Journal C'est à Dire 180 - Octobre 2012

L A P A G E D U F R O N T A L I E R

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Adieu le Portugal, bonjour la Suisse Immigration

I l n’y a pas qu’en France que des clubs de football dis- paraissent suite à une mauvaise gestion comme à Besançon. En Suisse, le célèbre Neuchâtel-Xamax qui avait l’habitude de jouer les premiers rôles en “première league” suisse a disparu début 2012. Il a été déclaré au mois de décembre en faillite tandis que son propriétaire, le Tchétchène Bulat Chagaev, était incar- céré à Genève, un homme d’affaires de 51 ans qui avait racheté le club en 2011. Cette arrestation survenait quelques heures après la faillite de Xamax prononcée par un tribunal de la région de Neuchâtel après que l’homme d’affaires Le club, en faillite, a disparu au début d’année pour laisser place à “Neuchâtel- 1912”. Les festivités du centenaire ont tout de même été célébrées. Neuchâtel-Xamax : drôle de centenaire Football

A prèslerêveaméricain, voi- ci lerêvesuisse.Depuis2008, l’arrivéedePortugaissurle territoire suisse progresse, phénomène conforté depuis 2012.Un exemplerévéléparledirecteurdel’école maternelle du Locle : “A la rentrée d’août, une classe devait fermer faute d’élèves. À la rentrée, nous avons accueilli de petits Portugais, ce qui nous a permis de préser- ver cette classe” déclare Thierry Hild. Le chiffre des nouveaux venus est difficile a estimé déclare le can- ton de Neuchâtel. Beaucoup vien- nent travailler quelques mois et repartent ensuite. Cette histoire d’arrivées de Portugais (ou Espa- Si le phénomène n’est pas nouveau, il s'accélère depuis 2008. Les Portu- gais viennent en masse dans le canton de Neu- châtel pour y trouver un travail. Visite.

ait demandé lui-même le dépôt de bilan de son club, auquel la licence de pre- mière division a été retirée le 18 jan- vier, à titre de sanction pour non-paie- ment de salaires et de charges sociales. Les dettes de Xamax s’élèvent à quelque 8 millions de francs suisses (6,6 mil- lions d’euros). Le retrait avec effet immédiat de la licence du club, qui

Une fondue de soutien le 20 octobre.

Portugais et Espagnols fêtent l’Euro de football dans l’avenue principale de Chaux-de-Fonds (Photo d’archive L’Impartial - R. Leuenberger).

furent rangés aussi vite qu’ils avaient été étendus lorsque la Suis- se l’avait emporté… Ce fut moins vrai pour l’Espagne qui elle, triom- pha. Cette anecdote rap- pelle aux Suisses les années quatre-vingt, où des milliers de Portugais, les fameux saisonniers, débarquaient pour servir de main-d’œuvre dans les exploitations agricoles ou dans l’hôtellerie. Trente ans plus tard, la Suisse res- te cette terre d’immigration pour les natifs de Faro ou de Porto. Même si le profil des chercheurs

d’emploi a évolué. Depuis 2002 et l’accord sur la libre circulation, le nombre d’immigrés portugais a pris l’ascenseur. “Avec un pic en 2007-2008, après l’abandon des contingents” constate la Confé- dération. Et l’afflux se poursuit. De mai 2010 à mai 2011, la com- munauté portugaise en Suisse a crû de 8 467 personnes, soit la plus forte augmentation après les Koso- vars et les Allemands. Et l’exode ne devrait pas faiblir. Ils viennent de préférence sur l’arc lémanique, en Valais, à Fribourg, dans les Gri- sons ou à Zurich – par le bouche- à-oreille. Chacun connaît un beau-

frère ou une cousine installée de longue date. “Ces travailleurs sont très mobiles” , précise une agence d’intérim qui confirme cette ten- dance. Certains sont prêts à tri- mer pour des salaires bas. Le syn- dicat Unia dénonçait un chan- tier où les ouvriers étaient payés 3,15 euros de l’heure. Une associa- tion des travailleurs portugais exis- te d’ailleurs à La Chaux-de-Fonds pour guider les nouveaux arrivants. Si beaucoup n’hésitent pas à s’installer ici, le plus grand nombre espère repartir au “pays” témoigne un Français d’origine portugaise qui travaille en Suisse.

gnols) n’est pas nouvelle. Pour la petite histoire, c’est souvent le duel dans les entreprises horlogères lorsque la Suisse affron- te le Portugal au foot, voi- re l’Espagne, autre pays

avait connu son heure de gloire dans les années 70 et 80 notamment avec l’entraîneur Gilbert Gress (deux fois champion de Suisse en 1987 et 1988 et deux fois quarts de finaliste de la Coupe U.E.F.A. en 1982 et 1986) était une première dans l’histoire du football suisse. Malgré cela, les festivités du centenaire ont bien eu lieu en septembre. Aujourd’hui, le nouveau club est réduit à chercher de l’argent. Le nouveau Neuchâtel Xamax 1912 orga- nise une fondue de soutien le 20 octobre au stade de la Maladière dont les bénéfices de la soirée seront inté- gralement reversés à la première équipe. Drôle d’anniversaire !

“Ces travailleurs

sont très mobiles.”

concerné. Lors de l’Euro 2008 qui se disputait en Suisse, les klaxons avaient retenti de La Chaux-de- Fonds et au Locle, jusqu’à Mor- teau. Les drapeaux lusitaniens qui avaient fleuri sur les allées du Pod

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