Journal C'est à Dire 178 - Juin 2012

D O S S I E R

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LE HAUT-DOUBS ÉCRIT SES LÉGENDES

Entre sapins, lacs et rivières, le Haut-Doubs est une ter- re de légendes et de contes abritant des créatures par- fois féroces voire intrigantes. Le journal C’est à dire fait un plongeon dans les tréfonds de cet univers depuis la source du Doubs à Mouthe, repère de la célèbre Vouivre sacralisée par Marcel Aymé. Mais le Val de Morteau et le Plateau de Maîche n’ont rien à envier à cette célèbre créa- ture : eux aussi possèdent des curiosités non expliquées. Maîche et son cochon noir, la légende du Dessoubre, le chevalier noir ou les menhirs de Courtefontaine consti- tuent d’autres particularités. Gros plan sur des histoires moins connues avec un spécialiste de la question. Le Haut-Doubs, entre mythes et légendes.

Vallée du Dessoubre

Malbuisson

La Source Bleue fait pleurer

Le géant du Dessoubre Sur une trentaine de kilomètres d’une vallée verdoyante et escar- pée s’écoule le Dessoubre. Une rivière dont la naissance serait due à la bravoure de quelques humains confrontés à un ogre.

ché et étaient bien fatigués. Quelques-uns uns peinaient, marchaient lentement, cour- bés sous le lourd fardeau des marchandises qu’ils transportaient. Au détour du chemin, ceux qui cheminaient à l’avant du convoi, poussèrent un cri d’effroi. Ils venaient d’apercevoir le géant dressé sur un éperon rocheux. Ils rebroussèrent alors chemin en hurlant mais le géant faisait des enjam- bées si grandes qu’il rattrapa très vite les voyageurs. Ceux-ci couraient, affolés, abandonnant sur place tout ce qu’ils por- taient. Le géant attrapa les moins rapides et les mangea. Quelques-uns uns réussi- rent cependant à se cacher dans la forêt épaisse. Là, ils attendirent la nuit, puis se glissèrent jusqu’au village le plus proche où ils arrivèrent complètement terrifiés. Au récit de ce massacre les villageois furent une fois de plus révoltés. “Ca suffit ! Ca ne peut plus durer Il faut se débarrasser de ce monstre !” Vaillamment, les villageois par- tirent dans la nuit en direction de la grot- te du géant. Celui-ci dormait profondément, repu par son dernier et sinistre festin. On entendait de loin le bruit sourd et ter- rifiant de ses ronflements. Les villageois remarquèrent alors un gros rocher sur la falaise surplombant la caverne du géant et décidèrent de pousser ce rocher, espé- plaient leurs forces. Finalement, l’énorme rocher se détacha et tomba à l’entrée de la grotte qui se trouva fermée pour toujours. Prisonnier jusqu’à la fin des temps, le géant qui est encore aujourd’hui dans cette grot- te, ne cesse, mais en vain, d’essayer de repousser cette lourde porte que constitue l’énorme caillou. Ce géant, il s’appelle “Des- soubre”. Et là-bas, enfermé dans sa caver- ne, il essaie de déplacer le rocher mais en vain. Ses efforts sont si grands que son corps ruisselle de sueur, une sueur tel- lement abondante qu’elle forme une sour- ce qui alimente les eaux du Dessoubre, cet- te belle rivière qui enchante depuis long- temps, promeneurs et pêcheurs. On dit d’ailleurs aujourd’hui que si cette rivière s’écoule si gaiement, c’est pour mieux chanter la victoire de ces petits villageois sur cet ogre désormais enfermé à tout jamais. Une révolte salvatrice. rant le faire tomber juste à l’entrée de la grotte. C’était difficile ! Mais la colère et la révolte décu-

I l y a bien longtemps dans lesmontagnes du Doubs, vivait un géant, dans une grotte située près de Consolation. Ce géant attrapait les voyageurs qui se ris- quaient dans le secteur. Il les dévorait sur place ou les emmenait dans sa grotte pour mieux les savourer. Par contre, même s’il

leur faisait extrêmement peur, il ne man- geait pas les habitants des villages voisins car il avait besoin d’eux pour le travail de la ter- re et pour engraisser les animaux. Un jour, un groupe de voyageurs quittait la vallée et entamait la difficile montée sur le plateau. Ils avaient déjà beaucoup mar-

La couleur bleue viendrait des pleurs d’Aude de Bourgogne.

C’ est devenu un sentier de balade d’environ 6 kilo- mètres situé à l’entrée de Malbuisson lorsque l’on arrive de Montper- reux. L’eau à la sortie de la grotte apparaît bleu- tée du fait de la réfrac- tion de la lumière au travers des grottes. Mais la luminosité ne suffit pas à expliquer à elle seu- le cette couleur si bleue, si pure… La légende a son mot à dire. Lorsque le preux Roland, neveu de Charlemagne, eut trouvé à

Roncevaux une mort glorieuse, sa fiancée, Aude de Bourgogne, en éprouva une telle douleur

qu’elle voulut fuir la socié- té. Nulle femme n’avait les cheveux aussi blonds et les yeux aussi bleus. Elle partit, errant dans

Elle voulut fuir la société.

les états de son père. Elle arriva au bord de la source. Penchée sur un rocher, elle pleura tant que ses beaux yeux fondirent, tein- tant ainsi l’eau. Depuis, la sour- ce dont l’eau a gardé la couleur, s’appelle “La Source bleue”.

La sueur du géant alimenterait le Dessoubre.

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