Journal C'est à Dire - 188 Mai 2013

L E P O R T R A I T

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Il était une fois un père et son fils Ce titre résume sans doute mieux l’aventure dont il est question qu’un “Il était une fois le moulin de Fuesse.” Car l’aventure que vivent depuis 12 ans au quotidien Louis Jeambrun et son fils Laurent est avant tout humaine avant d’être technique. Tout n’a pas été simple et il reste du travail. Mais la passion fait avancer. Indevillers

D’ où a bien pu naître cette idée folle de reconstruire un moulin dans le val de Fuesse sur le territoire de la commune d’Indevillers, à quelques encablures de la fron- tière suisse de Clairbief ? “J’ai toujours aimé l’eau” confie Lau- rent Jeambrun, 34 ans au moment du début du chantier en 2001. “Ce site était autrefois la propriété des grands-parents Découvrir le moulin Le site sera ouvert au public pour la journée des moulins le dimanche 16 juin de 9 heures à 19 heures. Louis et Laurent seront également à lʼhonneur dans un film “La vallée du Doubs franco-suis- se” qui sera diffusé dès le 23 octobre dans les cinémas de Suisse romande puis à la télévision suisse pendant les fêtes de fin dʼannée. Pour tout contact avec Louis et Laurent Jeambrun : contact@moulindefuesse .com

roue à l’identique qui sera recréée mais une vraie roue de produc- tion. Et tout s’est enchaîné. Louis, le papa, plus connu sous le surnom de Loulou, est encore en activité mais va consacrer tout son temps libre à ces tra- vaux d’Hercule. Laurent, son fils, ingénieur en informatique, quit- te son poste d’enseignant en Suis- se pour faire avancer pendant un temps le projet. “J’avais le choix entre investir mes écono-

Jeambrun qui ont connu les lieux avec un moulin à grains” pour- suit-il. Alors, dans un premier temps, Louis, alors âgé de 53 ans, rachète le terrain. Là commen- ce une période de 6 mois débrous- sailleuse et tronçonneuse en mains : “C’était complètement en friche, on ne voyait même pas le ruisseau. L’idée de reconstruire n’est venue que petit à petit” expli- quent le père et son fils. Ce ne sera finalement pas une petite

Jacqueline, épouse et maman, est admirative du travail accompli : “Comme ils l’ont gravé dans le mur du moulin, c'est Grâce à Dieu s’ils ont pu en arriver là.”

Laurent. Un aléa qui comme beaucoup d’autres au fil des années n’entame pas la déter- mination de Loulou et Laurent. Et il en faut au vu des chiffres : 800 tonnes de béton utilisées,

mies pour faire le tour du mon- de ou acheter une pelleteuse” plai- sante-t-il. L’engin va donc arri- ver sur place pour le début des grands travaux : l’accès est amé- nagé pour traverser le bief de

riel ou du temps comme l’a fait Michel par exemple.” Louis Jeam- brun apprécie à sa juste valeur cet élan de générosité sans dou- te déclenché par l’admiration que suscite ce projet démesuré et pas tout à fait terminé. Il reste à rac- corder le moulin au réseau, le rendre autonome et le sécuriser. Et après ? “On envisage de remon- ter les meules. La scierie et la for- ge qui étaient autrefois installées dans le val de Fuesse puis d’ouvrir le site au public” explique Lou- lou avec toujours la même flam- me dans les yeux. Pour l’heureux papa, au-delà du travail colossal accompli, il y a surtout 12 années de partage et de joie avec son fils. “On a beaucoup appris l’un de l’autre.” Et pour tous les deux, c’est sans doute là l’essentiel. D.A.

Fuesse qui va se jeter dans le Doubs. Un axe est trouvé dans une car- rière, initialement voué au broyage de la pier- re, il est utilisé pour

150 tonnes d’acier, 5 000 plans et 9 000 heures de dessins assistés par ordinateur ! Tout cela sur un chantier situé dans les bois, à 18 km

Des chiffres impression- nants.

entraîner la roue de 8 mètres qui sera construite sur le moulin. La fosse qui va l’accueillir est creu- sée… Nous sommes en 2003, année de sécheresse : “Nous sommes tombés par hasard sur une source qui va s’avérer gênan- te pour nos travaux mais très uti- le pour le village d’Indevillers puisque cette eau va permettre d’alimenter les habitants” explique

du domicile familial : “Certains hivers, il a fallu casser la glace de la route d’accès à la pelleteu- se !” Qu’importent les soucis tech- niques, climatiques ou autres. L’essentiel est ailleurs : “Nous devons remercier tous ces gens devenus des amis qui nous ont soutenus et aidés. Ces mains ten- dues pour nous offrir du maté-

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