Journal C'est à Dire 176 - Avril 2012
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L A P A G E D U F R O N T A L I E R
Record battu Bientôt 10 000 frontaliers dans le canton de Neuchâtel L’emploi frontalier sur l’Arc jurassien a encore progressé de façon significative en 2011. Le canton de Neuchâtel comptait 9 670 frontaliers à fin 2011. Du jamais vu.
L e fléchissement écono- mique de l’année 2009 n’est plus qu’un loin- tain souvenir chez nos voisins suisses.Le can- ton de Neuchâtel attire toujours unnombre croissant de frontaliers. L’effectif neuchâtelois a augmen- té de 17,4 % sur l’année 2011. Au dernier trimestre, ils étaient 9 670 à travailler dans le canton,soit 530 de plus qu’au trimestre précédent. Avec + 17,4%,l’année 2011 affiche une hausse d’ampleur similaire
ticulier dans les branches de la fabrication de produits infor- matiques, électroniques et hor- logerie (+ 17,3 %) et de la fabri- cation d’équipements électriques (+ 17 %). Si l’on analyse l’évolution par district, elle varie de + 12,5 % au Locle jusqu’à + 33,7 % dans le Val-de-Ruz. Intéressant aus- si de prendre quelques années de recul et de constater que l’effectif frontalier neuchâtelois a pratiquement doublé depuis 2003-2004.
de Travers (+ 95,6 %). Lequel est devenu entre-temps une commune à part entière. Assez logiquement, l’emploi can- tonal suit aussi une courbe ascendante. En variation annuelle, il progresse de 2,7 %, ce qui équivaut à 2 300 postes supplémentaires. La hausse de l’emploi est nettement plus importante dans le secteur secondaire (+ 5 %) que dans le secteur tertiaire (+ 1,3 %). Selon les indicateurs à court terme, l’emploi devait légèrement pro- gresser à partir du premier tri- mestre 2012. L’indice des places vacantes augmente de 2 %. La situation est cependant contrastée selon les secteurs. Alors que le secteur secondai- re affiche une hausse de l’indice des places vacantes (+ 5 %), le secteur tertiaire voit son indi- ce se dégrader de 2 %. Les entre- prises neuchâteloises ont, en outre, de plus en plus de diffi- cultés à recruter du personnel qualifié, notamment dans le sec- teur secondaire.
Économie
Le Val de Travers à l’heure de la croissance industrielle
à celle de 2007, année marquée par une forte croissance économique. Le curseur se situait encore sous la barre des 8000 frontaliers.Il atteint donc des sommets inéga- lés en 2011.
Dire que l’industrie neuchâteloise est défi- nitivement sortie de la crise n’est pas tout à fait exact. L’industrie manufacturière en reprise sur 2011 a per-
Des difficultés à recruter du personnel qualifié.
La commune du Val de Travers entend bien tirer profit des réjouissantes pers- pectives de développement économique liées à l’extension d’entreprises exis- tantes et à l’arrivée de Cartier. L e développement de l’industrie horlogère se concentre de plus en plus près de la frontiè- re et par là même, de la main-d’œuvre fron- talière dont elle a tant besoin. L’expansion concer- ne tous les centres horlogers dont celui du Val de Travers. “Un emploi sur trois dans la vallée est lié à l’horlogerie. Mais on ne fait rien pour atti- rer d’autres horlogers”, explique Jean-Nat Kara- kash. Le conseiller communal en charge de l’économie et des finances est bien conscient des risques inhérents à ce degré de dépendan- ce. Pour autant, quelle collectivité s’opposerait à l’arrivée ou à l’extension d’une entreprise horlogère ou pas, suscep- tible de générer des centaines d’emplois ? L’horlogerie haut de gamme suisse surf- sur la croissance des pays émergents, la Chine en particulier. Un autre phénomène explique aussi la multipli- cation des projets actuels. Beaucoup sont moti- vés par la volonté et l’impérieuse nécessité de s’affranchir de la tutelle du Swatch Group qui contrôle l’essentiel de la production des mou- vements. Le Val de Travers est en plein dans cet- te logique-là. Parmigiani a ouvert Vaucher, Cho- pard l’a imité avec Fleurier Ébauches. Et le mou- vement va se poursuivre si l’on peut dire avec Valfleurier à Buttes où travaillent 500 personnes. Cette entreprise du groupe Richemont spéciali-
