Journal C'est à Dire 180 - Octobre 2012

L A P A G E D U F R O N T A L I E R

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Les Suisses disent “non” au TransRun Neuchâtel Le projet d’une liaison ferrée entre Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds n’est pas totalement enterré mais il a du plomb dans l’aile depuis que les électeurs du canton de Neuchâtel ont dit “non.”

pour une mise en service de l’infrastructure fin 2022. Pour les défenseurs de ce pro- jet annoncé comme une pièce maîtresse du réseau de trans- port en commun cantonal, c’est la douche froide. Ce refus tom- be comme un couperet sur neuf années de travail. “Ce qui est fou, c’est que les partis politiques étaient pour, à l’exception de l’U.D.C., le milieu économique était favorable tout comme la Confédération qui avait validé le projet. Nous étions tellement sûrs de l’emporter que nous “non” l’ont emporté d’une très courte distance. Le principal reproche qui est fait au Trans- Run est son coût : 919 millions de francs suisses (dont 241 mil- lions provenant des chemins de fer fédéraux (C.F.F.) et 111 mil- lions de la Confédération). Un investissement exorbitant pour l’U.D.C. qui a fait campagne pour “le non” avec ce slogan “1 000 millions dans un trou noir.” “C’est indéniable que le coût a fait peur aux gens. Mais je rappelle qu’il ne représente qu’1 % du budget des collecti- vités” remarque le directeur. Le prix est un des éléments qui a favorisé l’orientation du vote. Mais ce n’est pas le seul selon avons peut-être relâ- ché la pression” obser- ve, déçu, Patrick Via- nin, directeur de la société TransRun. Les partisans du

Patrick Vianin. “Dix jours avant la votation, le gouvernement a annoncé une baisse du salaire des fonctionnaires d’1 %. On savait à partir de là que ce serait plus difficile” dit-il. L’affaire a donc pris une tournure politique. Par son vote, la population aurait plus exprimé un mécontente- ment vis-à-vis du pouvoir en place qu’un rejet du TransRun. “Beaucoup de personnes ont pris la mesure du résultat des urnes. Si on revotait aujourd’hui, le “oui” l’emporterait sans doute car la question de la mobilité reste centrale dans le canton” poursuit Patrick Vianin. Cependant, ce “non” ne signifie pas que le projet est définiti- vement enterré. Le canton de Neuchâtel peut décider de le réactiver pour qu’il soit soumis au vote dans trois ans mini- mum. Mais cela imposerait de revoir la copie pour diminuer le coût du TransRun. L’ensemble du plan de financement devrait être remis à plat. Or, à moins d’être devin, personne ne sait à l’avance si les C.F.F. et la Confé- dération renouvelleront dans les mêmes proportions leur par- ticipation financière au pro- jet. Le sort du TransRun dépend aussi de leur position. T.C. Mais on ne refait pas l’histoire. La démo- cratie s’est exprimée.

L e 23 septembre, les habi- tants du canton de Neu- châtel étaient invités aux urnes pour se prononcer sur le projet de R.E.R.-TransRun.

Dans l’isoloir, ils ont dit “non” à 50,3%à cette nouvelle liaison fer- roviaire entre Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds permettant de rallier ces deux villes en 14

minutes à raison d’une rame tous les quarts d’heure. Le program- me contient également une amé- lioration de la capacité sur les lignes du Val-de-Travers, et La

Chaux-de-Fonds-LeLocle.La vota- tion était la dernière étape à fran- chir pour que le projet entre dans sa phase opérationnelle. Les tra- vaux devaient démarrer en 2016

“Le “oui” l’emporterait sans doute”

Les travaux du TransRun devaient démarrer en 2016 pour une mise en service en 2022.

Justice

Denis Leroux planche

pour devenir avocat en Suisse À 45 ans, cet avocat au barreau de Montbéliard suit des cours à Neuchâtel dans le but d’obtenir en plus le diplôme d’avocat suisse. Il est encouragé dans cette voie par l’évolution des relations transfrontalières qui s’intensifient.

U n avocat français peut plaider en Suisse et inver- sement. “Mais si on com- met la moindre faute dis- ciplinaire, on est non seulement sanc- tionné en Suisse, mais on peut l’être également en France.” Une décon- venue professionnelle que Denis

ces derniers mois. “J’ai bossé com- me un fou. Mais c’est passionnant car j’ai l’impression d’entrer en quelque sorte dans l’intimité du pays en connaissant le droit de celui-ci. Le gros problème de l’avocat fran- çais qui va en Suisse, c’est la bar- rière de la langue. N’oublions pas

au lieu de trois, compte tenu de la densité de son emploi du temps. Denis Leroux doit en effet mener de front ses études, son activité d’avocat et son mandat d’élu local (il est pré- sident de la communauté de com- munes du plateau du Russey). Malgré tout, il a bien l’intention d’aller au bout de la démarche, encou- ragé par l’évolution des relations transfrontalières qui l’ont poussé à s’engager dans cette voie. Il est de plus en plus souvent amené dans son métier à démêler des affaires franco-suisses comme des dossiers de succession. Cette double com- pétence va lui permettre de se poser en interlocuteur unique pour un client suisse qui a un litige en Fran- ce et inversement. “À terme, j’ouvrirai probablement un bureau en Suisse” annonce-t-il. Peu d’avocats français ont entrepris comme lui une telle démarche. Mais il est probable que son initiative donne des idées à d’autres. T.C.

Leroux veut éviter. À 45 ans, cet avocat du Barreau de Montbéliard a donc décidé en août 2011 de prendre le chemin de la fac de Neu- châtel pour se former au droit helvétique. “Ils ont

qu’il y a dans ce pays 63 % d’Alémaniques. Beaucoup de textes sont rédigés en alle- mand. Pour cette raison, je ne plaiderai pas au-delà du canton de Neuchâtel.” La fac ne lui laisse pas d’autre

“J’ai bossé comme un fou.”

choix que de réussir. “Je n’ai droit qu’à une session de rattrapage” pré- cise l’étudiant. En cas d’échec, l’université ne lui donnera pas de seconde chance, ni à Neuchâtel, ni dans une autre faculté de Suisse. En cela le système diffère de celui que l’on connaît en France. L’avocat a déjà validé quatre matières sur les cinq demandées. Il est presque assuré de pourvoir poursuivre son Master qu’il fera en cinq semestres

regardé mes diplômes et m’ont pro- posé une équivalence en Master sous réserve que je valide cinq matières importantes en pré-requis.” Un pas- sage exigé pour poursuivre le cur- sus et décrocher le diplôme d’avocat suisse. Le droit institutionnel et constitutionnel ou le droit des contrats figurent parmi les matières demandées. Des gros morceaux à potasser qui ont obligé Denis Leroux à aménager son emploi du temps

Denis Leroux est un “pré-requis”. C’est ainsi que l’on surnomme les avocats étrangers qui viennent chercher une qualification en Suisse. Ils sont une quin- zaine à Neuchâtel toutes nationalités confondues.

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