Journal C'est à Dire 180 - Octobre 2012

L E P O R T R A I T

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Bernadette Taillard, femme chasseresse Depuis le début de la saison de chasse, peu nom- breuses sont les femmes qui arpentent chaque week- end les bois autour de nos villages. À Goumois, il y en a une, Bernadette Taillard. Une passion née dans l’enfance et qui ne s’est jamais démentie. Goumois

M ême lors de la sortie annuelle à la fête foraine de Dampri- chard, déjà Berna- dette préférait s’essayer au tir à la carabine comme son frère. Des jeux de garçons qu’elle assume parfaitement, la chasse en par- ticulier étant à l’époque l’une des rares activités possibles à Gou- présidente de l’A.C.C.A. de Gou- mois, un poste que son père,René, avait déjà occupé par le passé.Une femme à la tête d’une association à majorité masculine dans un milieu souvent décrit comme macho et peu flatteur pour la gent féminine… Qu’à cela ne tienne, Bernadette a certes eu besoin de s’imposer, apportant plus qu’un homme sans doute la preuve de ses connaissances dans le domai- ne, ce qu’elle a fait sans diffi- cultés. Taper du poing sur la table quand il le faut, ne pas se lais- ser marcher sur les pieds et ce, mois. Les années pas- sent et la passion reste intacte, voire se déve- loppe. En 1995, Berna- dette Taillard devient

tout en gardant sa féminité et des rapports tout à fait normaux avec les autres femmes.Voilà la recet- te pour réussir non seulement comme chasseur, puis présidente d’une association de chasse et depuis quelques années comme administratrice de la Fédération départementale. La chasse est pour elle utile et la faune. Réguler la présence de la faune sauvage. Bernadette Taillard cite l’exemple du can- ton de Genève, où l’on ne chas- se pas. Les autorités ont été obli- gées de faire appel à des entre- prises pour éliminer du gibier qui en trop grand nombre deve- nait dangereux pour la circu- lation, sur les routes comme sur les pistes d’aviation. “Le systè- me français de prélèvements régu- lés sur les territoires communaux est donc justifié et raisonnable” dit-elle. Mais loin d’elle l’idée de nier les problèmes. Au contrai- justifiée. Certes le besoin de se nourrir originel n’est plus de mise, mais il faut impé- rativement équilibrer

Une passion à défendre.

Bernadette Taillard apprécie la chasse surtout quand elle est accompagnée de ses trois chiens.

re, pour lutter contre la mau- vaise image de la chasse et les idées reçues trop souvent véhi- culées, il faut prendre la situa- tion de front. Ne pas détourner les yeux quand des problèmes de comportements minoritaires nuisent à la majorité. Pour Ber- nadette en effet, chasse rime avec nature, c’est certain, mais elle sait aussi que les chasseurs ne sont pas seuls au monde : “La nature appartient à tout le mon-

de. Ensemble, partageons-la, res- pectons-la, protégeons-la.” Une phrase qui sonne comme un vrai slogan repris à l’échelle du pays cynégétique dont elle s’occupe. La cohabitation entre tous les utilisateurs est en effet une prio- rité, de même que la sécurité. Sur ce sujet autrefois délicat, là aussi, les chasseurs ont évolué et communiquent. “La journée départementale orga- nisée le dimanche 21 octobre per-

mettra d’ailleurs de nous ouvrir aux non-chasseurs qui pourront nous accompagner et donc décou- vrir notre passion” explique-t- elle. Une volonté pour Berna- dette Taillard qui affiche fière- ment son goût pour la chasse et sait qu’une telle initiative peut permettre de “chasser les idées reçues.” Tant sur la chasse elle- même que sur la présence de femmes dans ce milieu d’ailleurs. “Le plaisir de voir mes trois chiens

griffons Andie, Guillie et Ges- sie lever le gibier ne s’explique pas” conclut-elle tout sourire. Preuve d’ailleurs que c’est bien là l’essentiel pour elle, son bilan depuis quelques semaines.Aucun tir. De quoi décevoir bon nombre de chasseurs. Pas Bernadette. “J’ai le bonheur d’être chaque week-end dans les bois avec mes chiens” conclut-elle. D.A.

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