Journal C'est à Dire - 188 Mai 2013

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S O C I É T É

“La vie continue ! Il n’y a aucune rupture” Après dix ans passés en Franche-Comté, Monseigneur André Lacram- pe a décidé de renoncer à sa charge d’archevêque pour raison de santé. Les réactions se sont multipliées à cette annonce. Église

C’ est à dire : Comment vous sentez-vous ? Monseigneur André Lacram- pe : Ça va autant que faire se peut. L’enveloppe est en bonne forme. J’essaie de mener à bien et au mieux la charge qui m’est confiée avec l’aide de Dieu et le soutien précieux des médecins qui veillent sur l’être humain. Ils m’ont dit qu’à cause du sui- vi cardiologique et rhumatolo- gique qui doit être exercé, ce n’était pas possible de continuer tant d’activités, il faut impéra- tivement alléger la charge. Mais le cahier des charges de l’archevêque est tellement lourd avec 13 doyennés dans le Doubs et la Haute-Saône et la res- ponsabilité de la province ecclé- siastique de Besançon que même en déléguant pas mal de choses, c’est devenu très compliqué. Je rentre donc dans les Pyré- nées, à Lourdes, cela me per- mettra notamment de suivre les cures qui me sont prescrites. Càd : Comment réagissent les fidèles ?

Mg.A.L. : Dès cette annonce, j’ai reçu plus de 200 mails , des cen- taines de S.M.S. et je continue à recevoir des dizaines de lettres tous les jours, et pas que des fidèles. Je ressens ce sentiment de reconnaissance et de soutien apporté à la consolidation de la foi durant ces dix années pas- sées ici. Càd : Fait-il y voir un lien avec la brèche ouverte par le pape Benoît XVI qui a lui aussi renoncé à sa charge ? Mg.A.L. : Il n’y a aucun lien

côte, je célébrerai la fête des prêtres jubilaires le 28 juin, etc. Jusqu’à l’automne, je mènerai à bien la vie du diocèse. L’élan continue. Càd : Et vous irez aux J.M.J. à Rio de Janeiro fin juillet ? Mg.A.L. : Oui, j’irai car je m’y suis engagé. Je n’irai pas avec les jeunes du diocèse de Besan- çon pour leur immersion d’une semaine à la frontière bolivienne. Je suis déjà allé une bonne quin- zaine de fois au Brésil dans ma responsabilité au comité épis- copal France-Amérique latine et je maîtrise la langue portugaise. Je vais à Rio pour rejoindre les jeunes de toute la province de Besançon, les médecins ne me l’ont pas contre-indiqué. Càd : Vous avez souligné qu’en dix ans, des “fragilités dans l’évangélisation sont apparues” en Franche-Com- té. Qu’est-ce que cela signi- fie ? Mg.A.L. : Il y a des zones

Monseigneur André Lacrampe était arrivé le 13 août 2003 à Besançon. Son successeur sera nommé à l’automne.

d’ombre et de lumière. La trans- mission de la foi, la pratique reli- gieuse vivent un certain bas- culement. Il faut prendre acte de cette situation, mais ne pas être passif. Nous lançons par exemple avec les deux autres évêques de Franche-Comté un appel, en juin, aux familles pour la catéchèse. L’autre aspect de cette fragilisation, c’est la pos- ture du prêtre qui change dans les unités pastorales et les doyen- nés. Il y en a beaucoup moins qu’il y a dix ans. C’est pourquoi il faut appeler au ministère pres- bytéral. Une chose est encou- rageante en ce moment, il y a huit jeunes en formation dans le diocèse et d’autres se posent la question. Il y a aussi 31

diacres permanents et il faut aussi interpeller d’autres hommes. Et parmi les acteurs pastoraux, il y a les membres des équipes de coordination pas- torale qui se renouvellent. Beau- coup de personnes répondent à l’appel. Une collaboration plus étroite est appelée à être vécue entre les prêtres, les diacres, les religieuses et les laïcs. C’est en cela qu’il y a basculement. Càd : On vous a vu beaucoup sillonner la région en dix ans, et même au stade de foot ou sur le tour de France. Vous assumez ce statut d’évêque “médiatique” Mg.A.L. : J’ai fait en effet beau- coup de visites, de rencontres,

j’ai appris à aimer et à servir la Franche-Comté. J’ai visité des fermes, des entreprises, je suis allé sur les stades, dans les fêtes des labours, etc. Je considère que je dois remplir un minis- tère de proximité qui doit être fait d’écoute, de compréhension. Tout ce que je vis, je le vis par nature et par méditation. Que faisait le Christ ? Il allait de vil- lage en village, de ville en ville, il apportait une parole d’espérance. Mon ministère a donc été un ministère d’itinérant avec ce souci de rencontrer le maximum de personnes et de faire confiance aux personnes qui sont en responsabilité. Propos recueillis par J.-F.H.

puisque j’ai pris cette décision dès l’automne dernier et que c’est donc Benoît XVI qui l’a acceptée en début d’année. J’ai attendu quelques semaines

“Je dois remplir un ministère de proximité.”

avant de la rendre publique car je ne voulais pas que cette annonce entraîne un frein à l’élan missionnaire et à la vie de l’Église en cours d’année pas- torale. Et la vie continue ! Il n’y a aucune rupture, j’ai présidé la confirmation de 32 adultes à la cathédrale le jour de la Pente-

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