Journal C'est à Dire 180 - Octobre 2012

D O S S I E R

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IMMOBILIER LES PRIX SECTEUR PAR SECTEUR

Tendance Le marché de l’immobilier est inégal dans le Haut-Doubs Les agents immobiliers parlent de micromarchés sur la bande frontalière tant les prix sont disparates en fonction des communes. Quel que soit le bien, ils sont très différents suivant que l’on se trouve à Maîche, au Russey ou à Morteau. Après l’euphorie des années 2000, la crise de 2008-2009, l’immobilier est entré dans une phase de redressement lent. Paradoxe, en France, avec 800 000 transactions enregistrées l’an dernier, il ne s’est jamais vendu et acheté autant de biens. Ce rebond est notamment dû aux incitations fiscales dont l’avenir n’était pas assuré. Qu’en est-il dans le Doubs et dans le Haut-Doubs ? Si le nombre de transactions s’est tassé après un mois de janvier eupho- rique, les prix, eux, continuent leur lente progression. Notamment dans le Haut-Doubs avec des prix encore orientés à la hausse.

D ans le Haut-Doubs, le marché de l’immobilier réagit différemment en fonction des secteurs géographiques. Les nuances sont suffisamment marquées sur la bande frontalière pour parler de micromarchés. Si en règle géné- rale les prix sont stablesmais éle- vés, la situation de Morteau par exemple n’est pas celle Maîche. Selon l’étude publiéemi-septembre par la Chambre des Notaires du Doubs, le prix des maisons indi- viduelles anciennes a fait un bond

de 14,6%enunanàMorteau (c’est la plus forte hausse du départe- ment), alors qu’il recule de 3 % à Maîche (seul secteur dans leDoubs à régresser). À l’inverse, dans les appartements anciens, le prix du mètre carré baisse de 2,1%àMor- teau par rapport à l’an dernier, pour s’établir à 2 086 euros, alors qu’il augmente de 6,2%àMaîche (1 443 euros le mètre carré en moyenne). La plupart des agents immo- biliers nuancent l’analyse que font les notaires du marché qui est en décalage selon eux avec

la réalité constatée à l’échelle d’une commune. C’est le cas par exemple des prix des terrains à bâtir. Pour le secteur de Mor- teau, la Chambre des Notaires du Doubs situe le prix médian du mètre carré en lotissement à 72 euros, alors qu’il a dépas- sé les 120 euros aux Fins en lotis- sement privé et les 140 euros à Villers-le-Lac. La proximité de la Suisse et la rareté du foncier constructible sont deux facteurs qui tirent les prix vers le haut. Mais selon Cédric Valion, de l’agence Morteau Immobilier,

une limite est atteinte. “Une des raisons pour lesquelles les prix commencent à stagner est que les banques demandent aux futurs acquéreurs de montrer patte blanche avant de leur accor- der un prêt” dit-il. Or tous les candidats à l’accession à la pro- priété quel que soit le bien qu’ils veulent acquérir, n’ont pas tou- jours un apport personnel équi- valent à 10 voire 15 % du mon- tant de la transaction comme l’exigent des organismes finan- n’hésitent plus à deman- der aux parents de se porter caution du crédit immo- bilier. Ce qui a changé également, c’est que tous les biens ne se vendent plus à n’importe quel prix com- me c’était le cas avant 2008. “Les acquéreurs sont désormais atten- tifs au diagnostic de performance énergétique du bien. Ils atten- dent un prix adapté en fonction de cette information” remarque Cédric Valion qui avec ses col- laborateurs accorde une atten- ceurs. Pour les jeunes primo-accédants qui entrent dans la vie acti- ve, des banques

tion particulière à l’estimation des biens afin qu’elle soit la plus juste possible. “Des gens sont demandeurs de logements à réno- ver ou de surfaces brutes à amé- nager, mais il faut que le prix soit en adéquation” poursuit le professionnel. Dans le contex- te actuel, une maison ou un appartement se vend rarement au prix affiché dans la vitrine d’une agence si ce dernier est surévalué. La négociation fait désormais partie du vocabulai- re des acquéreurs. Clés de l’Immobilier aux Fonte- nelles. Elle sillonne le Haut- Doubs de Maîche au Russey où le marché est différent de celui de Morteau. Les prix y sont moins élevés tout comme le bud- get des acquéreurs. Si la plupart des candidats à l’accession sont frontaliers, Sandra Personeni estime que leur marge de manœuvre financière est jusqu’à deux fois inférieure à celle de beaucoup d’acquéreurs qui cher- Être précis dans les estimations, c’est aus- si une règle à laquelle se plie Sandra Perso- neni de l’agence Les

chent à s’installer sur le Val de Morteau. “Il n’y a pas de bais- se des prix. Ils se maintiennent. Mais les transactions freinent car les banques prêtent plus dif- ficilement et les acquéreurs sont aussi plus frileux dans un contex- te économique incertain. Les ven- deurs sont également refroidis par la législation sur les plus- values qui s’applique aux suc- cessions. C’est une addition de paramètres qui font que les choses ont changé” observe-t-elle. Là encore, la petite zone géogra- phique qu’elle sillonne n’est pas homogène.Alors que la commune de Maîche est moins prisée des acquéreurs, des villages comme Charquemont ou Le Russey sont de plus en plus demandés. Si les gens ne peuvent pas ou ne veulent pas devenir propriétaires, ils doivent néanmoins se loger. Sur ce point, les agents immo- biliers sont unanimes, le mar- ché de la location est très dyna- mique. Dans beaucoup de sec- teurs comme à Morteau il y a même une inquiétante pénurie de biens à louer.

Des acquéreurs plus frileux.

À Villers-le-Lac par exemple, le prix des terrains constructibles a passé le seuil des 150 euros par mètre carré.

T.C.

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