Journal C'est à Dire 193 - Novembre 2013

M O N T B E N O Î T E T L E S A U G E A I S

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Les enjeux de l’urbanisation “Pourquoi ne pas contingenter le droit à urbaniser ?” Fatiguée de voir son parcellaire

C’ est à dire : Quel constat peut-ondresser à l’échelle nationale ? Éric Liégeon : Malgré une réelle pri- se de conscience autour de la dispa- rition du foncier agricole, la consom- mation d’espace en France reste exces- sive. 33 000 hectares ont été urbani- sés en 2011. En France, l’artificialisation des terres est deux fois plus élevée qu’en Allemagne où l’on a décidé de diviser par trois la consommation des terres agricoles d’ici 2020. Càd : Cela signifie-t-il que l’artificialisation se fait au détri- ment des terres agricoles ? E.L. : Oui. Il existe même un fort contraste avec les surfaces forestières qui bénéficient de très fortes mesures de protection. Conséquence : la forêt ne cesse de s’étendre. Les campagnes de reboisement qui viennent compen- ser les grands projets d’aménagement empiètent systématiquement sur des terres agricoles. grignoté de toutes parts et pas toujours avec parcimonie, la pro- fession agricole incite à plus de mesure et souhaite être davan- tage associée au débat du fon- cier. Entretien avec Éric Liégeon, agriculteur président du comité technique S.A.F.E.R. et respon- sable foncier au niveau F.D.S.E.A.

Càd : Vous abordez la question des compensations écologiques qui irri- te au plus haut point les agricul- teurs. E.L. : Avec ces dispositions issues du Grenelle de l’environnement, le foncier agricole se voit condamner à la double peine. On l’utilise d’abord pour réali- ser les infrastructures routières, fer- roviaires, les aéroports… Puis on le ponctionne ensuite pour les compen-

gressivement ?

Càd : Contrairement à ce qui se fait par exemple sur la zone d’activité de Bulle entre Frasne et Pontar- lier ? E.L. : On peut s’interroger sur l’intérêt de plateformer 18 hectares d’un seul coup. Ce projet aurait pu être plani- fié sur plusieurs tranches, ce qui lais- sait le temps de remplir tranquille-

sations écologiques. Si l’on continue à ce rythme, que va- t-il advenir des surfaces agri- coles nécessaires pour nour- rir la planète ? Car l’enjeu, c’est aussi de pourvoir aux besoins alimentaires.

ment la zone et d’exploiter les terrains entre deux tranches de viabilisation. Càd : La problématique du comté impose-t-elle des

“Condamner à la double peine.”

contraintes foncières ? E.L. : Oui. Aujourd’hui, on protège les corps de ferme avec une distance à res- pecter vis-à-vis des pavillons mais on ne prend pas en compte le pâturage. Le cahier des charges du comté impo- se de faire paître les vaches. D’où l’intérêt de pouvoir protéger les pâtu- rages attenants aux exploitations, ce qui n’est pas le cas actuellement. Càd : D’autres revendications de la profession ? E.L. : On demande que la C.D.C.E.A. donne aussi son avis sur les mesures de compensations écologiques. Il semble nécessaire d’installer dans les plus brefs délais l’observatoire national de la consommation d’espace agricole. Autre souhait : la possibilité de pou- voir instaurer un délai minimal avant la révision des documents d’urbanisme.

Càd : Pour autant, il semble dif- ficile de figer les choses. E.L. : Bien sûr. On sait bien qu’il faut de la place pour loger les gens et déve- lopper des infrastructures. On sait aus- si qu’il faut partager l’espace, mais de façon maîtrisée. On doit aller vers une autre approche de l’urbanisme, densi- fier l’habitat. On peut supprimer l’horizontalité des zones commerciales. Cette logique d’optimisation s’applique aussi aux friches industrielles. Càd : Votre point de vue sur les zones d’activités ? E.L. : Je pense qu’il est préférable d’en faire une grande plutôt que trois petites. Pourquoi ne pas contingenter le droit à urbaniser sur la base d’une popu- lation par exemple et d’y aller pro-

“On doit aller vers une autre approche de l’urbanisme”, estime Éric Liégeon, président du comité technique de la S.A.F.E.R.

Ceci pour garantir leur stabilité. Les agriculteurs demandent instamment d’être associés à chaque étape d’élaboration de documents d’urbanisme. Càd : Qu’est-ce qui peut être entre- pris du côté des agriculteurs ? E.L. : Pendant des années, on nous a emprisonnés avec des primes très

contraignantes qui ont figé les par- celles. Conséquences : on est resté sur des pratiques de cueillette de l’herbe et non pas de culture. Aujourd’hui que ces primes n’existent plus, on fait une demande au niveau de la profession de pouvoir renouveler une partie de nos prairies, de les rendre plus pro- ductives. Propos recueillis par F.C.

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