Journal C'est à Dire 184 - Janvier 2013

L E P O R T R A I T

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Gilley

Pour Gérard et Bernadette, que la montagne est belle La famille Chabod qui a créé de ses mains le téléski des Clochettes à Gilley fête en février le 40 ème anniversaire de la station du Sau- geais. Agriculteurs à la retraite, Gérard et Bernadette ont toujours la même passion. Le ski, c’est leur vie.

L e soleil transperce difficilement la nappe de brume sur la crête de la montagne de Gilley, à 1 083 mètres d’altitude. Le Saugeais est figé dans le froid mais Gérard a déjà chaud. Dans son dameur acquis en 2000, il travaille la neige tombée dans la nuit. “Elle est un peu molle en bas… mais on pourra ouvrir cet après-midi” annon- ce le gérant de la piste de ski alpin du Saugeais. Sa machine de 200 chevaux lui facilite le travail. En février 1973, lorsqu’il a lancé son téléski enrouleur acheté en Italie, “le premier du genre

coule pour récupérer nos terres. On a travaillé pour en arriver là, c’est tout” témoigne Gérard qui a gardé la pas- sion du ski et de la neige et l’a trans- mise à de nombreuses générations. Ici, la piste “fabrique des skieurs pour les Alpes” s’amuse le propriétaire qui accueille des personnes de Gilley, du Val de Morteau, de Valdahon, Besan- çon, Montbéliard et même Dijon. Enco- re faut-il que la neige soit au ren- dez-vous pour satisfaire tout ce mon- de. Tous les jours ou presque, Gérard Chabod regarde la météo. Suisse de

Gérard et Bernadette avec leur téléski des Clo- chettes voient défiler la quatrième génération de skieurs depuis leur début, en février 1973.

et des amis. Michel et Camille, skieurs de la première heure, sont devenus des amis. Ils aident bénévolement à la location des 240 paires de ski et des chaussures. Les filles et petits-fils sont également dans l’épopée blanche. Sophie et Christelle (re)viennent prê- ter main-forte aux parents pendant que Jade (24 ans), l’une des petites- filles, prépare les crêpes. Viennent s’ajouter à la petite entreprise Virgi- le (20 ans), Côme (18 ans) et parfois Gaëtan (22 ans). Un joli clin d’œil, preuve que ce bou- lot est aussi une façon de vivre réunis- sant une tribu de passionnés. D’ailleurs, les Chabod se demandent comment ils parvenaient à gérer ferme et ski. “Il m’est arrivé de faire 44 heures de tra- vail en deux jours… Une vache avait vêlé et il neigeait beaucoup. Je fai- sais les deux choses à la fois” confie le gérant. Bernadette s’en amuse : “Nos filles avaient le droit de sortir le soir,

débourser 15 000 euros pour posséder l’autorisation d’exploitation. Seuls de bons hivers - à l’image de celui de 2005- 2006 où la station fut ouverte du der- nier dimanche de novembre jusqu’aux Rameaux - assurent des bénéfices à la “petite” entreprise qui ne connaît pas la crise. “Nous ne nous versons pas de salaire” conclut Bernadette qui for- me avec son mari un duo complé- mentaire. “Que ferait-on l’hiver sans le ski ?” se demande-t-elle. Les télés de TF1, France 2, France 3 jusqu’au journal britannique The Sunday Times ont interviewé ces gérants pas comme les autres. C’est à dire en profite pour souhaiter aux Clochettes un bon 40 ème anniversaire. Le plus beau cadeau serait un gâteau glacé… de neige. E.Ch.

mais elles savaient qu’il fallait démar- rer tôt le matin. Elles préparaient le déjeuner.” Ce qu’ils ont bâti, c’est à la force de leur courage. Alors lorsque certains skieurs jugent le prix du forfait trop élevé (14 euros pour un adulte par jour, 12 pour un enfant), Gérard répond que c’est un téléski privé avec des services proposés (location de matériel, salle hors-sac à disposition, toilettes). Et d’ailleurs, il ne se prive pas de ser- monner les clients slalomant sous le téléski. Ou de renvoyer d’éventuels resquilleurs. Le montagnard sait accueillir. Mais prière de bien se tenir ! Le prêt bancaire du téléski est ter- miné, le matériel chouchouté et véri- fié. Mais la sécurité a un prix. Lors du grand entretien, les Clochettes ont dû

arrivé en France” , il préparait alors la piste avec un rouleau qu’il retenait avec ses skis. “Je l’avais acheté au Chauf- faud… contre un litre de gout- te. Il m’a servi jusqu’à ce que je fabrique un tracteur à che-

préférence. S’il ne travaille plus la terre, il travaille l’or blanc pour offrir les meilleures condi- tions de ski à ses clients pen- dant que Bernadette, sa fem- me, prépare les chocolats chauds, cafés, thés, gâteau de

Acheté au Chauffaud contre un

litre de goutte.

nilles” confie le propriétaire des Clo- chettes, pas nostalgique pour le coup. C’est donc ici, à la montagne de Gil- ley, que Gérard et son frère Pierre - décédé en 1994 -, ont eu l’idée de créer une piste de ski alpin longue d’1,2 km sur le versant nord-ouest de leur pro- priété, juste derrière leur ferme. Le site est entièrement privé. “On nous a pris pour des fous lorsque l’on a déci- dé de se lancer… Les gens disaient qu’on boufferait la ferme avec cette pis- te ! Certains espéraient déjà que l’on

ménage, dans le chalet d’accueil bâti par la famille elle-même. “On fait beau- coup de choses par nous-mêmes pour limiter les coûts car c’est notre argent qui est investi ici” concède Bernadet- te, fidèle au poste derrière le comptoir. Téléski privé, les Clochettes n’ont en effet jamais bénéficié du moindre apport financier de la collectivité. “On paye jusqu’au déneigement de notre par- king” ajoute le gérant qui a fait de ce travail une passion aujourd’hui transmise à l’ensemble de la famille

Renseignements : 03 81 43 30 50 Ouverture de 9 h 30 à 17 heures (en fonction de l’enneigement)

BONNE ANNÉE 2013

GARAGE ROBERT SCHELL

10, rue du Jura 25120 MAÎCHE Tél : 03 81 64 08 73 - Fax : 03 81 64 26 94 e-mail : robert.schell@ctoyota.net - site web : www.garageschell.fr

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