Journal C'est à Dire 178 - Juin 2012

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P L A T E A U D E M A Î C H E

Maîche Grands projets et finances dans le rouge Maîche a-t-elle les moyens de ses ambitions ? En créant le Pôle santé et le Pôle famille à la Rasse, sans compter un lotissement, la Ville inves- tit lourdement pour son avenir. Si la mairie dit avoir tout prévu, la dette va passer de 2 à 5 millions. Et les impôts augmenter de 5 % !

Le pôle famille de Maîche

ouvrira en novembre. Le pôle santé, situé devant ce dernier, sera

L orsqu’il prend la direc- tion des écoles mater- nelle et élémentaire en 2005, Jean-Luc Arnoux doit gérer la scolarité de 200 élèves. Ils sont 260 aujourd’hui. Aussi, après l’attribution d’un certain nombre de postes au niveau régional, c’est la direc- tion diocésaine qui choisit loca- lement ce qu’il y a lieu de déci- der. En l’occurrence à Maîche, c’est une ouverture qui se pro- file avec une nouvelle classe à deux niveaux, grande section de maternelle-C.P. Quel est donc le secret de l’enseignement privé ? “Nous accueillons tout le monde et axons beaucoup notre approche sur le suivi de l’élève qui est pour nous un être humain qui se construit” explique le directeur. “Tous ensemble pour les aider à grandir” est d’ailleurs le slogan très explicite de son école. Dans le choix des familles, l’aspect religieux reste très mar- ginal. D’ailleurs, la catéchèse n’est plus dispensée au sein de À l’heure où beaucoup d’écoles doivent faire face à des fermetures, le grou- pe scolaire Saint-Joseph se prépare à une l’ouverture d’une 10ème classe due à un afflux d’inscriptions. D e ses poches, le Maî- chois sortira deux mouchoirs. Le premier pour pleurer, l’autre pour se consoler. La métapho- re, certes un peu forte, permet de comprendre deux situations opposées. D’un côté, une municipalité qui ne s’endort pas sur ses lauriers en lançant des projets d’envergure : le Pôle famille (3,209 millions d’euros) et le Pôle santé (1,737 million d’euros), deux bâtiments basse consommation alimentés par une chaufferie-bois située à la Rasse. Du bonheur pour les habitants qui disposeront de deux services en un seul et même lieu avec crèche et hal- te-garderie capables d’accueillir 40 enfants à partir de novembre et un lieu où se soigner. Le pôle Santé accueillera (été 2013) quatre médecins, une sage-fem- me, un cabinet infirmier, un orthoptiste, un kinésithérapeute,

terminé à l’été 2013.

un podologue, un psychiatre. Revers de la médaille : la dette communale grimpe en flèche. De 2,9 millions d’euros en 2010, elle est passée au 1 er janvier 2012 à 3,120 millions pour atteindre environ 5 millions d’euros en 2013. À cela, il faut ajouter un prêt-relais d’1,8 million d’euros pour financer la créa- tion du lotissement de 50 parcelles “Au bas des routes”, revendues ensuite. Cela équivaut à une dette d’environ 1 194 euros par habi- tants, faisant du chef-lieu de canton le champion de l’endettement. Pour comparai- son, c’est la dette d’une ville de la taille de 10 000 habitants ! Le maire Joseph Parrenin se montre rassurant : “Tout est réfléchi, dit-il. Le pôle santé sera loué aux professionnels (9 euros du m 2 ) et donc l’investissement sera couvert par la location.

Après 20 ans, la mairie aura récupéré l’investissement. Oui, la dette va augmenter mais elle sera aussi compensée grâce à une location du Conseil général (pour le centre social). Nous

re - grimper les factures com- me la réalisation du parking pôle famille (120 000 euros) non “budgété”. Un nouvel avenant de 3 500 euros pour l’étude d’aménagement de la place de la Rasse a lui été demandé (total de 27 537 euros) sans compter le concours d’architecte pour le pôle famille qui a coûté 45 000 euros. “Avait-on besoin d’un concours alors que le projet le plus simple a été choisi ? Et pour- quoi ces grands projets n’ont-ils pas été portés par la commu- nauté de communes ?” ques- tionne Stanislas Renaud. Autre point de crispation : les achats pour le parc du Pôle famille. Lui et son groupe ont voté contre l’aménagement de la cour intérieure du Pôle famil- le : “Lorsque que le conseil veut acheter des bacs à fleurs pour un prix de 7 900 euros (hors- taxes) ou une pergola (4 500

conseil municipal de refaire la salle du conseil pour 35 000 euros, prix exorbitant selon lui. Enfin, les frais de fonctionne- ment du pôle famille pèseront dans la balance communale. Cinq emplois seront nécessaires pour assurer le fonctionnement. La commune sera l’employeur. Elle aurait omis de budgéter un poste affirme l’opposition, alors que le conseil municipal devra en juillet sélectionner les futurs salariés. Les frais de personnels représenteront 53 % du fonc- tionnement, soit 1,6 million d’euros en 2012. Après la créa- tion de la piscine, de la M.A.R.P.A., des ronds-points au niveau d’Intermarché, des lotis- sements et maintenant le site de la Rasse, ce conseil aura chan- gé le visage de Maîche. Ses comptes publics également.

