Journal C'est à Dire 184 - Janvier 2013

D O S S I E R

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LE HAUT-DOUBS VERSION 1900

quelques pages montrera à quel point le tissu commercial et urbain s’est métamorphosé en quelques décennies. Dans ce passé pas si lointain, on ne raisonnait que par la proximité, d’où l’existence de nombreux petits com- merces que ces photos anciennes font ressurgir. Pour les anciens, c’est une manière de se remémorer “l’ancien temps”. Pour les plus jeunes, l’occasion de découvrir leur actuel lieu de vie sous un “nouveau” jour. Séquen- ce nostalgie, en images.

En cette nouvelle année, les vœux que nous adres- sons à tous nos lecteurs et annonceurs s’accompagnent d’un dossier de rentrée que l’on a voulu plus “léger”, certes tourné vers le passé, vers en évitant de tomber dans le passéisme. L’idée était de ressusciter, à travers

de nombreuses photos anciennes que nous ont genti- ment confiées quelques collectionneurs amoureux de ce patrimoine en images, le Haut-Doubs des années 1900 à 1930. À Morteau comme à Maîche, les deux prin- cipales villes-centres du Haut-Doubs, ce dossier de

Morteau Coup d’œil sur le Haut-Doubs du “bon vieux temps”

Des boutiques diverses et indépendantes, des usines, des cafés, des transports en commun, il y a un siècle, le Haut-Doubs présentait un visage bien différent de celui que l’on reconnaît aujourd’hui.

côté de la frontière, en Suisse. Le ballet quotidien des véhicules des travailleurs frontaliers a remplacé celui des ouvriers qui se pressaient sur les trottoirs de Maîche et Morteau à la sor- tie des entreprises il y a enco-

jours la mutation des emplois industriels locaux vers le tra- vail frontalier et ses consé- quences” écrit Henri Leiser en avant-propos de son livre “Mor- teau d’hier à aujourd’hui”, co- signé avec le photographe Didier Jacquot. Ici, on Le Haut-Doubs a perdu son caractère de territoire industriel quand l’horlogerie vivait ses heures de gloire. Si cette der- nière est pratiquement éteinte, le savoir-faire perdure de l’autre construit plus aujour- d’hui de lotissements que d’usines.

I l faut se plonger dans l’histoire, aller scruter le pas- sé pour mesurer à quel point nos vies changent autant que nos villes. La muta- tion frappe à toutes les portes, de l’urbanisme, de la technique et de la technologie, de l’économie, du commerce, de la politique, et modifie ainsi

la société en profondeur qui se façonne encore au gré des grands événements de l’histoire. Morteau est marquée “par les deux guerres mondiales, avec une période dite de “l’entre-deux- guerres” d’une part et ensuite celle de “l’après-guerre” avec son développement atypique. Cette évolution marque jusqu’à nos

re un demi-siècle. Les instants de convivialité se partageaient alors dans les cafés. Avant la

47 cafés à Morteau.

seconde guerre mondiale, il y avait 47 bistrots à Morteau aux- quels s’ajoutaient des “bois- debout”, des cafés non déclarés. “Ils ont disparu progressivement dès la fin des années quarante car ces activités n’étaient pas rentables” remarque Henri Lei- ser. La ville compte désormais une dizaine de cafés. La disparition des bistrots est un des signes de l’évolution pro- gressive de nos habitudes de consommation. Les photos anciennes des rues de la ville montrent la diversité du com- merce indépendant de proxi- mité. On ne parlait à l’époque ni de franchises, ni de grande distribution et encore moins de zones commerciales. Il y avait des boutiques pour tout. Pri- meurs, forgerons, mercerie, bour- relier, sellier, et des bazars com- me “le Petit Journal” rue de la Louhière (voir photo pages sui- vantes) qui proposait un ser- vice de teinture, nettoyage, lava- ge chimique et, chose curieu- se, de deuil en 24 heures. “À ce moment-là, lors d’un décès, on apportait ses habits au teintu- rier qui les teignait en noir en moins de 24 heures” apprend- on auprès d’un collectionneur

La pharmacie Wermot se situait à la place de l’actuel Crédit Mutuel à Morteau.

d’images anciennes du Val de Morteau. Aujourd’hui, les commerçants indépendants de centre-ville se battent pour exister, luttant contre la concurrence des centres commerciaux. Mais cette gran- de famille du commerce tradi- tionnel est bouleversée par une nouvelle évolution. Il s’agit évi- demment d’Internet. Le média séduit les nouvelles générations de consommateurs qui font leurs courses en quelques clics. Le web aura-t-il raison du com- merce traditionnel tel qu’on le

connaît ? Pas sûr. Les notions de proximité, de service, de filiè- re courte, de diversité, de qua- lité reviennent à la mode. Les consommateurs sont de plus en plus nombreux à être deman- deurs de “traçabilité” mais aus- si de lien social. Des notions qui allaient de soi il y a un siècle autant que le transport en com- mun. L’ère de l’hyper-consom- mation et du “tout voiture” atteint peut-être une limite. Le contexte de crise pourrait nous inviter à revenir à la raison et au bon sens.

La boucherie Varéchard à Morteau, avec les bœufs de Pâques (collection C. Petit La Bousse).

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