Journal C'est à Dire 178 - Juin 2012
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V A L D E M O R T E A U
Aménagement
La route des Microtechniques fait de nouveau débat De part et d’autre de la frontière, des voix s’élèvent pour deman- der la réouverture du dossier de la route des Microtechniques. Albert Rognon, le conseiller général du canton de Morteau est mobilisé sur ce projet jugé par beaucoup comme prioritaire.
Sur cette maquette, on peut distinguer l’entrée du tunnel, située au Col-des- Roches à la hauteur de la carrière.
V oilà plus de vingt ans maintenant que le Conseil général du Doubs a mis entre parenthèses le projet d’aménagement de la route des Microtechniques entre Les Fins et le Col-des-Roches.Le projet des- siné à l’époque et soumis à enquê- te publique prévoyait la construc- tion d’une 2 x 2 voies plongeant depuis Les Fins vers la Combe- Geay avant de repartir en direc- tion de la Suisse viaVillers-le-Lac. L’axe de communication devait longer le coteau des Frenelots (commune des Fins), traverser les terres agricoles duVal deMorteau et nécessitait la construction d’un pont au-dessus du marais de La Tanche pour permettre la jonction avec la route deVillers-le-Lac.Trop coûteux, trop d’opposition : le Département a finalement choi- si de refermer le dossier, amé- nageant d’autres tronçons de la route des Microtechniques com- me celui entre les Âges-de-Loray et Orchamps-Vennes, le dernier en date. Aujourd’hui, de part et d’autre de la frontière, des voix s’élèvent pour que soit remis à l’ordre du jour ce projet qui per- mettrait d’une part d’absorber le trafic frontalier qui devrait enco- re s’intensifier dans les prochaines années au regard des perspectives économiques annoncées par la Suisse. D’autre part, ce chaînon manquant donnerait du réalisme à liaisonBesançon-Berne via Neu- châtel. Alors que nos voisins helvètes engagent le chantier d’évitement du Locle (voir ci-dessous), tout est à refaire pour la route des Microtechniques. “Elle doit être achevée. Nous en avons besoin” estime Charles Häsler, vice-pré- sident du conseil communal du Locle. Il ajoute : “Cependant, au regard des délais de réalisation et de l’urgence qu’il y a à régler les problèmes de trafic, je m’interroge. Est-ce qu’on ne peut
cendre à Morteau. Pour cela, Albert Rognon pro- pose de construire une route de 2 x 1 voie de 6 km qui, à par- tir de la piscine des Fins, file- rait en direction du communal des Frenelots, tournerait dans le Bois du Geay avant de des- cendre raisonnablement vers Villers-le-Lac. La jonction avec l’actuelle route de Villers-le-Lac se ferait au lieu-dit les Com- bottes. Deux créneaux de dépas- sement seraient aménagés, et une petite tranchée serait creu- sée dans le secteur des Champs Greusard, pour atténuer la pen- te. “La route ne traverserait pra- tiquement que des forêts, environ 10 hectares, prin- cipalement situées sur la commune des Fins. Très peu de terres agricoles sont concernées” explique-t-il. Le coût de l’opération avoi- sinerait les 30 millions d’euros. Albert Rognon a déjà convain- cu des conseillers généraux du bien-fondé d’examiner ce projet de plus près. Il va continuer à étayer son dossier pour que la majorité départementale fasse de cette route une priorité à court terme. “Nous aurons besoin de tous les partenaires. Pour obte- nir leur concours, il faudra que le Conseil général affirme sa volonté de réaliser ce projet. Je suis là pour déclencher cette volonté” précise Jean-François Longeot, chef du groupe d’opposition au Département. Pour Charles Häsler, cette rou- te ne suffira pas. “Quand j’entends que les entreprises suisses de la région vont créer entre 2 000 et 3 000 emplois les prochaines années, nous n’échapperons pas à la néces- sité de créer entre nos deux pays des conditions de transport public. Au regard des perspec- tives économiques, nous serons confrontés aux problèmes de cir- culation et de parking.” T.C.
