Journal C'est à Dire 192 - Octobre 2013

D O S S I E R

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Goumois Communautés de destins Goumois est dans une position singulière, à cheval entre France et Suisse. Une posi- tion qui a des conséquences étonnantes pour des habitants liés à la vie à la mort.

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L e Doubs pour frontière physique, tel est l’héritage laissé au vil- lage par le traité de Vienne en 1815. La division n’est pourtant finalement qu’administrative. Les habi- tants des deux rives ont en effet un rapport très relatif avec la frontière avant cette date, ayant historiquement d’étroites rela- tions avec leurs voisins : mariages transfrontaliers et surtout activités agricoles, arti- sanales, industrielles et com- merciales (horlogerie, froma- geries…). Car, sous l’œil bien- veillant du célèbre rocher du Singe, les communautés villa- geoises y sont unies. Et même jusqu’à l’éternité par l’église et le cimetière, situés côtés français et communs aux deux communautés comme l’explique Jeanne-Marie Taillard, intarissable sur l’histoire loca- le. “Après le traité de Vienne, les Suisses devaient se rendre à la paroisse des Pommerats à 9 km malgré l’éloignement et surtout leurs habitudes ances- trales… Ils ont donc très vite demandé l’autorisation de reve- nir à Goumois côté France ce qui leur a été accordé par un écrit cosigné par le prince évêque de Bâle et l’archevêque de Besan- çon.” En contrepartie de ce droit de culte et de sépulture trans- frontaliers, les défunts helvètes peuvent être transportés pour

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être inhumées en France. Avec parfois par le passé un peu de zèle chez certains douaniers ou pire durant la guerre la deman- de des soldats allemands d’ouvrir le cercueil pour évi- ter tout trafic…Quant aux éven- tuelles différences des dernières demeures, elles existent bel et bien : “C’est frappant en arri- vant dans le cimetière. D’abord, les tombes françaises sont très classiques alors que les suisses sont plus variées et contempo- raines. Et surtout, elles sont aus- si plus courtes, pas plus de 1,20 m !” Simple tradition ou souci d’économies, les avis sont partagés ? D.A.

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Saint-Hippolyte Inhumés au sein même de l’église L’église est souvent dans nos villages et petites villes un monument central qui ryth- me la vie des habitants au son des cloches. À Saint-Hippolyte, plus qu’un simple lieu de culte, la collégiale est au cœur de la richesse patrimoniale de la ville.

F ondée par le Comte de la Roche, l’église de Saint- Hippolyte devient très vite collégiale pour les chanoines et église paroissiale pour les habitants.Ce qui fait sans nul doute l’originalité de cette égli- se est qu’elle a accueilli durant trente-quatre années le linceul qui enveloppa la dépouille mor-

telle du Christ : le célèbre Saint- Suaire.Ce drap,aujourd’hui expo- sé à la chapelle royale de Turin en Italie fut déposé et vénéré ici de 1418 à 1452. Très important également, le pavement de l’église est formé, en grande partie, de

polyte puisqu’on lui doit les chartes de franchises et la créa- tion du chapitre. La seconde tom- be est celle de Mahaut de Mont- faucon leur belle-fille.” A noter la représentation sur chacune des pierres, à leurs pieds, d’un

dalles funéraires.Celles des comtes de la Roche, de chanoines du cha- pitre, de bourgeois ou de gens demétier de la cité. Un privilège rare

chien symbole de fidé- lité dans l’iconographie religieuse. Les autres pierres datent le plus souvent du XVI ème et du XVII è-

Église et cimetière côté français accueillent les paroissiens et défunts suisses.

Un privilège pour les notables.

Saint-Hippolyte En mémoire des morts pour la France

me siècles. Les crânes et les osse- ments y sont souvent repré- sentés. “Dans l’iconographie, il s’agit en général de “memen- to mori”, souviens-toi que tu es mortel. On retrouve aussi par- fois sur les pierres tombales, des signes évoquant le métier du défunt ou de la famille du défunt. À ce sujet, l’une d’elles représente des grands couteaux à écorcher utilisés par les tanneurs.” Cet- te activité était en effet à l’époque le poumon économique de la ville et offrait donc à ce titre le mérite de l’inhumation au cœur de l’église à ses indus- triels.

que de reposer pour l’éternité au sein même de l’édifice cultuel. “La plus ancienne pierre tom- bale date de 1360, elle est pla- cée dans le chœur. Il s’agit de l’endroit le plus important pour les croyants, cela assure au défunt la “primeur” quant à la prise en charge de leur âme” explique-t-on du côté de l’office de tourisme comme lors de cha- cune des visites guidées de la ville. “Il s’agit aussi de l’emplacement qui valait le plus cher…Deux femmes y sont repré- sentées, il s’agit de Marguerite de Neuchâtel-Bourgogne la fem- me de Jean II, comte de la Roche, très important pour Saint-Hip-

D ans le cimetière municipal, dès l’entrée sur la droite, les visiteurs aperçoivent le drapeau français qui flotte juste au-dessus du car- ré militaire, un ensemble de tombes de sol- dats morts sur le territoire de la commu- ne. “La perte de la mémoire est sans dou- te la pire infortune qui puisse frapper un peuple ainsi qu’un individu” rappellent inlassablement les associations. Telle est notamment la devise du Souvenir français dont les bénévoles sont présents chaque année à l’entrée des cimetières du pays à l’occasion de la Toussaint. Alors que toutes les familles se ren- dent sur les tombes de leurs défunts en cette période de Toussaint, cer- tains entretiennent la mémoire de ceux que l’on appelle “les morts pour la France”. Des soldats ni inconnus ni oubliés.

Restaurer le carré militaire de Saint-Hippolyte.

Gardien de notre mémoire, le Souve- nir français, créé en 1887 et reconnu d’utilité publique depuis 1906, est une

La commune entretient ce petit coin réservé aux soldats tombés sur son territoire.

taurer le carré militaire de Saint-Hippo- lyte et donc de rendre un hommage méri- té à ces hommes qui sont tombés pour la France. En cofinançant les travaux de maçonnerie et de peinture avec la com- mune qui a toujours souhaité garder dans ses murs ces quelques tombes tellement symboliques.

sur les lieux de mémoire. Le financement qui lui est nécessaire pour conduire ses actions est assuré par la cotisation de ses adhérents, mais aussi par la quête annuelle le 1 er novembre aux portes des cimetières. Une quête que des enfants et adolescents n’ont pas hésité à faire ces der- nières années aux côtés de leurs aînés. Ce qui a permis il y a quelques années de res-

des plus anciennes associations privées françaises. La transmission de cet hérita- ge de mémoire aux générations plus jeunes se poursuit de façon constante depuis la création de l’association qui organise chaque année expositions, colloques et voyages pour plusieurs milliers de jeunes scolaires

Anciens seigneurs ou tanneurs d’autrefois sont enterrés au cœur même de l’église.

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