euros), alors qu’ils pourraient être construits par les services municipaux avec la nouvelle machine à bois achetée 6 000 euros, j’ai un peu honte. Je pen- se au Maîchois qui gagne un S.M.I.C.” lâche le leader de l’opposition. Stanislas Renaud ne remet pas en cause le Pôle Santé, “qu’il estime bien conçu” ou encore de l’achat des jeux pour enfants au pôle famille. Mais il pointe du doigt le manque de projection faisant encore augmenter les coûts et avenants : “L’accès rou- tier à la Rasse va coûter 1,6 mil- lion euros et le problème avec le mur du château n’a pas été réso- lu (N.D.L.R. : un différend oppo- se le propriétaire à la Ville) ! Ni la question de la circulation. Peut-être la rue sera mise en sens unique. Il faudra encore payer des études” confie le jeune élu qui n’a pas digéré la volonté du

avons également renégocié nos prêts avec les banques en obtenant des crédits à moins de 4 % sur 20 ans et nous tou- cherons le fonds de

“J’ai honte pour celui qui

touche le S.M.I.C.”

compensation du retour de la T.V.A. Le déficit sera de 3,3 mil- lions en 2016, soit au même niveau que le 1 er janvier 1995” argumente l’édile. Maîche construirait donc son avenir de façon réfléchie…mais les impôts augmenteront. Sans doute de 5 % concède l’édile. L’opposition municipale repré- sentée par Stanislas Renaud se montre inquiète. Elle demande à la majorité de maîtriser les dépenses. Selon ce dernier, des surcoûts non prévus font - enco-

E.Ch.

Maîche L’école Saint-Joseph de plus en plus plébiscitée

Le Russey Quel avenir pour

le centre technique des haras ? C’est le dernier établissement de ce type en Franche-Comté. Pourtant au Rus- sey, les haras ne continueront pas à exister sous cette forme, révision géné- rale des politiques publiques oblige. Autrement dit, il faut faire des économies.

P our les deux fonction- naires d’État présents sur le site, Dominique Jeannin etMichel Devil- le, une chose est sûre, après cet- te période de monte débutée en mars et qui se termine en juillet, ils ne reviendront plus ici. “Plus en tout cas avec la même orga- nisation” précisent-ils. Car l’avenir est incertain. Certes, le mode de fonctionnement des lieux est appelé à évoluer, mais aucune décision n’est encore pri- se. “Notre rôle est d’assurer la reproduction des chevaux com- tois sur le secteur du Pays Hor-

loger explique Dominique Jean- nin. Pour cela, nous allons pra- tiquer des inséminations de fer- me en ferme” poursuit-il en pré- cisant : “Nous sommes la plus vieille administration de Fran- ce créée sous Louis XIV par Col- bert.” L’attachement à ce métier considéré comme une véritable mission de service public de proximité est évident. Mais l’État a tranché : les restrictions bud- gétaires imposent de faire des économies, y compris dans ce domaine. Du côté de la mairie du Russey propriétaire du bâtiment, Gilles

Robert, par ailleurs conseiller général en charge des questions agricoles et rurales, s’est saisi du dossier. “Les haras nous ont informés il y a un an en pro- posant de nous accompagner durant cette période de transi- tion” explique-t-il. Aujourd’hui, deux pistes sem- blent se dégager : laisser ce mar- ché au seul secteur privé ou engager un projet collectif de type coopératif. Les réunions se multiplient afin d’aboutir en fin d’année. “Des solutions existent. Nous avons un bel outil, nous devons le faire vivre autour du cheval comtois qui fait partie de notre patrimoine.” Gilles Robert tient également à saluer la mémoire de Jean-Paul Bobillier qui s’est longtemps battu pour que l’image de cet animal du terroir soit défendue sur ce ter- ritoire qui est le berceau de la race. D’autant que le comtois est de plus en plus présent dans des domaines d’activité comme la forêt, la gestion des espaces verts, le tourisme… “Nous devons imaginer des actions pour maintenir et encourager la filiè- re” conclut l’élu. Des projets menés à bien à Dole par exemple semblent montrer que c’est pos- sible.

Une dixième classe ouvrira à la rentrée de septembre à l’école Saint-Joseph de Maîche.

l’établissement depuis quelques années. Des “temps forts” demeurent cependant et pren- nent la forme d’un éveil spiri- tuel proposé dans le plus grand respect des différences et des convictions de chacun. Le privé bénéficie par contre d’une image plus stricte et plus sérieuse au niveau de l’encadrement. Jean-Luc Arnoux en est conscient mais insiste sur les qualités propres à son établissement : “Ici, la com- munauté éducative agit en par- tenariat avec les enfants et leurs parents. L’école est ouverte, les échanges fréquents. Notre plus grande satisfaction est de voir des élèves heureux de venir à l’école.” Il insiste également sur la réflexion globale menée au

niveau de l’ensemble du grou- pe scolaire Saint-Joseph qui permet de scolariser les enfants de l’entrée en maternelle à la sortie du collège : “Les projets pédagogiques sont établis à cet- te échelle. Par exemple, dès le C.M.1 on peut apprendre des notions d’allemand et d’anglais en vue d’intégrer une 6 ème euro- péenne.” Et toujours soucieux d’élargir les services proposés aux familles, le directeur étu- die également de revoir l’accueil périscolaire qui débute à 7 h 45 le matin et se termine à 18 heures le soir. “Nous essayons de nous adapter aux attentes des familles” conclut-il. Peut- être une autre explication du succès. D.A.

Dominique Jeannin vit ses derniers jours de travail au Russey.

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