pas mettre en place pour com- mencer entre la France et la Suis- se le co-voiturage ? Cela mobi- liserait des investissements moins importants que l’électrification de la ligne ferroviaire ou que la construction d’une nouvelle route.” Parer au plus urgent sans oublier le reste. “Le co-voitu- rage relève du civisme. Il faut que les mentalités évoluent. Cela ne se décrète pas” répond Albert Rognon. Conseiller général du canton de Morteau, l’élu est le premier à rouvrir le dossier de route des Microtechniques. Il planche sur le projet depuis plu- qui mériterait lui aussi d’être dynamisé. “25 000 véhicules tra- versent Morteau chaque jour, ce n’est plus possible ! C’est l’asphyxie ! Plus de 3 600 voi- tures traversent Montlebon. Les automobilistes passent par la route des crêtes afin d’éviter le verrou de la douane du Col-des- Roches. Aux Fins, dès 5 heures du matin, les travailleurs fron- taliers empruntent toutes les petites rues, pour tenter de gagner du temps. Le soir, ce sont les bou- chons. C’est risqué et dangereux. La situation n’est plus tenable” dit-il. Sa réflexion lui permet désor- mais d’émettre des hypothèses pour la construction d’une rou- te des Microtechniques moins coûteuse et plus réaliste que le projet initial. “Le vrai pro- blème routier se situe aux Fins, à la jonction entre la R.D. 437 qui arrive de Maîche et la R.D. 461 qui vient de Besançon.” L’objectif du projet est de diri- ger les automobilistes vers la Suisse, sans qu’ils aient à des- sieurs mois, convaincu de l’importance d’examiner une liaison routière rapi- de entre Les Fins et le Col- des-Roches, complémen- taire du réseau de trans- ports en commun existant
Évitement du Locle Et pendant ce temps, côté suisse…
Le projet d’évitement de la ville du Locle est sur le point d’être approuvé par les instances fédé- rales de Berne. P endant ce temps-là côté suisse, on avance à grand pas. La route H-20 qui relie la frontière du Col-des- Roches à Neuchâtel va encore connaître une nouvelle phase de gros travaux avec le projet d’évitement du Locle qui doit officiellement être approuvé en septembre par le conseil fédé- ral à Berne. C’en sera alors fini des interminables files de voi- tures qui traversent chaque jour la localité frontalière. Chaque jour enmoyenne, près de 25 000
véhicules transitent dans Le Locle. Rapporté à la moyenne journalière, c’est plus que le tra- fic sous le tunnel du Gothard ! L’évitement du Locle (le terme employé côté suisse pour par- ler de déviation) se fera entiè- rement par un tunnel dont l’entrée sera située juste après
Locle est actuellement sur les bureaux de la Confédération à Berne. “Toutes les oppositions ont été levées, ce projet doit enco- re être agréé “route nationa- le” cette année, elle sera alors jugée comme prioritaire. Le conseil des États doit valider le dossier cet automne. Nous
le Col-des-Roches, à hau- teur de la carrière de pierres. Ce tunnel res- sortira 5 km plus loin à mi-hauteur de la rou- te qui monte au Crêt-
avons donc bon espoir que les travaux puis- sent démarrer en 2015.” Ce projet sera mené en parallèle d’un autre
Près de 25 000
véhicules par jour.
“Ce n’est plus possible.”
du-Locle. “C’est certainement la version la plus chère, c’est aussi la plus pratique” com- mente la Ville du Locle. Le coût est en effet à la hauteur de ces travaux pharaoniques : 500 mil- lions de francs suisses. Le dossier de l’évitement du
dossier tout aussi ambitieux et coûteux (également 500 mil- lions de francs suisses) : l’évitement complet de La Chaux-de-Fonds. À partir du pont des Éplatures un autre tunnel doit rejoindre celui de la Vue-des-Alpes. J.-F.H.
Le tracé entre Les Fins et Villers-le-Lac tel que le suggère Albert Rognon, conseiller général du canton de Morteau.
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