Journal C'est à Dire 184 - Janvier 2013

L A P A G E D U F R O N T A L I E R

35

Économie

Fonds Interreg : une perte de temps pour peu d’argent ? Depuis 2012, 87 projets ont été financés entre France et Suisse. Mais à écouter un chef d’entreprise de Neuchâtel collaborant avec l’Université de Franche-Comté, il semble bien fastidieux de remplir les dossiers.

J ean-PierreAubry a publi- quement jeté unpavé dans la mare. C’était le 7 décembre lors de la Conférence transjurassienne à Besançon réunissant les acteurs politiques suisses et français.Dans

la salle du Conseil régional où devait être traitée la probléma- tique du développement durable des deux côtés de la frontière, le dirigeant suisse - de nationalité française - a appuyé là où beaucoup font dans

l’autosatisfaction.Selon lui,la com- plexité des dossiers de deman- de de fonds Interreg est telle qu’elle rebute nombre d’entrepreneurs. Lui le premier : “Favoriser la col- laboration entre les personnes et les laboratoires est une bonne

Le gérant d’Oscilloquartz a conçu avec un laboratoire bisontin un outil de mesure du temps. Jean-Pierre Aubry regrette la lourdeur administrative d’Interreg.

de F.E.D.E.R. et 40 000 francs suisses de fonds fédéraux). Grâ- ce à la collaboration, la société helvète devrait industrialiser puis commercialiser sur le mar- ché des télécommunications un outil permettant “la synchroni-

ter” dit-il. Son regret : “Le trop faible nombre de projets liés à des questions de proximité trans- frontalière.” Sur les 87 dossiers validés en 2012, quelques-uns concernent le Doubs. Ainsi, la Carte avan- tages jeunes a bénéficié de 689 129 euros, le Festival de musique de Besançon en col- laboration avec Montreux a récu- péré 800 625 euros, la ligne Besançon-Neuchâtel 99 000 euros, le G.R.E.T.A. du Haut-Doubs pour sa formation professionnelle 167 476 euros, la restauration du pont de Biau- fond de 781 432 euros ou enco- re la route de l’absinthe à Pon- tarlier (129 750 euros). Fasti- dieux, les fonds européens valent néanmoins la chandelle. Atten- tion, après 2013, la bourse sera vide. E.Ch.

chose, mais il faut davantage de facilités pour répondre aux fonds Interreg. Il faut plus de temps à monter un dossier que réaliser le projet” dit-il, sans cracher tou- tefois dans la soupe. Pour pou- voir faire appel aux subventions

fédérales, les projets doivent engendrer des retombées économiques dans la région fronta- lière concernée et sti- muler sa capacité com- pétitive et innovatrice.

sation des téléphones de dernière génération.” Sa prise de position aura eu un effet : elle a permis aux décideurs de s’interroger. Élu régional en charge des

La restauration du pont de Biaufond.

Avec sa société Oscilloquartz basée à Neuchâtel, Jean-Pierre Aubry était dans les clous. Il a donc bénéficié de l’appui finan- cier d’Interreg et pu travailler avec le laboratoire bisontin de mesure du temps dirigé par François Vernotte. La dotation européenne s’est élevée à 748 342 euros (236 667 euros de subventions publiques, 170 000

questions transfrontalières, Jose- ph Parrenin - présent à cette réunion - a conscience des diffi- cultés administratives. “C’est normal, c’est de l’argent public, d’où des contrôles renforcés, rétorque le maire de Maîche. On conseille tout de même aux entre- preneurs de venir nous voir (à la Région) avant de déposer un dossier. Nous pourrons les orien-

À la Région Franche-Comté, c’est Joseph Parrenin qui suit les questions franco-suisses.

Made with FlippingBook - professional solution for displaying marketing and sales documents online