Journal C'est à Dire 178 - Juin 2012

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D O S S I E R

Val de Morteau Le saut du Doubs Autrefois, le long du Doubs vivaient de nombreux êtres surnaturels. Beaucoup d’esprits malins aussi. Notamment près des grands bassins du Doubs, là où la rivière est encaissée entre de hautes roches et de sombres sapins.

Val de Morteau La grotte de l’étoffière Autrefois dans le canton de Morteau, les fées étaient devenues de véri- tables amies pour les habitants du secteur. Mais celles-ci étaient très sus- ceptibles et les provoquer était vivement déconseillé.

sous un ciel étoilé. De nos jours, il ne resterait qu’une seule fée autour du bas- sin et du saut du Doubs à Vil- lers-le-Lac. Une fée nommée écho. On dit qu’elle peut répé- ter jusqu’à sept fois le mot qu’on lui lance. Elle répète par exemple les chants des armaillis des Bre- nets, le village suisse qui borde le lac de Chaillexon. Son mur- mure accompagnerait aussi le bruit sourd de l’eau du Doubs qui se jette du haut des 27 mètres du célèbre saut. Sur ce site fantastique, un jour, une joyeuse troupe se prome- nait en barque sur le Doubs. Une fille du groupe n’est autre qu’une jeune mariée qui porte à son corsage un bouquet. Son mari est assis près d’elle. Le couple passe alors près d’une croix où est écrit “passants, priez pour moi.” Mais personne ne prie. Personne ne fait même le moindre signe de croix. Et tous continuent leur périple en barque. Mais tout à coup, des cris reten- tissent, les embarcations sont attirées par un courant irrésis- tible qui les emmène vers la chu- te. Malgré leurs efforts, ils vont être précipités dans ce gouffre. On ne retrouvera aucun corps. Tout juste quelques jours plus tard, un pêcheur va retirer des eaux un joli bouquet de mariée. D.A.

I ci, on savait très bien que des sorciers avaient le pou- voir de faire échouer les fro- magers dans leur travail. Qu’ils aimaient ennuyer les pay- sans en dispersant leurs trou-

peaux. Dames vertes, follets, fantômes… tous ces esprits tenaient fréquemment leurs assemblées sur les bassins du Doubs. Une musique enchantée s’élevait alors du fond des eaux

G râce à ces bonnes fées, les pêcheurs par exemple avaient suffisamment de pois- sons et ils n’avaient jamais à déplorer le moindre incident sur les eaux du Doubs. For- cément, tout le monde faisait donc preuve de reconnaissance et de respect envers ces bien- faitrices. Un jour pourtant, Pierre, un jeune paysan installé près du lac de Chaillexon, osa se moquer publiquement des bonnes fées. Pour lui, toutes leurs histoires n’étaient que des stupidités. Un soir, s’étant endormi au bord du Doubs, le jeune homme va être réveillé en sursaut. Devant lui, une vingtaine de jeunes filles dansaient. Il s’approcha. Bien vite, elles emmenèrent le garçon vers la grotte de l’étof- fière. Là, richesse et opulence lui sautèrent aux yeux. Impressionné par toutes ces pierres pré- cieuses et ces dorures, il se laissa aller et affir- ma même renoncer au paradis pour dix nuits aussi extraordinaires. Quand il se réveilla le lendemain matin, la nei- ge avait recouvert le paysage. Tout semblait avoir vieilli autour de lui. La preuve, ses parents qu’il croyait pourtant avoir quittés la veille étaient morts de vieillesse. On lui expliqua même au village que lui-même, Pierre, avait disparu depuis un siècle. Foudroyé par une tel- le information, il tomba à terre. Et au moment où on essaya de le relever, son corps fut tota- lement réduit en poussière. Payant ainsi de sa vie l’affront qu’il avait osé faire aux bonnes fées du Val de Morteau.

La chute de 27 m peut s’avérer dangereuse…

Se méfier parfois des fées habitant les bords du Doubs.

Val de Morteau La roche du moine

Cette histoire extraordinaire se déroule dans le Val de Morteau. Au beau milieu des bois. Où l’on trouve aujourd’hui une bien étrange roche qui rappelle la forme d’un moine. À cela, une explication étonnante.

rer seul dans les bois des envi- rons. Il avait choisi d’y vivre en ermite. Il passait sa vie à pleu- rer et à se lamenter sur ce mon- de de péchés. Et bien sûr il priait, chaque jour, pendant de longues heures. Des prières pour qu’en- fin les habitants du Val revien- nent dans le droit chemin. Totalement déprimé, il deman- da au ciel de lui envoyer un signe fort. Depuis, on ne revit jamais l’homme d’Église. Par contre, à l’endroit même où il vivait, on peut voir aujourd’hui une roche qui ressemble étrangement à la silhouette d’un moine revêtu d’un capuchon, un moine figé dans la pierre en train de prier. Il avait finalement sacrifié sa vie terrestre pour ramener la foi dans le Val de Morteau. D.A.

C ’est dans ce secteur du Haut-Doubs que fut fondé il y a bien long- temps un prieuré par des bénédictins de Cluny. Ce prieuré est à l’origine de la créa-

elle fut successivement dirigée par trois cardinaux, puis par cinq archevêques. Dans ce Val de Morteau pour- tant si catholique, on s’aperçut pourtant un jour que la foi recu-

tion de nombreux vil- lages du secteur, tant côté français que côté suisse. Comme par exemple Les Brenets,

lait. Que la ferveur retombait peu à peu. Les offices étaient moins fréquentés. Les gens émettaient des

Le sacrifice d’une vie.

Villers-le-Lac, La Chenalotte, Les Fins, Montlebon… Preuve de l’importance de l’institution,

doutes et se détournaient de la religion. Bref, il fallait réagir. Alors, un moine décida de se reti-

Le moine avait sacrifié sa vie terrestre pour ramener la foi.

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