viande est autrement plus complexe. “90 % de la production de viande che- valine française part en Italie alors qu’on consomme essen- tiellement du cheval d’importation en provenance des pays de l’Est. Lesquels n’ont pas les mêmes exigences qualitatives.” À défaut de soutien des pouvoirs publics, Charles Boillin suggè- re l’implication des collectivités territoriales, Région et Dépar- tement, pour sauver une filière comtoise en plein marasme. Les éleveurs baissent les bras. “Sur les participations aux concours, on enregistre entre 25 et 30 % de désengagement.” Les éleveurs s’accrochent enco- re à un dernier espoir : faire reconnaître le comtois comme une race menacée et donc éli- gible de ce fait à une autre pri- me accordée dans le cadre du second pilier de la P.A.C. Seul souci, le comtois, première race de trait français, n’est pas fran- chement le plus mal loti. “On est victime d’avoir trop bien tra- vaillé. Nous demandons de l’aide mais en retour on est prêt à appli- quer un cahier des charges strict pour que tout soit fait dans les règles de l’art.”

A près une année 2012 morosemarquée par des volumes commercia- lisés relativement faibles avec de forts taux d’invendus,lemarché du bois dans le Doubs retrouve de la vigueur. “2013 se rapprochera des années fastes. Fin septembre, les recettes de bois communales sont en hausse de 24 % environ par rap- port à l’année dernière” , indique Éric Dubois, le directeur dépar- temental de l’O.N.F. qui s’exprimait le 18 octobre à Liè- vremont lors de l’assemblée générale des communes fores- tières. La hausse actuelle des cours de résineux s’explique principa- lement par un déséquilibre entre l’offre et la demande. “On obser- ve une reprise forte et continue des cours du bois grume supé- rieure à 15 % depuis le début de l’année. À cela s’ajoutent éga- lement des prix très élevés pour le billon de sciage et pour la tri- turation.” On manque de bois, c’est clair, comme le prouvent des taux d’invendus histori- quement bas. Le directeur dépar- temental de l’O.N.F. estime que cette situation devrait perdu-

rer encore quelques mois. Tout le monde attend donc avec impa- tience la prochaine vente de rési- neux organisée à Levier le 14 novembre. Les communes forestières pro- fitent donc de cette conjonctu- re. C’est beaucoup moins évi- dent chez les scieurs. “Cette hausse de grume brutale n’est pas saine. On n’arrive pas à la répercuter sur nos sciages” , indique Étienne Renaud. Le pré- sident du syndicat des scieurs résineux de Franche-Comté se montre assez pessimiste. “Beau- coup de scieries sont en manque de matière. Les conditions cli- matiques du printemps nous ont contraints à repousser les coupes. On n’a pas réussi à rattraper le retard. Si on a le même hiver que l’an dernier, des scieries fer- meront faute de matière pre- mière.” Le syndicat réclame aujourd’hui plus qu’hier une évolution dans les modes de com- mercialisation en tendant vers la règle des trois tiers : un tiers de vente en bloc, un tiers en pré- vente et un tiers en unité de pro- duits. “Ce que l’on demande, c’est d’avoir un juste équilibre. On suggère aux communes de pana-

cher davantage. Sur les lots très dispersés, on peut privilégier la prévente et l’unité de produit alors que sur les lots plus homo- gènes, la vente en bloc nous semble cohérente.” La spécificité de la forêt rési- neuse comtoise réside dans son hétérogénéité qui nécessite beau- coup de tri et de main-d’œuvre au niveau des scieries. D’où cet- te demande des scieurs d’avoir une matière première mieux triée à l’amont. Requête que les communes ne tiennent pas for- cément à satisfaire car elles n’offrent pas les mêmes facili- tés de paiement que la vente en bloc. F.C. “2013, année faste” selon Éric Dubois, directeur départemental de l’O.N.F.

Le cheval comtois serait le parent pauvre de la profession agricole selon les éleveurs.

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