sée dans les mouvements mécaniques va dou- bler sa surface de production. Ce qui signifie à terme la création de 300 à 400 emplois. “On a la chance dans cette vallée de disposer d’un des rares accès transfrontaliers qui n’est pas satu- ré”, estime Jean-Nat Karakash. Un argument probablement pris en compte par Cartier, autre fleuron horloger du groupe Richemont qui va construire une autre unité de production de mou- vements avec là aussi des centaines d’emplois à la clef. Les élus du Val de Travers entendaient saisir cette chance qui impliquait de trouver la parcel- le adéquate. Pas facile dans une commune où les disponibilités sont de plus en plus réduites tant en termes de locaux que de terrains. “La zone de Buttes sera complète après l’extension de Val- fleurier. Les seules réserves de surfaces indus- trielles se situent à Couvet sur la zone de la gner cette entreprise en privilégiant une exten- sion sur le site de Môtiers, ce qui ne va pas sans poser d’autres difficultés. Cette option nécessi- tera en effet de repositionner un abattoir, une pisciculture ainsi qu’un hangar à machines fores- tières.”Mais la commune ne veut surtout pas négliger le développement de cette entreprise, qui est le principal acteur non horloger de la région. La diversification du tissu industriel est en effet un enjeu prioritaire selon la commune, tout com- me le fait d’attirer de nouveaux habitants pour répondre au moins partiellement au besoin crois- sant de main-d’œuvre. “La proximité du bassin frontalier est essentielle mais on ne veut pas que tout repose sur cette logique. On doit tirer profit de la situation pour augmenter la popu- lation de la vallée et diminuer encore le taux de chômage qui est passé de 6,8 % à 5,5 % en un an.” L’attractivité du Val de Travers peut aussi être considérée comme une victoire de la fusion de communes. Ce changement d’échelle offre une vision d’ensemble plus efficace quand il s’agit d’organiser le développement économique. Jean-Nat Karakash devant la parcelle où s’installera Cartier sur la zone de la Léchè- re à Couvet. On devine les perches qui simulent le gabarit du futur bâtiment. Léchère. C’est là que s’installera Car- tier sur une parcelle de 25 000 m2.” Un autre projet d’agrandissement se précise chez Etel qui emploie plus de 400 collaborateurs dans la région. “La collectivité est prête à accompa-
La variation annuelle diffère suivant les branches d’activités. Elle est au plus haut dans le secteur tertiaire (+ 21 %), notam- ment dans la branche du com- merce de gros. Dans le secteur secondaire, le nombre de fron- taliers croît de 15,4 %, en par-
du la moitié de ses frontaliers depuis 2006. Ce qui n’est pas le cas de l’horlogerie dont l’effectif frontalier augmente de + 42,3 % depuis 2006. Sur 5 ans, certains districts affichent de spectacu- laires progressions comme le Val-de-Ruz (+ 88,4 %) ou le Val
Une victoire de la fusion de communes.
Évolution et répartition par secteur d’activité et par district de l’effectif frontalier sur le canton de Neuchâtel.
Un pôle de développement régional à Couvet
L es possibilités foncières de la commu- ne du Val de Travers sont de plus en plus réduites pour satisfaire aux futurs projets de développement économique. Face à cet- te situation, la collectivité a choisi de se doter dʼun pôle de développement régional, béné- ficiant de services étendus, avec des dispo-
nibilités en terrains et en locaux et correcte- ment connecté aux réseaux de mobilité. Le pôle de la Léchère à Couvet a finalement été retenu. Il réunit les conditions nécessaires. La mise en place du pôle sʼeffectuera en plusieurs phases. La commune va investir près de 2,5 mil- lions de francs dans ce pôle.
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