Journal C'est à Dire 184 - Janvier 2013

É C O N O M I E

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Emploi E.R.D.F. recrute jusqu’en 2015 Électricité Réseau Distribution de France embauche pour faire face à ses besoins en personnel. Mais l’entreprise a adapté sa stratégie de recru- tement au marché de l’emploi faute de pouvoir trouver du personnel systématiquement qualifié dans les métiers de l’électricité.

tion régionale d’E.R.D.F. basée à Besançon qui travaille étroi- tement avec Pôle Emploi. Désha- biller Paul pour habiller Jacques n’est pas la solution. Alors E.R.D.F., plutôt que de tenter de dénicher les perles rares qui Dʼici 2015 : Une quarantai- ne de recrutements sont pré- vus tous les ans 25 à 30 nouveaux contrats en alternance par an E.R.D.F. en chiffres E.R.D.F. emploie 736 sala- riés en Franche-Comté et 230 en Alsace En 2012 : 81 personnes ont été recrutées (55 en Franche- Comté et 26 en Alsace) 31 contrats en alternance ont été signés pour former des apprentis (24 en Franche-Com- té et 7 en Alsace)

2013

E n 2012, la direction régionale Alsace- Franche-Comté d’E.R.D.F. (Électrici- té réseau distribution France) a recruté en C.D.I. 81 personnes dont 55 dans notre région. Elle a signé, en plus, 31 contrats en alternance pour former des apprentis, et 15 contrats aidés. Cette politique d’emploi va se poursuivre jusqu’en 2015 pour E.R.D.F. qui table chaque année sur une quarantaine de recru- tements pour faire face à ses

besoins en personnel, auxquels elle ajoute entre 25 et 30 contrats en alternance. La stra- tégie est plutôt bien perçue par les syndicats mais elle a ses limites. “Pendant plus de 10 ans, l’entreprise a travaillé sur la diminution des effectifs et la réduction des coûts. Elle a exter- nalisé des services avant de les réintégrer suite au mouvement social de 2009. Pendant des années, on n’a pas fait de recru- tement. Désormais on embauche. Le problème est qu’on s’aperçoit

qu’il y a un trou dans les com- pétences entre les nouveaux venus et les anciens qui partent à la retraite” observe Jean-Chris- tophe Jacottot, délégué syndi- cal C.G.T. E.R.D.F.-G.D.F. Or, les professionnels qui ont de l’expérience dans le secteur de l’électricité ne courent pas les rues. “Nous savons que nous ne trouverons pas les spécialistes dont on a besoin sauf à aller les chercher chez nos prestataires” remarque le service des res- sources humaines de la direc-

58 €

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se présentent parfois, a modi- fié sa stratégie de recrutement. “D’autant qu’il est arrivé qu’après avoir précisé sur l’annonce “électricien confirmé” on reçoive le C.V. d’un maçon.” Elle attache désormais moins d’importance aux compétences techniques initiales qu’aux qua- lités humaines du candidat chez lequel les recruteurs vont éva- luer l’enthousiasme, la curiosi-

Jacottot, il y a aussi des candi- dats qui refusent le poste pour une question de rémunération insuffisamment élevée. “En gros, quand on leur présente le salai- re, qui est d’une centaine d’euros au-dessus du S.M.I.C., sans astreintes, des candidats disent non. Effectivement, nous avons un statut, une sûreté de l’emploi, mais cela ne fait pas tout.” E.R.D.F. n’est pas la seule socié-

té, l’envie de progresser et de s’investir. “Nous dis- posons de notre propre système de formation interne. Toute personne qui rentre chez nous, quel que soit son bagage, quel

té à être confrontée à une problématique de recrutement. Dans le secteur de l’électricité, la main-d'œuvre qua- lifiée immédiatement opérationnelle manque

“Nous avons reçu le C.V. d’un maçon.”

que soit le métier qu’elle s'apprête à exercer, va de toute façon suivre des stages” précisent les res- sources humaines. E.R.D.F. élargit ainsi le spectre des candidats potentiels. De cet- te manière, elle a intégré dans ses effectifs, en C.D.I., une per- sonne de 47 ans sans le diplôme requis. “En fonction des sessions, il arrive que l’on rencontre les candidats qu’il nous faut en 5 C.V. Parfois, il en faut 30.” Il y a tous les profils. Mais ce qui sur- prend lorsqu’on évoque la ques- tion avec les services des R.H., c’est la désinvolture avec laquel- le certains postulants notam- ment les plus jeunes qui sortent de l’école abordent les entretiens. “Il nous arrive de recevoir une belle lettre de motivation, sou- vent inspirée d’un modèle pris sur Internet. La personne vient en entretien, les mains dans les poches, ne sachant même pas ce que signifie E.R.D.F.” Ces com- portements marginaux sont néanmoins révélateur d’un état d’esprit. Pour Jean-Christophe

en Franche-Comté et en par- ticulier dans des secteurs com- me le Haut-Doubs où le marché de du bâtiment reste dyna- mique. “Même les agences inté- rim n’ont plus personne à nous amener” explique la direction d’une entreprise d’électricité qui travaille principalement pour l’industrie et les collectivités locales sur la bande frontaliè- re. “Par exemple, nous avons mis une annonce, les rares réponses que nous avons eues venaient de Bretagne.” Mais ce qui inquiè- te surtout cette société d’une vingtaine de salariés, c’est la désaffection des jeunes pour le métier d’électricien. “Il y a encore six ans, nous recevions chaque année entre 7 et 8 demandes pour un apprentis- sage. Nous sommes désormais à une ou deux demandes par an. C’est un vrai problème car pour nous, nos apprentis sont nos col- laborateurs de demain. Si nous voulons continuer à nous déve- lopper, nous avons besoin de per- sonnel.”

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