Journal C'est à Dire 189 - Juin 2013

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L E P O R T R A I T

Anne Chopard-Lallier aux frontières du réel La photographie la passionne depuis l’adolescence. Anne Chopard-Lallier a trouvé dans cette technique la matière à une expression artistique. Ses images sont surprenantes, pleines d’humour et de rêverie, d’absurdité et de poésie. Les Gras

rique, Monsieur Tout-le-monde peut transformer une image. Cette banalisation aurait pour effet de minimiser son travail. Mais le bidouillage ne fait ni le talent, ni l’idée, et encore moins un reflet de l’art contemporain. “L’outil informatique dégrade l’art photographique dit-on. Mais s’il était aussi simple de retou- cher une photo en un clic, ça se saurait” répond Anne Cho- pard-Lallier. Elle accorde le temps nécessaire au traitement de ses images pour qu’elles cor- respondent à son univers et à l’effet recherché. “Au final, cha- B.T.M. photo (brevet technique des métiers). Dans le cadre de cette formation en alternance, elle a suivi son apprentissage chez un photographe mortua- cien. Anne Chopard-Lallier ambitionne maintenant d’approfondir ses connaissances en intégrant une école d’art à Grenoble. Elle se dit prête éga- lement à démarcher des gale- ries qui lui proposeraient un espace d’exposition. Montrer son travail pour se fai- re connaître et acquérir petit à petit la notoriété est un sentier tumultueux sur lequel s’aventurent beaucoup d’artistes sans trop savoir où il les mène- ra. Notre photographe a “un plan B.” Elle pourra toujours rebrousser chemin et travailler dans le social, un domaine dans lequel elle a aussi des compé- tences. Mais elle gardera che- villée au corps, sa passion pour la photo. T.C. Pour découvrir ses travaux : Anne Chopard-Lallier sur facebook Elle expose jusqu’au 14 juillet à Salins-les-Bains au salon régional de la photo cun se raconte l’histoire qu’il veut en les voyant.” Élève au lycée Mont- joux de Besançon, elle vient de passer sont

D ans la foulée de présen- tations courtoises, Anne Chopard-Lallier s’empresse de préciser : “Je n’aime pas parler de moi.” Nous sommes prévenus. La jolie blon- de de 23 ans originaire des Gras qui avoue une nature plutôt réservée est en réalité peu habi- tuée aux médias. Sa place est plus souvent derrière l’objectif que devant. Ce jour-là, les rôles sont inversés, et sa timidité s’évapore à mesure que s’enchaînent les questions sur sa passion pour la photogra- phie. C’est avec aisance qu’elle évoque cet art qui guide ses pas depuis l’adolescence. Aujour- d’hui, elle veut mettre toutes les chances de son côté pour espérer en vivre un jour. On a envie d’y croire avec elle, car son travail rompt avec la

banalité. Les photos d’Anne Cho- pard-Lallier ne sont pas celles de paysages authentiques quatre saisons, de portraits posés, ou de scènes de vie quotidiennes. Ces sujets sont éculés, ce qui ne veut pas dire qu’ils sont dénués d’intérêt. Dans ses clichés, Anne Chopard- Lallier nous entraîne dans un monde parallèle plus poétique et coloré que le nôtre. Les repères y sont les mêmes, mais elle crée la rupture en mêlant à un décor réaliste des scènes totalement surréalistes. Mal- gré ce décalage dosé, il y a une forme d’évidence dans ses pho- tos qui créent une émotion immédiate chez celui qui les regarde. On passe du rire au tos plutôt sombres où la mélan- colie et mes craintes semblent prendre beaucoup de place dans l'image. Dans les deux cas, je cherche à m’éloigner de la réa- lité en m’inventant mon propre monde, en prenant la liberté de le modeler à ma façon” explique Anne Chopard-Lallier qui a trouvé dans cet art les astuces pour figer le cours du temps. Évidemment, son champ d’investigation l’oblige à user de subterfuges pour réaliser ses images. Elle a recours à l’informatique pour retoucher des photos, sans quoi, impos- sible de faire tenir en suspen- sion un poisson rouge dans une cage à oiseau ! “J’essaie de fai- re la composition la plus pré- cise possible au moment de la prise de vue afin d’éviter d’avoir trop à retoucher l’image.” La photographe sait que cette post- production déplaît souvent aux puristes de la photographie. Elle sait aussi qu’à l’ère du numé- rêve en un coup d’œil. “Je fais deux sortes de photos, des photos poé- tiques avec une poin- te d’humour et d’absurdité, et des pho-

L’univers poétique et décalé d’Anne Chopard- Lallier.

“Chacun se raconte l’histoire qu’il veut.”

Autoportrait d’Anne Chopard-Lallier.

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